Heurs et malheurs de l'homéopathie
Ces petits remèdes nous amènent à évoquer le délicat problème des écoles en homéopathie. On distingue en effet les unicistes, en quelque sorte les «orthodoxes» de l’homéopathie, qui considèrent qu’à un malade donné à un moment précis ne peut convenir qu’un seul et unique remède. À leur tour, les pluralistes considèrent qu’aucun remède ne saurait correspondre exactement à la personne traitée et en conséquence associent plusieurs remèdes, souvent d’ailleurs en évitant la prise simultanée. Les complexistes, qui proposent volontiers des mélanges de remèdes à des dilutions assez basses, s’éloignent des principes de base de l’homéopathie et en particulier de la loi de la similitude et de l’individualisation et se rapprochent des habitudes des allopathes. En effet, ils tendent, comme ces derniers, à répondre à une maladie par un remède et non plus à un malade par ce remède. Il existe du reste de nombreuses préparations homéopathiques contre le rhume, la grippe, la dyspepsie, etc., utilisées moins par des homéopathes que par les patients en automédication ou par des médecins allopathes qui souhaitent mettre un peu d’homéopathie dans leur allopathie.
Qui sont en effet les praticiens de l’homéopathie ? En deux siècles d’existence cette discipline a connu bien des heurs et des malheurs à travers le monde ; ainsi après avoir été largement répandue et active aux États-Unis au siècle dernier et au début de celui-ci, l’homéopathie y a pratiquement disparu. L’Inde reste un foyer assez vivant, tandis que la grande liberté accordée aux médecines parallèles en Allemagne ou en Suisse en font des terres d’accueil pour l’homéopathie, volontiers utilisée en automédication. Elle a en France un grand succès populaire, ses granules restant remboursés partiellement par la Sécurité sociale, et de nombreuses écoles proposant souvent des formations en trois ans aux médecins, seuls habilités à la pratiquer. Des laboratoires florissants préparent les granules industriellement ; ce qui n’empêche pas l’homéopathie de trouver dans ce pays des adversaires parfois virulents, représentants le plus souvent d’une médecine institutionnelle défendant la cause du rationalisme et niant, en l’absence de preuve scientifique définitive, toute action à la thérapeutique homéopathique.