formation des personnels de soins thermaux
S’il est vrai que le futur s’enracine toujours dans l’histoire, nous ne pouvons aujourd’hui parler de formation des personnels soignants des établissements thermaux sans évoquer Aix-les-Bains, seule station thermale où le corps médical a pendant une cinquantaine d’années assuré un enseignement thermal largement reconnu, au sein d’une école technique interne.
Cet enseignement s’est imposé après l’introduction en 1787 des massages manuels dans la technique de la «douche d’Aix», à l’initiative du directeur Joseph Despine, médecin honoraire de la famille royale. La formation professionnelle des doucheurs-masseurs s’ébaucha très rapidement dès la fin du XVIIIe siècle. Certes, à l’époque, on ne parlait pas de formation professionnelle, mais de «leçons données aux aspirants doucheurs».
Jusqu’en 1884, ce sont les médecins inspecteurs des eaux, attachés à l’établissement, qui assurent l’enseignement des techniques thermales pratiquées dans l’établissement. Ils sont en cela aidés par des moniteurs de pratiques, choisis parmi les meilleurs et les plus anciens «doucheurs».
En 1910 est imprimé un manuel de cours, rédigé par le docteur Louis Duvernay, chargé des «leçons» par la Société médicale d’Aix-les-Bains, en relais des médecins inspecteurs des Eaux.
Mais c’est en 1932, lors de l’ouverture du nouvel établissement, le plus moderne d’Europe à l’époque, que fut créée la première et la seule École française des techniques thermales. Un programme complet d’enseignement est mis au point. Dix médecins axonais en assurent l’enseignement théorique et deux moniteurs l’enseignement pratique. Outre F anatomie, l’hygiène, la physiologie et autres matières médicales, étaient enseignées les principales techniques thermales de rééducation, massage et hydrothérapie pratiquées à Aix-les-Bains et dans les différentes stations thermales. Dès son ouverture, l’école, placée sous le patronage de la faculté de médecine de Lyon, compte 60 élèves et formera pendant cinquante ans la totalité des techniciens thermaux d’Aix-les-Bains.
En 1943, le Comité d’organisation de l’industrie du thermalisme décidait d’organiser une «instruction du personnel technique des établissements thermaux en vue de la rendre obligatoire pour certains postes demandant des connaissances particulières». L’Ecole des techniques thermales d’Aix-les- Bains acquit alors le statut d’école nationale, rattachée à la faculté de Lyon, et reçut des élèves de la plupart des grandes stations thermales françaises. Il s’agissait d’une formation en alternance qui durait deux ans avec cours théoriques de janvier à avril et cours pratiques ensuite.
En 1982, à la suite d’une action intentée par un syndicat de kinésithérapeutes, cette école dut cesser d’enseigner le massage et la rééducation, en raison du monopole de la rééducation et du massage attribué, en 1945, aux masseurs-kinésithérapeutes diplômés d’État.
Un présent en quête de normes
La diversité d’appellation des autres catégories de personnels soignants illustrait parfaitement la multiplicité des situations jusqu’à ce que la convention collective du thermalisme, signée en septembre 1999, tente d’en clarifier les fonctions : hydrothérapeutes, agents thermaux, balnéothérapeutes, assistants ou auxiliaires de soins, doucheurs… sont autant de dénominations spécifiques à l’un ou l’autre des établissements thermaux pour qualifier les professionnels de santé concernés, hors le monopole des kinésithérapeutes.
Progressivement, dans le cadre de la formation permanente, des formations se sont mises en place, soit à l’initiative de quelques grands établissements avec l’aide du Greta (Haute-Provence et Ardèche) ou d’organismes spécifiques, tels que Thalaterm à Gréoux-les-Bains, Hecate à Vichy, ou Aquater à Nancy, soit à l’initiative d’instituts dépendant de chambres de commerce.
masson. La photocopie non autorisée est un délit.
Il s’agit généralement de modules de formation d’«hydrothérapeutes» allant de quelques jours à 3 ou 6 mois, avec dans ce dernier cas des stages pratiques. Si cette qualification d’agent hydrothérapeute ne pose aucun problème dans le cadre de la balnéo ou de la thalassothérapie, il pourrait bien ne pas en être de même dans le thermalisme, thérapeutique prise en charge par l’assurance maladie, où certains actes thermaux relèvent encore du monopole des masseurs-kinésithérapeutes que le décret du 26 août 1985 étend aux « massages à but thérapeutique effectués sur la peau, soit manuellement soit à l’aide d’appareils»… ainsi qu’à l’hydrothérapie. Cela revient à dire que non seulement le massage mais aussi toutes les douches au jet ou sous-marines pourraient être réservés aux masseurs-kinésithérapeutes diplômés d’Etal.
La convention collective, dans sa définition des postes, distingue aujourd’hui !’« agent de service thermal » de 1’« agent soignant thermal », ce dernier étant seul habilité à «dispenser des soins, plus ou moins complexes (selon sa qualification) dans une relation thérapeutique directe avec le curiste», hors des pratiques «obligatoirement administrées par des médecins ou des kinésithérapeutes».