Fatigue et ronflement
Qu’est-ce qui individualise la fatigue du ronflement ?
Une fois éliminée la fatigue de l’entourage immédiat du ronfleur due à la gêne sonore et au mauvais sommeil qu’elle entraîne, on peut envisager la fatigue du ronfleur proprement dit.
Le ronflement est « un bruit désagréable et inopportun du nez et/ou de la gorge produit par certaines personnes en dormant ». C’est une vibration de basse fréquence et d’intensité variable, produite par un voile du palais trop court ou insuffisamment musclé. Ce ronflement survient électivement pendant le sommeil pour trois raisons : la position sur le dos, qui fait reculer le voile du palais, le relâchement de. la musculation du voile pendant le sommeil, l’obstruction nasale, qui peut aggraver un ronflement. Mais c’est la survenue des apnées du sommeil qui fait la véritable gravité du ronflement et qui est la cause de la fatigue.
Il s’agit de véritables épisodes d’asphyxie dus à un blocage ou une paralysie respiratoires. Plusieurs dizaines d’apnées de plusieurs dizaines de secondes peuvent ainsi apparaître chaque heure de sommeil. Au fil du temps, elles peuvent entraîner des complications respiratoires, mais plus immédiatement elles entraînent un sommeil de mauvaise qualité pendant lequel le ronfleur lutte pour sa respiration. La fatigue diurne qui lui fait suite est un des signes indirects des apnées du sommeil.
Cette fatigue va tout d’abord être évidente lors des périodes d’inactivité (télévision) ou dans certaines circonstances (après les repas) sous forme de « piquage du nez ». Puis elle va rapidement devenir permanente et retentir sur tous les aspects de la vie, professionnels et personnels : l’hypersomnolence diurne entraîne un manque de concentration, générateur de mauvais rendement, voire d’accidents de travail répétitifs. Sont aussi caractéristiques les obligations d’arrêt-repos lors des trajets en voiture, ou pire : les accidents de la circulation à répétition.
Dans la vie privée, cette fatigue chronique entraîne un certain laisser-aller, une négligence touchant jusqu’aux soins de propreté corporelle et à l’habillement, quels que soient le niveau social et le train de vie habituel du ronfleur.
Sur le plan psychique, la lutte permanente contre la fatigue peut entraîner, comme nous l’avons déjà mentionné, une grande irritabilité, voire une certaine violence physique. Les troubles de la mémoire peuvent, dans les cas extrêmes,
aboutir à une véritable démence : le ronfleur est déconnecté de la réalité.
Certains signes connexes se regroupent plus volontiers le matin au lever : fatigue massive appelée aussi « anesthésie matinale », maux de tête (« casque ») et éventuellement vertiges, dus au manque d’oxygénation dont a souffert le cerveau pendant la nuit.
Tous ces signes doivent donner l’alerte et mener à faire pratiquer des examens du sommeil et du ronflement en milieu spécialisé.
Quelle est la prise en charge pour la fatigue due au ronflement ?
La prise en charge de la fatigue due au ronflement concerne avant tout la prévention des apnées du sommeil, qui en sont la cause.
On parle beaucoup à l’heure actuelle de 1’« opération du ronflement », qui consiste à raccourcir le voile du palais. Certes, si elle est bien indiquée et bien exécutée, elle permet de supprimer les asphyxies nocturnes et les effets sonores du ronflement.
Mais beaucoup de choses sont à tenter auparavant ou parallèlement ; certaines de ces mesures sont complémentaires à l’intervention, mais ne peuvent toutefois la remplacer. Les principales sont :
- la lutte contre la position sur le dos ; elle conduit au conditionnement psychologique du couple : c’est une sorte de code à deux de type : « je ronfle sur le dos, tu me touches l’épaule, je me mets sur le côté » ;
- la lutte contre le surpoids pour « faire maigrir » le voile : exercice physique, nourriture moins riche et tout particulièrement repos du soir plus précoce et plus léger, pour diminuer le ronflement et perdre du poids en vivant sur ses réserves pendant la nuit. Il faut diminuer ou supprimer tabac, alcool, et somnifères, qui ont tendance à « ramollir » le voile du palais.
Dans les cas où ces mesures sont insuffisantes mais où l’opération n’est pas possible, on utilise alors un appareil respiratoire spécial qui envoie de l’air en surpression légère, laquelle annule la vibration du voile du palais, ou bien on peut porter une canule anti-ronflement – à condition de bien la supporter.
Si tout cela n’a que peu ou pas d’efficacité, l’opération du voile devra en fin du compte être envisagée… mais elle ne remplace pas les efforts personnels du ronfleur pour se prendre en charge.
Le ronflement, bruit désagréable certes, doit être perçu comme un signal d’alarme qui peut laisser présager des complications graves. On en a longtemps souri, il faut maintenant apprendre à le prendre au sérieux.