Effets du traitement thermal
D’autres travaux randomisés ont cherché à évaluer de façon plus pragmatique l’effet du traitement thermal (eau thermale et techniques thermales, mais sans le dépaysement) [6, 7, 15, 17, 20] ou de la cure thermale prise dans son ensemble (eau thermale et techniques thermales et dépaysement) [27], Ces derniers travaux sont les plus pertinents pour apprécier la prise en charge globale que représente la cure thermale.
Dans le premier type de travaux, trois des essais menés sur les lombalgies chroniques [6, 7, 17] avaient pour objectif d’évaluer, à court, moyen et long terme, les effets de la cure thermale prise dans sa globalité, c’est-à-dire en prenant en compte l’eau minérale, les techniques thermales spécifiques et l’environnement physique et social que représentent l’établissement thermal et son personnel.
Les critères d’évaluation retenus pour ces études étaient les suivants :
– la douleur, mesurée dans son intensité au moyen d’une échelle visuelle analogique, ou EVA. Pour ce faire, le patient situait son niveau de douleur sur une échelle de 100 mm entre l’extrémité 0, qui correspond à aucune douleur, et l’extrémité 100, qui correspond à une douleur intolérable;
– l’incapacité fonctionnelle a été mesurée au moyen d’échelles spécifiques différentes selon les études (score de Waddell et EIFEL, échelle d’incapacité fonctionnelle pour l’évaluation des lombalgies);
– la qualité de vie a été mesurée par une échelle générique : le profil de santé de Duke, qui est un auto-questionnaire à 17 items. Ces items sont 4 mesures de dysfonction. Les 10 mesures de Duke sont exprimées en scores variant de 0, qui correspond à une mauvaise santé, à 100, qui correspond à une bonne santé.
Ces trois essais randomisés contrôlés donnent des résultats concordants. En effet, ils mettent en évidence les effets bénéfiques de la cure thermale, prise dans sa globalité, à 3 semaines, 3, 6 et 9 mois. Ces effets probants sont caractérisés par une diminution de la douleur, en intensité et en durée, une réduction de l’incapacité fonctionnelle dans les activités de la vie quotidienne cl une amélioration de la qualité de vie des patients. La cure exerce donc des effets rémanents à court et moyen termes, plus modérés à long terme.
Nous pouvons émettre l’hypothèse que les résultats de ces études auraient été meilleurs si la cure thermale avait été réalisée en situation clinique réelle, c’est-à-dire avec changement de climat, repos et adaptation des soins à chaque patient.
D’autres auteurs [15] ont mis en évidence l’effet bénéfique de l’étuve berthollet dans l’arthrose de la main en la comparant à l’application locale d’ibuprofène; ce dernier a été validé comme traitement de référence lors d’un essai contre placebo. Pendant 3 semaines, les patients bénéficiaient quotidiennement, dans le groupe traitement, d’une séance de Berthollet de 15 minutes, dans le groupe témoin, de 3 applications de pommade antiinflammatoire (ibuprofène). À 3 semaines, les patients présentaient une réduction de la douleur, de l’œdème, de la gêne fonctionnelle et une amélioration de la force de préhension significativement plus importantes dans le groupe traitement comparé au groupe témoin. A 6 mois, la force de préhension reste significativement améliorée. Les auteurs concluent à l’effet supérieur de l’étuve berthollet comparé à l’ibuprofène en topique.
Une autre équipe [20] a réalisé un essai randomisé pour évaluer l’effet de la balnéothérapie chez des employés d’usine souffrant de lombalgies. Le tirage au sort a réparti les patients en quatre groupes avec soit immersion simple dans un bain d’eau thermale, sans exercice (n = 35), soit bain lier-mal en piscine et traction sous l’eau (n = 44), soit bain thermal et massage sous l’eau (n = 26), soit prise d’AINS (groupe témoin, n = 53).
Les soins ont été dispensés avec la même eau, 3 jours par semaine pendant 4 semaines, chez des patients poursuivant par ailleurs tous leur travail à l’usine durant l’étude. Les patients ont poursuivi si besoin leur traitement médicamenteux habituel et ont tous bénéficié d’un enseignement d’exercices pour leur dos. Après 1 mois de soins, la douleur et la consommation d’antalgiques sont diminuées significativement (p < 0,01) dans les trois groupes traités comparés au groupe témoin. En revanche, les mesures physiques (l’angle d’élévation de la jambe en extension et la mobilité de la colonne lombaire mesurés avec un goniomètre) ne sont pas changées après traitement. Un an plus tard, dans les trois groupes traités, la douleur est revenue à son niveau initial et seule la consommation médicamenteuse est encore diminuée significativement (p < 0,01). Les auteurs concluent à l’effet bénéfique de l’eau thermale de Puspokladany sur la gonarthorose.