Donner un sens à la maladie
Par ailleurs, les malades gravement atteints ou touchés par une maladie chronique ont très souvent besoin de trouver un sens à leur maladie. Certains thérapeutes leur proposent des explications qui pourront satisfaire en partie ce besoin, même si elles restent hypothétiques ou discutables.
On peut citer le docteur Kousmine, dont les préceptes d’hygiène de vie ont largement débordé les frontières de son pays, et qui considère sclérose en plaques, cancers, maladies cardio vasculaires, comme des maladies de «dégénérescence» liées en particulier à une alimentation trop riche en produits raffinés.
Nombre de médecines douces mettent en avant, sous des formes diverses, la notion de défense de l’organisme et se chargent de la stimuler. D’autres font appel à la notion de pollution. Ainsi, les tenants d’une méthode baptisée «chélothérapie» évoquent comme étant l’origine de maux «dégénératifs» fort divers, tant en gravité qu’en qualité, la surcharge de l’organisme en métaux lourds, du fait notamment des.amalgames dentaires. Ils préconisent donc de neutraliser les effets néfastes des métaux incriminés en administrant par perfusion des substances capables de se combiner aux métaux lourds et de favoriser leur élimination. Ils ajouteront éventuellement à un tel traitement l’ablation des amalgames dentaires. Ceux-ci sont considérés comme responsables, au moins en partie, de la maladie : sclérose en plaques ou angine de poitrine, gangrène ou maladie d’Alzheimer. Certes, de telles propositions étiologiques ne satisferont pas les esprits épris de rigueur scientifique, mais représentent pour beaucoup de patients un soulagement, en les aidant à gérer l’incertitude si fréquente et si douloureuse à vivre et en leur offrant une possibilité d’action quand la médecine officielle avoue son impuissance. Et de fait, plusieurs études tendent à prouver les bienfaits d’une attitude active des malades.
Les illusions dangereuses
Il ne faudrait pas cependant que l’espoir raisonnable d’une amélioration ou d’une meilleure qualité de vie se mue en illusions dangereuses. Si les thérapeutiques douces reconnues, éventuellement associées entre elles, peuvent parfois obtenir de bons résultats, il importe d’une part de savoir que médecine douce n’est pas toujours synonyme d’innocuité. Des plantes mal utilisées peuvent être dangereuses. Trop de patients, de leur propre fait ou en réponse aux exigences de thérapeutes abusifs, abandonnent des traitements éprouvés au profit de traitements aux résultats hypothétiques.
Malheureusement, les promesses fallacieuses ne manquent pas, venues souvent de thérapeutes mus par une réelle compassion, animés d’un réel désir de soulager, qui leur font prendre leur désir d’efficacité pour une réalité. Plus rares sont les «charlatans» animés du seul désir de faire fortune dans un créneau inépuisable, en profitant du désarroi des personnes malades et de leur entourage.
Les humains en général, les malades à plus forte raison et parfois ceux qui les soignent, restent en effet fort enclins à oublier que les panacées, les remèdes miracles restent du domaine du rêve. Et ce, même si des guérisons inexplicables en l’état actuel du savoir occidental sont exceptionnellement constatées, comme c’est le cas dans le cadre de la foi religieuse. De tels phénomènes illustrent pour les uns la toute- puissance de leur dieu, pour les autres les limites de nos connaissances actuelles. À ces derniers, ils ouvrent en outre des horizons forts intéressants sur les mécanismes de réparation de l’organisme humain, sur l’effet placebo, sur les possibilités de la foi qui transcende la réalité physique, et plus simplement sur l’intérêt d’un bon moral pour favoriser la guérison…