Deux modes d'alimentation au choix
Poursuivre l’allaitement complètement ou s’orienter vers la diversification alimentaire : les deux choix demeurent possibles selon le rythme de chacun.
Allaiter complètement jusqu’à six mois
Débuter une alimentation diversifiée
Tout en sachant qu’un bébé peut être allaité jusqu’à six mois sans manquer de rien sur le plan nutritionnel, il est possible de l’initier vers quatre mois à une alimentation différente. Celle-ci va lui proposer d’autres odeurs, d’autres couleurs et d’autres substances. Cette nourriture qui, du liquide va progressivement passer au solide, est aussi le symbole de l’ouverture de l’enfant vers le monde extérieur. Cette nouvelle nourriture est enfin l’occasion, pour le père, de préparer et de donner à manger à son enfant.
N’hésitez pas à prendre quelques initiatives, tout en respectant les précautions élémentaires qui découlent plus du bon sens que d’un « diktat » de puériculture. Après tout, vous connaissez et vivez votre bébé au quotidien, dans ses bons et dans ses mauvais jours ! Si vous le préférez, commencez par introduire les fruits plutôt que les légumes ; cela n’a aucune importance. Laissez-vous guider par votre instinct et par celui de votre bébé.
Les habitudes alimentaires se forment au berceau
Des aliments de qualité
L’organisme de votre enfant a été habitué à une nourriture de la plus haute qualité : votre lait. Celui-ci est un aliment vivant, complet, évolutif ; même s’il véhicule une certaine pollution, elle ne sera jamais aussi nocive que celle que l’on trouve dans certains aliments.
De ce fait, il nous semble très important de porter une attention toute particulière au choix de ces derniers. Elle portera sur leur origine, leur qualité et leur fraîcheur, de même que sur leur préparation, qui doit être la plus proche de leur état naturel ; toutes ces qualités confèrent à l’aliment sa vitalité et sa capacité à nourrir votre enfant de façon dynamique.
L’initiation à des aliments vivants, peu transformés, peu sucrés et peu salés, constitue un bagage de souvenirs sensoriels qui marquera l’enfant tout petit et le guidera, adulte, dans ses choix alimentaires.
Des messages de plaisir
Le plaisir de la découverte
Emmenez votre enfant au marché : c’est un spectacle haut en couleurs et en odeurs, qui régalera ses sens. Montrez votre plaisir d’acheter de beaux légumes et de beaux fruits, et celui de remplir le réfrigérateur pour la semaine.
Variez les saveurs en utilisant des épices, comme la cannelle, la vanille, la noix de muscade, la coriandre ou les fines herbes. Favorisez le plaisir des yeux avec des aliments de différentes couleurs et de formes variées ; une assiette garnie peut alors devenir un vrai tableau.
Manger est un acte de plaisir. Cette association est indispensable, car acheter, proposer et manger sans plaisir, même des aliments de première qualité, ne nourrira pas l’enfant affectivement.
Le repas doit être un moment agréable
Il est très important de prendre son temps pour donner le biberon ou le repas à la petite cuillère.
Essayez de vous détendre le plus possible et de vous décharger des moindres tensions que peut vous procurer votre travail avant de donner à manger à votre enfant. Le stress coupe l’appétit de l’adulte, à fortiori celui de l’enfant. Nommez les aliments que vous lui offrez, citez les couleurs. Laissez-le les toucher et les manger avec les doigts. Tout est prétexte pour lui à jouer et à faire son apprentissage sensoriel.
Ne le forcez jamais à finir son biberon ou son assiette s’il manifeste sa satiété. Un enfant allaité au sein sait toujours s’il a faim ou s’il est rassasié. Son organisme a déjà pris de bonnes habitudes.
Si votre enfant n’accepte pas le nouveau légume, la viande ou le poisson, acceptez son message (il détourne la tête, ferme la bouche comme une huître ou recrache). Son instinct alimentaire sait mieux que vous ce qui lui convient ou non. Vous pouvez représenter l’aliment quelques jours plus tard, peut être sera-t-il prêt à l’intégrer à sa palette.
Une progression nécessaire
L’acceptation de nouveaux aliments ne peut se faire que progressivement, avec de la patience et de la compréhension. Ce serait un manque de respect envers l’enfant que de le forcer à avaler tel ou tel aliment. Même les adultes ont des envies et des dégoûts. L’appétit d’un enfant subit des variations parfaitement normales tout au long des premières années de la vie. Les dents, la maladie, la fatigue après une journée de crèche sont des facteurs de perte d’appétit. Celle-ci peut d’ailleurs annoncer également une petite perturbation, telle qu’un rhume, une maladie… Le grand moment de bonheur pour bébé est le repas pris à table avec papa, maman et les frères et sœurs. Il participe alors à l’activité familiale. C’est sa première insertion sociale.
Simplifiez-vous la vie en mettant toute la famille à la purée et à la compote. Ce seront les mêmes repas à faire pour tout le monde ; le petit sera ravi de voir son repas identique à celui des grands, tandis qu’eux se délecteront d’être à nouveau « petits ».
Les nouveaux aliments
N ’oubliez pas que le système digestif de votre enfant est toujours « en rodage », des précautions d’emploi et la progression dans l’alimentation variée est de rigueur afin de ne pas le fatiguer :
- ne proposez qu’un seul aliment à la fois ;
- attendez deux à trois jours pour vérifier son assimilation par votre bébé, puis renouvelez l’opération.
Pour cela, vous remarquerez : le temps de sortie des selles ; si elles sont accompagnées de gaz ou de contorsions ; leur couleur, leur odeur ; s’il fait une éruption de boutons ou un érythème fessier indiquant une possibilité d’allergie ; il sera ainsi plus facile d’identifier l’aliment et de l’éliminer temporairement.
Introduction des légumes
Ils apportent des vitamines, des minéraux et des fibres alimentaires. Leur couleur anime et égayé l’assiette de votre bébé.
Comment procéder
- Choisissez toujours des légumes de saison et, de préférence, de production locale.
- Préférez les carottes, les épinards, les betteraves rouges et tous les légumes à racine de culture biologique. Ils ne pollueront ni ne fragiliseront l’organisme de votre bébé car ils contiennent peu de nitrates.
Aux derniers entretiens de pédiatrie de Bichat, les pédiatres se sont posés la question de retarder le plus tard possible l’introduction des carottes car elles sont trop chargées en nitrates, et donc responsables de troubles intestinaux du bébé. La carotte, pourtant, est le légume de prédilection du bébé par sa belle couleur orangée, son petit goût sucré et son pouvoir antidiarrhéique.
- Si les légumes sont de culture biologique, il est inutile de les peler : les laver en les brossant suffit. Pour les autres, il est nécessaire de le faire, car les polluants se trouvent dans la peau (au même titre que les vitamines et les minéraux qui, malheureusement, seront sacrifiés).
- Mixez avec un robot ou une moulinette à main.
- Ne proposez qu’un seul légume à la fois, et maintenez-le durant quatre à cinq jours avant d’en intégrer un nouveau.
- Donnez-les séparément avant de faire des mélanges.
• de votre salive dans le jus de légume (une cuillère à café suffit amplement) ; cela le rendra plus digeste (il est nécessaire d’avoir la bouche saine, c’est-à-dire sans carie ni abcès). La salive maternelle des femmes en âge de procréer est riche en facteurs désinfectants et protecteurs. L’enzyme de la salive, la ptyaline, amorce la digestion des aliments et le prémâchage les transforme en purée d’une consistance idéale pour le petit. C’est aussi une manière très simple de lui faire essayer de nouveaux aliments sans salir de vaisselle.
- Commencez par donner une cuillerée à café ou à moka, et augmentez la quantité progressivement.
- Mélangez-les au biberon de lait maternel ou artificiel.
- Dans un pays où la consommation de pommes de terre est quasi quotidienne, au point d’étouffer les autres légumes, résistez à la tentation d’en glisser une dans chaque purée. Même si sa cuisson est simple, elle n’en est pas moins un féculent.
Introduction des fruits
Trois semaines à un mois après avoir introduit les légumes, vous pouvez commencer à donner des fruits à votre enfant. Ils apportent aussi vitamines, minéraux et fibres. Leur couleur, leur saveur et leur forme sont un régal pour le palais et les yeux des petits.
- Introduisez les fruits l’un après l’autre.
- Le prémâchage avec votre salive est une bonne façon de proposer à votre bébé le fruit que vous êtes en train de manger.
- Râpez finement les fruits.
- Ne les sucrez pas.
- Préférez l’eau aux jus de fruits à répétition.
- Une cuillerée à café suffit à combler les besoins du tout-petit en vitamine C.
- La banane se prête bien à la première expérience fruitée du bébé : choisissez-la bien mûre, écrasez-la finement puis, au fur et à mesure, vous pourrez lui donner un petit morceau, qu’il mâchouillera.
Introduction des céréales
Trois semaines à un mois après les légumes et, parfois, le plus tard possible.
Elles apportent du fer alors que les réserves de bébé arrivent à leur fin.
Elles fournissent des vitamines du groupe B et des protéines.
Commencez par les céréales les plus digestes : riz, millet, orge et soja.
Les céréales solubles, préparées spécialement pour les bébés, sont en général enrichies en fer. Mais elles sont souvent trop sucrées, et risquent d’entraîner une accoutumance au sucre, facteur d’obésité.
On trouve en pharmacie des céréales conçues pour bébé et non sucrées (Rizine, Orgéose), ou en magasin diététique les produits « Demeter et contiennent aucun sucre et garantissent la culture agro biologique.
Servez la même céréale pendant quatre à cinq jours avant d’en offrir une autre.
Les autres laits
Le lait reste l’aliment de base de l’enfant. Vous pouvez maintenir votre lactation afin de lui assurer trois tétées de votre lait par jour (même si l’une est dans un biberon) ou d’intro- duire du lait artificiel. Mais il est déconseillé d’introduire un nouveau lait en même temps que la diversification alimentaire. Chaque aliment en son temps ! C’est le pédiatre qui prescrira le lait le plus adapté à votre bébé.
Les laitages
Fromage blanc et petit-suisse sont souvent très appréciés par les enfants, qui les digèrent très bien. Les yoghourts seront introduits un peu plus tard.
Ne rajoutez pas de sucre, juste un peu de compote à l’occasion pour varier les saveurs.
À propos des petits pots
Les enfants français représentent les plus gros consommateurs mondiaux de petits pots. Ils sont pratiques et bon marché, et qui oserait prétendre n’avoir jamais servi de petits pots à son enfant – ou même trouvé du plaisir à finir ceux aux fruits, qui sont les meilleurs ! Le goût fade et aseptisé, ou systématiquement sucré, de ceux aux légumes et à la viande ou au poisson mélangés témoigne de l’industrialisation, donc de l’uniformité du procédé de
fabrication. Il ne peut en être autrement. Une fraise fraîchement cueillie dans un jardin n’a pas d’égale ! Plus on s’éloigne de la source du produit en le transformant et en le manipulant, moins il conserve sa vitalité.
Se servir de petits pots pour faciliter un déplacement, démarrer le sevrage ne présente aucun inconvénient… mais en faire l’unique aliment de bébé, est-ce vraiment l’initier à la véritable fraîcheur et à la saveur de la vie ?
Vidéo : Deux modes d’alimentation au choix
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Deux modes d’alimentation au choix