Des émotions et des sentiments
Le cerveau émotionnel
La latéralisation des hémisphères cérébraux est connue depuis longtemps, mais les nouvelles technologies de résonance magnétique nous permettent aujourd’hui de mieux la comprendre. On sait maintenant qu’elle est beaucoup plus précise qu’on ne le pensait autrefois. Les deux hémisphères sont en fait deux cerveaux différents reliés par des connexions neuronales spécifiques qui soutiennent des fonctions bien ciblées. Le cerveau droit présente une supériorité dans le déclenchement et l’expression corporelle des émotions positives et négatives. C’est aussi lui qui nous permet d’interpréter inconsciemment l’information émotionnelle véhiculée par l’expression du visage d’autrui, le ton de sa voix. Il est donc responsable de la communication interpersonnelle non verbale où l’émotion domine. Il joue un rôle dans l’intelligence intuitive, l’empathie et l’adaptation au stress. Il est le siège de la représentation que l’on a de Soi, c’est-à-dire l’identité. Ses modalités de transmission de l’information, principalement de nature réflexe et inconsciente, suivent les règles de l’analogie et de la métaphore qui sont responsables de la création des images mentales. Ces caractéristiques amènent les scientifiques à poser l’hypothèse qu’il serait le siège de l’inconscient psychanalytique, structure vouée à la communication inconsciente entre les individus. C’est lui qui serait responsable des phénomènes de transfert, projection sur la personne de l’analyste des images de l’enfance, et de contre-transfert, effet produit par cette projection sur l’inconscient de l’analyste. Toutes ces fonctions dévolues au cerveau droit en font l’hémisphère le plus sollicité dans le maintien de l’homéostasie.
L’hémisphère gauche, pour sa part, est le siège de la pensée logique et rationnelle. Il est spécialisé dans l’élaboration et la compréhension du langage, principalement dans ses aspects structuraux et sémantiques. Les aspects plus émotionnels du langage sont analysés par le cerveau droit. Alors que le cerveau émotionnel se développe principalement durant les deux premières années de la vie, le cerveau rationnel ne connaît sa poussée de croissance qu’à partir de l’âge de 20 à 24 mois environ. Les deux hémisphères sont reliés par le corps calleux qui permet l’échange d’informations entre eux. Le cerveau émotionnel possède le plus grand réseau de connexions avec le reste du corps. Les messages qu’il lui envoie, de même que ceux qu’il reçoit en provenance des différents organes, traversent l’amygdale, l’hippocampe, l’hypothalamus et le tronc
Les émotions au cœur de la santé cérébral, ce qui permet la synthèse des informations issues des émotions, de la mémoire, des fonctions métaboliques, dos centres responsables de la sécrétion des hormones et de l’immunité . C’est donc dire que l’information en provenance du corps transige par l’hémisphère droit avant d’atteindre le gauche. Il est à noter que le corps calleux possède davantage de connexions en provenance du cerveau droit vers le gauche que dans le sens inverse .
qu’elles échangent; la musique en arrière-plan et l’éclairage ajoutent à l’intimité de la scène. Celle-ci vous touche, vous sentez les larmes envahir vos yeux : vous éprouvez de la tristesse. Mais entre la perception de la scène et le moment où vous prenez conscience de votre sentiment, une foule de réactions physiologiques se sont enchaînées à votre insu. Damasio (2003) identifie quatre étapes dans le déclenchement spontané et inconscient d’une émotion (voir le schéma 3, à la page suivante). Un stimulus externe est d’abord perçu par les organes des sens. Les perceptions auditives, visuelles ou autre, sont acheminées par voie nerveuse aux aires sensorielles correspondantes du cortex cérébral. Celles-ci envoient l’influx nerveux vers l’amygdale, impliquée dans le déclenchement des émotions primaires, et le cortex préfrontal ventromédian susceptible de déclencher des émotions apprises. Ces deux centres évaluent instantanément la nature émotionnelle de la scène. Ils transmettent le message à l’hypothalamus chargé de l’exécution des modifications physiologiques spécifiques à l’émotion. Ici, par exemple, dans le cas de la tristesse, il y a ralentissement des pensées, serrement au niveau du larynx et du pharynx, baisse du tonus général. Le message est envoyé simultanément à certains noyaux du tronc cérébral qui déclenchent l’expression corporelle. Dans notre exemple, on note l’affaissement des traits du visage, l’absence de sourire, la sécrétion de larmes. Le déclenchement réflexe de l’émotion est instantané, ce qui suppose une voie de communication directe et rapide entre les systèmes spécialisés dans le repérage du potentiel émotionnel d’un stimulus et ceux chargés de l’exécution de l’émotion