Curistes
La cure thermale, pour être prise en charge, doit être prescrite par un médecin. Il arrive, parfois, que le patient refuse la cure thermale proposée par son praticien. En revanche, 3 fois sur 10, c’est lui qui en parle le premier [2].
Il existe incontestablement des variations individuelles dans l’attrait pour la thérapeutique thermale. Une cure ne s’impose pas, elle se propose. Certains sujets se montrent définitivement réfractaires pour des raisons psychologiques, économiques, ou culturelles. D’autres l’acceptent d’emblée et reprocheraient à leur médecin de ne pas leur en avoir parlé.
Il se pose ainsi la question de la spécificité de cette population de curistes. Se distingue-t-elle de l’ensemble de la population et sur quels critères?
Des enquêtes ont montré qu’il n’y a pas de spécificité sociologique dans une population thermale mais que des facteurs psychologiques peuvent intervenir dans le bénéfice retiré d’une cure.
Aspects culturels et socioprofessionnels de la curistes
Un sondage du Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) pour Santé Magazine auprès de I 000 personnes de 18 ans et plus a révélé que les deux tiers des Français croient dans le thermalisme et que la moitié souhaiteraient suivre une cure thermale .
Aptitude des patients à bénéficier d’une cure
Une enquête a comparé, à l’intérieur d’une population de curistes, ceux qui étaient le plus améliorés par le traitement thermal avec ceux qui l’étaient le moins, dans le but de faire apparaître des facteurs prédictifs de l’efficacité d’une cure susceptibles de servir de guide aux médecins prescripteurs [1].
Cette enquête a montré que, parmi les patients interrogés lors d’une seconde cure thermale consécutive, les plus satisfaits de leur première cure, un an avant, sont moins atteints, plus toniques et plus impliqués dans le projet thermal que ceux pour qui la cure a été un échec.
Il s’est agi d’une étude par questionnaire qui s’est déroulée en quatre étapes :
– établissement du questionnaire destiné à explorer les facteurs susceptibles d’agir sur la satisfaction retirée d’une cure thermale par un patient, à l’aide d’une enquête ouverte, explorant les domaines pathologique, socio- logique et psychologique, conduite par 20 médecins thermaux d’Aix-les- Bains au cours de l’été 1994 auprès de 32 curistes. Les données recueillies ont été confiées à des chercheurs du laboratoire de psycho-sociologie de l’Université Pierre-Mendès-France de Grenoble (N. Berthier, F. Berthier) qui ont construit et testé le questionnaire définitif auprès de 25, puis de 32 curistes. Il s’agit d’un questionnaire auto-administré explorant les profils pathologique, sociologique, et psychologique en 53 questions;
– enquête à l’aide de ce questionnaire auprès de 496 patients interrogés par 2 échelles verbales en 4 classes sur l’efficacité présumée de la cure précédente et sur l’amélioration ressentie au cours de l’année écoulée, enquête cas-témoins menée en multicentrique par des rhumatologues de 6 stations thermales (Aix-les-Bains, Bourbon-Lancy, Dax, Digne-les- Bains, Rennes-les-Bains, Rochefort). Ont été inclus les sujets ayant choisi les classes 1 et 4, soit 288 «répondeurs» et 208 «non-répondeurs». Résultats : les «répondeurs» déclarent des douleurs moins intenses et moins fréquentes, des handicaps fonctionnels moins nombreux, un meilleur score d’activité, un indice de contrôle plus élevé, un meilleur indice d’élan vital, un indice d’attachement à la cure supérieur, tandis que l’indice de sociabilité est apparu identique dans les deux séries;
– isolement des réponses les plus discriminantes et vérification de leur valeur prédictive positive ou négative par une étude longitudinale sur une population de curistes. Une liste des 18 questions les plus discriminantes issues de l’enquête cas-témoins a été présentée à 537 patients, au cours d’une cure thermale, par des médecins d’Aix-les-Bains à l’automne 1997. Ces patients ont été interrogés par voie postale 4 mois plus tard sur l’efficacité de leur cure. Sur les 442 personnes ayant renvoyé leur réponse, il est apparu 183 «répondeurs», 43 «non répondeurs», et 216 sujets sans affectation;
-construction d’un questionnaire court avec les 8 questions qui ont montré la meilleure valeur prédictive.