Crénothérapie et stomatologie
Affection des muqueuses bucco-linguales et parodontopathies
L’orientation thérapeutique «Affections des muqueuses bucco-linguales cl parodontopathies» ou «AMB» a remplacé l’ancienne orientation «Stomatologie» le 13 mars 1986, par un arrêté ministériel (JO du 19 mars 1986) qu autorisait également les 38 000 chirurgiens-dentistes français à prescrire de cures thermales pour le traitement des affections endo-buccales.
Auparavant, la stomatologie était classée avec la dermatologie. Elle con titue maintenant une orientation thérapeutique autonome, l’agrément « AMB » pouvant être accordé à des stations spécialisées dans une autr orientation que la dermatologie : Castéra-Verduzan (Gers) : maladi digestives; Aix-les-Bains-Marlioz (Savoie) : ORL.
Environ 3 000 personnes suivent chaque année une cure thermale pour I «AMB», tant dans les 13 stations agréées que dans les quelques station, qui ont installé des appareillages de balnéothérapie buccale sans avoir l;i reconnaissance officielle : Dax, Luchon, Enghien, Bourbonne-les-Bain etc. Citons aussi deux centres de thalassothérapie équipés pour les trait ments oraux (Roscoff et Cap d’Agde).
L’hydrothérapie buccale s’est surtout développée depuis la dernière guerri grâce à trois chirurgiens-dentistes qui ont mis au point des appareillag pour traiter les « AMB » et plus particulièrement les parodontopathies. Elles sont : Hans von Weissenfluh, de La Lenk en Suisse, Alexander Tsopikov de Sotchi en Russie, Paul Couturier, d’Aix-les-Bains [5].
La stomatologie thermale est enseignée à l’université. A Bordeaux, un diplôme universitaire d’Hydrologie et de Climatologie médicales appli quées à l’odonto-stomatologie sanctionne deux années d’études. I facultés de chirurgie-dentaire de Bordeaux, Nancy, Montpellier, Par Montrouge, Toulouse intègrent le thermalisme dans leur enseignement.
En traitant l’état inflammatoire des muqueuses buccales et en améliorant la qualité du parodonte, les cures thermales en odonto-stomatologie relui dent le moment du port des prothèses dentaires dont on connaît le cout pour les patients et les assurances maladies.
Faits et niveaux de preuves du crénothérapie et stomatologie
Depuis longtemps, l’action des eaux thermales sur la bouche avait été signalée. En 1841, Bazin [2] avait noté de bons résultats obtenus à Castéra-Verduzan, dans des cas de «ramollissements asthéniques des gencives» et de «stomatite aphteuse».
Les travaux de Gérard Bourgeois, [3], puis ceux de Pierre Mondange [7] sur 100 curistes en 1975, de Bénédicte Seguin [8] sur une population d’odontologistes et de pharmaciens en 1984, d’Olivier Chrétien [4] en 1988 à Argelès-Gazost et de Michel Lunot [6] en 1992, à La Roche-Posay, ont permis de préciser les indications stomatologiques des cures thermales.
Une parodontolyse est une dégradation du tissu de soutien des dents. Elle complique tous les repas et affecte le psychisme. Elle est liée à des problèmes de terrain.
Localement, on reconnaît une triple action à l’hydrothérapie bucco-dentaire :
– une action physico-mécanique : des jets filiformes projetés sur la muqueuse buccale et surtout gingivale lavent les poches parodontales et les espaces interdentaires, entraînant les cellules épithéliales desquamées. Les jets d’eau réalisent un massage sous pression (0,5 à 1,5 kg), qui accélère la circulation locale et les échanges cellulaires ;
une action thermique : la température de l’eau peut évoluer de 35 à 45 °C suivant les cas, créant ainsi une vasodilatation des vaisseaux qui favorise aussi les échanges ;
– une action chimique due à la composition des eaux, à la présence de sels minéraux et d’oligo-éléments. La bouche est un écosystème. De simples petites modifications du pH font évoluer la flore
orale [8, 1].
Enfin, une action sur l’état général, sachant que «la bouche est le miroir de l’estomac».
Indications des Crénothérapie et stomatologie
Les parodontopathies constituent aujourd’hui l’indication principale des cures stomatologiques. La cure améliore l’état gingival, l’état général et le terrain. Les cures thermales sont aussi un moyen de pérenniser certains implants en diminuant l’inflammation péri-implantaire.
Les autres indications sont les suivantes : lichens plans buccaux; leucokératoses ; stomatites ; glossites ;
glossodynies, stomatodynies ; aphtoses, aphtes géants et récidivants ;
– réactions allergiques;
– intolérance aux prothèses fixes ou mobiles : la cure a souvent permis le port ou l’acceptation d’une prothèse ;
– brûlures post-radiques ou après des interventions chirurgicales, quelquefois même avant l’intervention pour améliorer l’état de la muqueuse el rendre cette intervention plus facile;
– chéilites, candidoses, perlèches ;
– bouches sèches (xérostomies, hyposialies). La diminution de la sécrétion salivaire favorise le développement d’infections intercurrentes locales (gingivites) et abaisse le pH salivaire, d’où un accroissement des caries el des inflammations des muqueuses de la bouche.
Bien que les parodontopathies soient devenues la principale indication des cures stomatologiques, leur traitement thermal n’est pris en charge par les caisses que si elles accompagnent une autre pathologie donnant lieu à une cure thermale.
Contre-indications crénothérapie et stomatologie
Outre les affectations générales habituelles, la présence de certains troubles dentaires constitue une contre-indication à la cure. Ainsi, devront être soignés avant tout traitement thermal :
– caries ;
– granulomes, kystes, fistules ;
– débris radiculaires septiques ;
– tartre ;
– prothèses mal adaptées, bridges descellés…
Stations thermales des crénothérapie et stomatologie
Treize des cent quatre stations françaises ont l’agrément pour les «AMB». Cet agrément couvre l’ensemble des affections de la bouche. Les parodontopathies ne donnent droit à une cure «AMB » qu’en complément d’une pathologie relevant d’une des autres orientations de la station :
– Aix-les-Bains-Marlioz (Savoie) : eaux sulfurées calciques, voies respiratoires, AMB ;
– Avène (Hérault) : eaux bicarbonatées complexes, dermatologie, AMB ;
– La Bourboule (Puy-de-Dôme) : eaux chloro-bicarbonatées arsenicales, voies respiratoires, troubles de la croissance, dermatologie, AMB ;
– Castéra-Verduzan (Gers) : eaux sulfatées calciques et magnésiennes, maladies de l’appareil digestif et maladies métaboliques, AMB ;
– Les Fumades (Gard) : eaux sulfurées calciques, magnésiennes, cuivreuses, voies respiratoires, dermatologie, AMB ;
– Moligt (Pyrénées-Orientales) : eaux sulfurées bicarbonatées, voies respiratoires, rhumatologie, dermatologie, AMB;
– Rochefort-sur-Mer (Charente-Maritime) : eaux sulfatées mixtes, rhumatologie, phlébologie, dermatologie, AMB ;
– La Roche-Posay (Vienne) : eaux bicarbonatées calciques et silicatées, dermatologie, AMB ;
– Saint-Christau (Pyrénées-Atlantiques) : eaux bicarbonatées calciques, dermatologie, AMB ;
– Saint-Gervais (Haute-Savoie) : eaux sulfatées mixtes, rhumatologie, voies respiratoires, dermatologie, AMB ;
– Tercis (Landes) : eaux sulfurées calciques et chlorurées sodiques, rhumatologie, voies respiratoires, dermatologie, AMB ;
-Uriage (Isère), eaux sulfurées et chlorurées sodiques, rhumatologie, voies respiratoires, dermatologie, AMB.
Techniques des crénothérapie et stomatologie
Elles comportent des techniques spécifiques et des techniques utilisées aussi dans d’autres orientations, entre lesquelles le praticien qui surveille la cure aura à choisir pour attribuer à son patient les 54 séances par cure que réclame la convention.
Les techniques spécifiques à la stomatologie sont :
– les compresses buccales ;
– les bains locaux;
– les pulvérisations de la cavité buccale ;
– les douches gingivales;
– et une pratique médicale complémentaire, la douche filiforme appliquée par le praticien.
Les autres techniques peuvent appartenir aussi à l’ORL comme les humages, les nébulisations et les gargarismes, ou à la dermatologie comme les divers bains, douches, pulvérisations et illutations locales ou générales.