Crénothérapie des vois réspiratoires
Eaux thermales et l’effet physiologique et les mécanismes d’action
Environ 150 000 patients sont reçus chaque année dans les 39 stations agréées dans l’orientation «voies respiratoires», à visée ORL ou bronchique. C’est la première orientation chez les enfants, la deuxième chez l’adulte après la rhumatologie.
Si le traitement et la prévention des affections respiratoires chroniques ou récidivantes ont considérablement progressé, il n’en est pas moins vrai que cette pathologie inflammatoire chronique, ORL ou bronchique, qu’elle soit d’origine infectieuse ou allergique, est en forte progression, avec toutes les conséquences que cela implique : retentissement sur la qualité de vie, absentéisme scolaire ou professionnel, augmentation des dépenses de santé.
Classification des eaux minérales
Elle tient compte de l’élément quantitatif le plus important. Des subdivisions peuvent être établies en fonction du cation principal ou de la présence d’ions particuliers. Trois types d’eaux minérales sont utilisés en pathologie des voies respiratoires : les eaux sulfurées, bicarbonatées, chlorurées sodiques.
Les eaux sulfurées, sodiques ou calciques sont les plus nombreuses. Elles sont présentes essentiellement dans les Pyrénées et les Alpes. Elles sont caractérisées par la présence de soufre sous forme réduite L’action fluidifiante et trophique des produits soufrés, leurs propriétés antiseptiques sont connues depuis longtemps mais des études récentes sont en faveur d’actions plus complexes, d’ordre immunologique.
Les eaux chlorobicarbonatées sodiques, d’origine profonde, avec dégagement de gaz carbonique, se trouvent dans le Massif central. Leur minéralisation particulière, comportant de l’arsenic et de la silice, semble leur conférer une action spécifique dans le traitement des affections allergiques .
Les eaux chlorurées sodiques de l’est de la France sont hyperthermales,
Données scientifiques
A l’hydrologie empirique du XIXe siècle a succédé l’hydrologie expérimentale et c’est à de grands chercheurs, chimistes, physiologistes ou cliniciens, tels que Lecoq, Billard, Villaret, Justin-Besançon… que l’on doit les premières analyses et les premières études sur l’animal entier el l’organe isolé. Après une mise en sommeil pendant la Seconde Guerre mondiale, les travaux ont repris sous l’impulsion des instituts de recherche régionaux en hydrologie où travaillent des équipes universitaires et pluridisciplinaires. En raison de leur complexité et de leurs particularités, les eaux minérales, qu’elles soient sulfurées, bicarbonatées ou chlorurées, ont donné lieu à de nombreux travaux.
Crénothérapie de contact
La crénothérapie respiratoire est une crénothérapie de contact fondée en grande partie sur Yaérosolthérapie. Depuis 1970, avec l’apport des nouvelles technologies, la recherche thermale s’est tout d’abord attachée à définir le produit thermal, l’eau minérale et ses dérivés, qu’il s’agisse des caractéristiques physico-chimiques des eaux à l’émergence ou des modifications qualitatives observées aux postes de distribution, tant pour les eaux sulfurées des Pyrénées et des Alpes que pour les eaux bicarbonatées arsenicales d’Auvergne .
La formulation de produits thermaux spécifiques élaborés à partir des eaux thermales dépend à la fois de la nature de l’eau minérale utilisée comme substrat et des procédés de production, c’est-à-dire des conditions d’aérosolisation . Les connaissances acquises sur la distribution granulométrique des différents aérosols, la détermination de la qualité et des constances de l’aérosol délivré, la déposition et Vimpaction des particules inhalées au niveau des cavités du rhino-pharynx et de l’arbre bronchique ont permis d’améliorer les générateurs d’aérosols et ainsi d’optimiser les traitements .
La pénétration des substances présumées actives au niveau des muqueuses respiratoires, leur diffusion et leur devenir dans l’organisme ont été étudiés. À Allevard, la recherche a porté sur la pénétration du soufre thermal et sa fixation sur les muqueuses ; à La Bourboule, sur la pharmacocinétique de l’arsenic thermal, présent à un taux suffisant pour induire un effet thérapeutique. La concentration sanguine et la fixation lissulaire sont fonction du mode d’administration . La cinétique de fixation et d’élimination de l’arsenic sont différentes selon qu’il s’agit d’une eau thermale ou d’une eau reconstituée .
Mécanisme d’action
D’autres équipes de chercheurs ont travaillé sur les mécanismes d’action du thermale n a pas d’action directe au niveau du muscle lisse bronchique mais que son mode d’action doit être recherché au niveau cellulaire . Les résultats, aussi bien chez l’homme que chez l’animal, sont en faveur d une réponse immunitaire locale , et d’une action anti- hypoxique? , En outre, des propriétés antiradicalaires ont été mises en évidence sur culture de cellules humaines pour les eaux thermales de Lai Bourboule , Ces études ont permis également de démontrer l’action spécifique et originale de l’eau minérale naturelle par rapport à une eau reconstituée .
La transposition de ces résultats en clinique humaine n’est pas achevée. Toutefois, plusieurs études semblent étayer l’hypothèse d’un mode d’action de 1 eau thermale vers une meilleure oxygénation des tissus et vers une amélioration des défenses immunitaires. Ainsi, Riche et al. ont montré que la concentration en 2-3 DPG, ligand favorisant la libération de l’oxygène, augmente significativement chez les enfants asthmatiques en cure thermale par rapport à un groupe contrôle en simple séjour climatique ,
En Auvergne, une enquête a été menée pendant 2 ans auprès de 164 adultes asthmatiques par Molina et al., qui constatèrent une baisse du taux d’ME sénques totales d’environ 50% entre le début de la première cure thermale et la fin de la deuxième .
À Allevard, des prélèvements salivaires ont été pratiqués avant et après cure chez 30 enfants présentant des infections ORL à répétition. Une diminution du taux des anticorps IgA spécifiques est constatée un mois après la fin de la cure et considérée comme liée au traitement thermal .
Il reste à réaliser une évaluation clinique rigoureuse par des essais thérapeutiques contrôlés permettant d’objectiver l’efficacité du thermalisme dans les affections respiratoires chroniques. Diverses études ont été conduites, notamment par des équipes de l’Inserm dans l’asthme de 1 enfant, sans aboutir à des conclusions définitives faute d’avoir pu surmonter les difficultés méthodologiques liées à ce type de recherche.
La îecherche fondamentale, les observations cliniques, les enquêtes épidé- miologiques ont confirmé les indications thérapeutiques et leur bien- fondé. Le thermalisme des voies respiratoires conserve une place privilégiée dans une stratégie thérapeutique, en complément ou en relais des traitements majeurs. L’approche thermale tiendra compte également de la qualité de l’environnement et des actions d’éducation pour la santé intégrées dans le séjour thermal.