Crénothérapie au cours de l'insuffisance veineuse chronique
– les varices primitives touchent le tiers de la population et revêtent une importance variable, ne nécessitant pas toujours une médicalisation;
– le syndrome des jambes lourdes, associé ou non aux formes précédentes, entraîne une gêne d’importance variable; il peut être invalidant et justifier une prise en charge thérapeutique.
On y adjoint les lymphœdèmes primaires ou secondaires liés à l’insuffisance de cette autre voie de retour qu’est le drainage lymphatique.
Le poids économique de ces maladies chroniques est considérable pour les sociétés industrielles (5,7 milliards de francs en France pour l’année 1989 selon le CREDES) [2],
En I absence de traitement curatif définitif, la prise en charge médicale de cette pathologie est palliative, associant plusieurs techniques thérapeutiques mises en œuvre de manière concomitante ou plus souvent lors de phases évolutives différentes de la maladie. S il s’agit d’une forme sévère, le parcours habituel d’un tel patient comporte :
– 1 écoute de nombreux conseils d hygiène veineuse, suivie ou non de mise en pratique;
-le port d’une ou de plusieurs formes de contentions-compressions élastiques;
– souvent de nombreuses cures de médicaments veinotropes;
– la réalisation ou au moins la proposition d’un ou de plusieurs gestes chirurgicaux ;
– enfin la rééducation veineuse et la crénothérapie.
En effet, la rééducation veineuse et la crénothérapie font partie de ce parcours, soit à titre ponctuel, pour contrôler un cap évolutif difficile, soit dans le cadre d’une prise en charge régulière au long cours. Actuellement, le nombre de cures prises en charge par l’Assurance maladie pour l’orientation phlébologique est d’environ 50 000 par an [15], Les stations thermales dont 1 orientation phlébologique .
Faits et preuves
Les travaux de validation du traitement thermal phlébologique actuellement disponibles sont encore insuffisants. Ils comportent cependant différents types d’études.
Des études physiologiques mettent en évidence les effets vasculaires de certaines techniques d’hydrothérapie ;
– la balnéation entraîne une mobilisation des fluides des membres inférieurs (volume veineux et œdème) attestée par l’augmentation de la production de facteur natriurétique atrial [18] ;
– la température idéale pour la balnéation en baignoire se situe entre 33 et 36 C, pour éviter une vasodilatation cutanée de thermorégulation tout en préservant un confort thermique satisfaisant f41 ;
– le bain thermal en eau carbo-gazeuse améliore l’hémodynamique veineuse [12], la microcirculation et l’oxygénation cutanées [11, 13] ;
-les bains bouillonnants (aérobains et hydroxeurs) augmentent de manière considérable les vitesses circulatoires mesurées par laser-Doppler au niveau de la microcirculation cutanée |4],
Des études in vitro comparent les effets d’applications d’eaux thermales à une eau non thermale. Ainsi l’eau de Barbotan restaure les capacités contractiles du muscle lisse vasculaire de préparations animales exposées [8],
L’éducation sanitaire en milieu thermal a fait l’objet de travaux de validation concernant son efficacité pédagogique à court et moyen terme [14].
Différents travaux non contrôlés montrent une amélioration objective de la fonction veineuse mesurée par pléthysmographie au cours de la cure thermale phlébologique ou de rééducation veineuse en balnéothérapie [16, 19]. L’efficacité d’une prévention active de l’érésipèle au cours de la cure a été démontrée [3]. Enfin, deux études contrôlées randomisées confirment l’efficacité clinique à court et moyen terme de la balnéothérapie (technique de Kneipp) sur l’œdème de l’insuffisance veineuse chronique [5, 17].
Deux études randomisées, en simple aveugle, confirment l’efficacité clinique de l’hydrothérapie sur l’œdème, dans l’insuffisance veineuse [7j. Les 122 patients ont été recrutés au sein d’un centre de rééducation fonctionnelle et répartis en deux groupes. L’un reçoit une rééducation à sec, l’autre l’application d’hydrothérapies locales codifiées (Kneipp) au niveau des deux jambes. Ces techniques utilisent les effets physiques de l’eau : température fraîche et pression hydrostatique. Ce traitement est dispensé 2 à 4 fois par jour, 5 jours par semaine pendant 24 jours. L’évaluation clinique a été réalisée à l’inclusion, le 12e et le 24e jour. Les critères d’évaluation étaient multiples : fonctionnel (score symptomatique), physique (volumétrie des deux jambes) et paraclinique (temps de remplissage veineux en pléthysmographie). L’amélioration était significative pour les trois groupes de paramètres.
L’application précise et codifiée des techniques locales d’hydrothérapie permet une diminution significative de l’œdème et des douleurs dans l’insuffisance veineuse chronique.
Techniques de soins et mode d’action
L’apport de la crénothérapie dans le traitement des maladies veineuses est multifactoriel :
– la composition de l’eau joue sans doute un rôle moins important que pour d’autres indications, et d’ailleurs, les stations phlébologiques utilisent des eaux de compositions différentes.
– les techniques de balnéothérapies jouent un rôle majeur, en adéquation avec l’importance pathogénique des troubles hémodynamiques veineux .