Crénothéraphie en rhumatologie
Avec près de 300 000 curistes par an, la rhumatologie correspond à l’orientation la plus prescrite en crénothérapie. Elle représente un peu plus de la moitié des cures prises en charge par la Sécurité sociale. Une majorité de stations thermales l’inscrivent dans leurs orientations thérapeutiques. En 1997, 69 des 96 stations en activité étaient agréées en rhumatologie.
A ce fait plusieurs raisons :
– les affections rhumatologiques chroniques, en particulier l’arthrose qui en est l’indication principale, ont une forte prévalence dans la population ;
-les médicaments proposés, outre leurs bénéfices limités, ne sont pas toujours bien tolérés ;
– les cures apportent le plus souvent un soulagement important pendant plusieurs mois.
Les agents mis en jeu sont l’eau minérale, la boue, les vapeurs et les gaz thermaux. Leur utilisation se fait quasi exclusivement par voie externe. Le mode d’action est complexe et résulte probablement des effets combinés de plusieurs facteurs. Premièrement, les agents thermaux agissent par des effets physico-chimiques liés, pour l’eau minérale, à sa composition chimique, sa température et son mode d’administration, pour les vapeurs, à leurs effets thermiques et physiques, et pour la boue, à ses effets thermiques et physiques. Deuxièmement, les techniques de soins (bains, douches, massages, kinébalnéothérapie) agissent par des effets mécaniques. Troisièmement, les facteurs d’environnement propres à la cure (rupture avec le rythme de vie quotidien, repos, détente, disponibilité du curiste pour une meilleure prise en charge éducative et informative) jouent également un rôle. L’association de tous ces facteurs thérapeutiques peut faire considérer la crénothérapie comme une polythérapie permettant une prise en charge globale du malade rhumatisant.
Faits et niveaux de preuves
La rhumatologie est à ce jour l’orientation qui dispose du meilleur niveau de preuve scientifique.
Les principaux axes de la recherche actuelle sont les suivants.
Hydrologie expérimentale
Certains travaux récents chez l’animal et l’homme suggèrent des méca nismes d’action liés aux propriétés chimiques propres de l’eau thermale. Frezet a montré qu un plancton thermal composé à partir de sulfobactéries pouvait avoir un effet anti-inflammatoire sur l’œdème induit par la caragénine chez le rat et un effet chondrostimulant sur les cultures de chondrocytes de souris [12], En comparant bains soufrés et bains d’eau du robinet dans 1 arthrite expérimentale à adjuvant chez le rat, Karagulle a montré que des bains soufrés peuvent avoir un effet pro-inflammatoire dans l’arthrite aiguL1 et un effet anti-inflammatoire dans l’arthrite chronique [191. En comparant une eau thermale riche en NaCl à l’eau du robinet dans la polyarthrite rhuma deltoïde, Vogtherr a observé une amélioration micro-circulatoire au niveau des articulations inflammatoires chez les patients traités par eau thermale [32],
D autres études ont porté sur les effets hormonaux et immuno-modulateurs induits par le stress thermique. Des travaux italiens ont permis d’observer que 1 application de boue à 40-42 °C pendant 15 minutes pouvait entraîner chez l’homme une consommation du cortisol, une élévation de l’ACTH el des p-endorphines [8, 13], une augmentation de certains médiateurs de l’inflammation (prostaglandines PGE, et leukotriènes LTB4) [3] ainsi que des variations significatives de certaines cytokines (diminution de l’IL-l et du TNFa, augmentation de l’IGF-1) [4]. Kubota a montré enfin que la répétition quotidienne pendant trois semaines de bains thermaux à 47 °C pouvait s accompagner en fin de traitement d’une diminution significative de la concentration plasmatique en lymphocytes CD4, avec retour de celle concentration à la normale deux semaines plus tard [21]. Ces résultats son! à rapprocher des travaux concernant l’effet immuno-modulateur des bains hyperthermiques avec de l’eau d’adduction [18].
L’une des nouvelles voies de recherche pourrait être représentée par l’étude des effets des traitements thermaux sur le métabolisme du cartilage dans
1 arthrose. Deux travaux récents ont ainsi mis en évidence des variations significatives des marqueurs biologiques de l’arthrose (acide hyaluronique dans le sérum, chondroïtine sulfate dans les urines) au cours et au décours d une cure thermale. Ces résultats suggèrent une stimulation initiale suivie d’une freination secondaire plus importante et durable du métabolisme cartilagineux [24].