Thermalisme:l'eau guérisseuse
L’usage des eaux naturelles à des fins thérapeutiques est une pratique probablement aussi ancienne que l’humanité elle-même. Cependant, ce n’est qu’au XIXe siècle que cette pratique populaire s’institutionnalise en Europe, qu’un corps médical thermal prend naissance et qu’apparaissent les premières stations thermales telles qu’on les connaît Après une régression au début du XXe siècle, le thermalisme devient une activité médicalisée et socialisée, se développant par à-coups après la Première puis la Seconde Guerre mondiale.
En France par exemple, les demandes pour les cures passent de 50 000 en 1948 à 600 000 un demi-siècle plus tard. Il y existe environ 1200 sources minérales, une centaine de stations thermales et quelque 500 médecins thermalistes, exerçant en général de façon saisonnière. Par ailleurs, le thermalisme est aussi très florissant en Allemagne, en Italie et en Europe de l’Est.
Soigner le mal à la source
L’utilisation thérapeutique soit de l’eau minérale ou thermale, soit de dérivés comme les vapeurs, les gaz et les boues, porte le nom de crénothérapie (de krêné, source). L’eau thermale, riche en minéraux et en oligo-éléments, est utilisée en cure interne (cure de boisson) ou en cure externe ou hydrothérapie (bains, douches, etc.). La thalassothérapie, quant à elle, désigne l’emploi thérapeutique de l’eau de mer, des boues et algues marines, ainsi que du sable. Une cure thermale, c’est aussi du repos, un dépaysement climatique et psychique, l’occasion de rencontrer d’autres personnes souffrants d’une maladie similaire et une prise en charge médicale avec, souvent, une rééducation en piscine (hydrokinésithérapie). L’effet bénéfique du séjour ressenti globalement par la plupart des thermalistes tient à l’ensemble de ces facteurs.
L’efficacité intrinsèque des eaux minérales sur telle ou telle maladie n’a jamais pu faire l’objet d’une indiscutable démonstration scientifique.
La composition chimique des eaux thermales et les propriétés bienfaisantes qui leur sont attribuées sont en instant décalage : alors que la majorité des stations affichent comme indication principale les mêmes affections rhumatologiques ou ostéo-articulaires, leurs eaux sont de compositions très différentes. Inversement, des eaux de composition très proches se voient indiquées pour des maladies de nature radicalement distinctes.
On distingue, selon le composant chimique qui y prédomine, six grandes classes d’eaux minérales : les eaux bicarbonatées, les eaux sulfatées, les eaux sulfurées, les eaux chlorurées sodiques, les eaux caractérisées par un élément rare (arsenic, fer, cuivre, sélénium) et les eaux oligométalliques (faiblement minéralisées).
Si l’action directe de l’eau thermale sur l’évolution des maladies en général n’est pas démontrée, le fait est qu’une cure de quelques semaines en station thermale peut apporter un réel bénéfice en termes de soulagement de la douleur, d’apaisement psychologique et être l’occasion, pour la personne malade, d’un changement dans ses habitudes de vie. Par ailleurs, une cure thermale sera d’autant appréciable que les traitements médicaux classiques auront atteint les limites de leur efficacité.
Certaines affections ne justifient pas la cure thermale, comme l’hypertension artérielle, la stérilité d’origine organique, les fibromes, la pyélonéphrite chronique, la prostatite aiguë, la hernie hia- tale, le reflux gastro-œsophagien, la goutte, l’hyperuricémie et le diabète.
D’autres représentent, malgré ce qu’en disent certaines stations thermales, une contre-indication a priori, comme les atteintes des artères coronaires (infarctus du myocarde, angine de poitrine non stabilisée), l’insuffisance rénale et les protéinuries.
Il ne faut pas perdre de vue que la concentration de malades dans le même lieu expose parfois à des problèmes de contami nation infectieuse (herpès récidivant, candidoses buccales…). Si d’exceptionnelles épidémies de pneumonies et de méningites ont pu être observées dans certaines stations thermales, il n’est pas rare que les normes d’hygiène officielles, en matière de boues et de piscines notamment, ne soient pas respectées et que les curistes puissent attraper, par exemple, une mycose (infection de la peau ou d’une muqueuse par un champignon microscopique).
En conclusion, on peut dire que le thermalisme, dans la mesure où ses contre-indications sont respectées et les règles d’hygiène en station correctement appliquées, appartient à la famille des médecines douces.