La vie quotidienne du fatigué
Quelles sont les conséquences de la fatigue sur la sexualité ?
En première analyse, la fatigue sexuelle, quel que soit le sexe concerné, mais peut-être de manière encore plus évidente chez l’homme étant donné son côté extériorisé et mécanique, semble pouvoir être rapportée selon les cas à une fatigue physique ou psychologique.
Toutefois, la question qui se pose est la suivante : est-ce que la fatigue tue le désir ou bien est-ce que l’absence de désir prend le masque de la fatigue ?
Il est très souvent difficile de répondre à cette question. On se résout donc à distinguer, pour la facilité de l’explication, deux tableaux bien distincts :
- l’absence de désir sexuel (« je n’ai pas envie ») avec son absence des signes de préparation à l’acte chez l’homme comme chez la femme, tableau pouvant être lié à une fatigue physique portant plus vers le repos ou à une fatigue psychologique incluant la lassitude du ou de la partenaire
- l’impossibilité ou la difficulté à matérialiser un désir existant (« je voudrais bien, mais je ne peux pas »), tableau qui peut lui aussi relever d’une évidente fatigue physique, mais aussi d’une fatigue psychologique de type moral : doute, incertitude, rappel des échecs précédents, etc.
Dans tous les cas, douleur au moment de l’acte sexuel et absence d’orgasme d’un côté, éjaculation précoce et impuissance temporaire de l’autre, aboutissent à un manque de satisfaction sexuelle, à une frustration vécue elle-même comme un facteur d’anxiété, de honte ou d’agressivité qui ne fait que majorer les composantes de la fatigue. Mais bien sûr, les deux types de fatigues peuvent se mélanger chez le même individu, ce qui semble faire de la fatigue sexuelle une fatigue « à part » de par son contexte bien particulier. Fatigue-signal, fatigue réactionnelle, fatigue constitutionnelle peuvent se partager la responsabilité de cet état de choses qui, non pris en charge, peut aboutir à une impuissance ou à une frigidité confirmée.
Quelles sont les conséquences de la fatigue sur le caractère de l’individu ?
Elles varient en fonction du type de la fatigue et du profil psychologique du fatigué. Selon le cas, elle peut aboutir à une sorte d’anéantissement teinté de morosité, voire de mélancolie. Ailleurs, ce sera tout le contraire : la lutte permanente contre la fatigue peut entraîner une grande irritabilité, voire une certaine violence physique.
Les troubles de la mémoire peuvent, dans les cas de fatigue extrême, aboutir à une véritable démence : le fatigué est alors déconnecté de la réalité des choses.
Quelles sont les conséquences familiales ?
Une fatigue d’une certaine intensité a un grand retentissement dans la vie de tous les jours : « piquage de nez » à l’arrêt devant la télévision, après le repas, etc. ; difficultés à suivre le rythme familial, sorties ou rendez-vous décommandés ; le fatigué n’est pas dans le coup, ne peut pas prendre part à la vie de la famille, d’où des relations difficiles avec le conjoint ou la conjointe, les enfants ou l’entourage et/ou le voisinage.
De plus, la fatigue chronique entraîne un certain laisser-aller, une négligence, tant des soins de propreté corporelle que de l’habillement, cela sans aucune corrélation avec le niveau de vie du fatigué. On rapporte à ce sujet le cas extrême et imagé du « PDG clochard ».
Quelles sont les conséquences professionnelles de la fatigue ?
La fatigue agit par baisse de l’attention, de la concentration, de la mémoire, de la lucidité. Elle va entraîner une baisse de la précision des gestes, de la vigilance, de la vivacité physique et psychologique, qui peuvent aboutir à une diminution du rendement et des performances professionnelles d’une part, et, d’autre part, à des accidents de travail de gravité variable suivant le type d’action. Ces risques sont plus élevés chez les ouvriers que chez les cadres ou agents de maîtrise et ils augmentent avec l’âge et la baisse des performances physiques et neurosensorielles. Il faut aussi parler des accidents de la circulation durant le trajet ou des accrochages multiples en ville.
Dans un autre ordre d’idée, manque de concentration, du sens de l’organisation, d’esprit de synthèse, de sens artistique, mauvaise tactique de vente, sont autant de signes qui peuvent être consécutifs à une fatigue psychologique… avec les conséquences professionnelles que l’on peut imaginer.
Quelles sont les conséquences de la fatigue sur les loisirs ?
Même les loisirs sont ressentis par le fatigué comme une épreuve supplémentaire, à laquelle il ne se rend que contraint et forcé. Bien sûr, une fatigue physique retentira surtout sur les loisirs de type sportif, entraînant de mauvaises performances ou une mauvaise entente au sein d’une équipe. Une fatigue intellectuelle retentira sur des loisirs plus statiques de type jeu d’échecs, Scrabble, etc. Une mauvaise santé morale retentira enfin sur le goût et l’exécution de toute catégorie de loisirs, avec, là encore, possibilité de mésententes ou d’incidents divers.
Quelles sont les causes de la fatigue chez l’enfant?
On demande parfois beaucoup à l’enfant. Quand il est tout petit, il peut être emmené à des heures inhabituelles pour lui vers la crèche ou la nourrice. A cet endroit, il pourra être en prise avec les infections portées par les autres enfants, auxquelles s’adjoindra la fatigue des traitements antibiotiques répétitifs.
Au fil de sa croissance s’ajouteront les problèmes scolaires avec leur charge (ou surcharge) de fatigue psychologique, de multiples activités, des troubles familiaux, des déséquilibres alimentaires : petit déjeuner insuffisant, caprices à la cantine, etc.
Enfin, à tous les stades, s’ajoutera à la fatigue physique de la croissance la fatigue psychologique de l’apprentissage de la vie conjuguée avec des poussées hormonales.
Toutes ces causes peuvent interférer avec le caractère de l’enfant, parfois marqué par celui des parents et déterminant l’expression de la fatigue.
N’oublions pas que l’enfant, contrairement à l’adulte, est en période d’adaptation, de mutation, ce qui ne fait que majorer les choses.
Il faut donc être très attentif à son comportement, afin de prendre en charge une fatigue anormale le plus tôt possible de façon à éliminer une cause organique et à prendre les mesures les plus adaptées.
Quelle est l’expression de la fatigue chez l’enfant ?
L’expression de la fatigue varie en fonction de la typologie de l’enfant. Les types sont nombreux, mais on peut distinguer en gros deux catégories :
- les enfants petits, blonds aux yeux bleus, un petit peu forts, chez qui la fatigue ou la fatigabilité ont souvent une allure prolongée voire chronique, souvent teintée d’anxiété, de tristesse ou de morosité : fatigués, ils s’éteignent
- les petits maigres, secs et nerveux, chez qui la fatigue survient d’un seul coup, sous forme d’un anéantissement suivant une longue période d’agitation, voire d’agressivité latente : donc, contrairement aux précédents fatigués, ils s’agitent puis s’éteignent secondairement
Il existe aussi un « syndrome actuel » de l’enfant, souvent retrouvé dans la lignée familiale. Son profil est proche de l’enfant spasmophile avec troubles caractériels (enfant difficile à saisir), difficultés scolaires par troubles de l’attention, infections multiples, ORL en particulier.
Il faut rapprocher de ce dernier tableau le terrain lymphatique présenté par certains enfants, avec hypertrophie des amygdales, des végétations, ganglions à hauteur du cou, le tout entraînant une fatigue physique et psychologique.
Quelles sont les causes et spécificités de la fatigue, de la femme ?
Être femme est plus fatigant qu’être homme. Trois femmes sur quatre se plaignent d’ailleurs d’être fatiguées. Certaines caractéristiques féminines peuvent favoriser la fatigue :
- un psychisme peut-être plus fragile, plus sensible en tout cas au stress, favorisant dans ce cas la fatigue psychologique ;
- une alimentation parfois déséquilibrée entraînant une insuffisance d’apport calorique et d’oligoéléments tel le magnésium, favorisant la fatigue physique.
Toutefois, cette fatigue féminine est sous-tendue par des causes bien matérielles. Il s’agit souvent d’une fatigue réactionnelle, celle de la femme qui travaille à l’extérieur, celle de la femme qui est femme d’intérieur et s’occupe de sa progéniture, et encore plus bien sûr celle de la femme qui fait deux journées en une.
Cette fatigue peut aussi survenir dans un environnement particulier, hormonal tout spécialement :
- fatigue liée à la puberté et à tous ses bouleversements physiques, psychologiques et neuroendocriniens
- fatigue cyclique liée aux règles, surtout si elles sont longues et abondantes, aboutissant alors à une diminution du fer sanguin, et volontiers teintée d’une fatigue morale
Des événements plus particuliers peuvent aussi être déclencheurs :
- lors d’une grossesse, fatigue physique essentiellement liée à l’augmentation des besoins en calcium, en magnésium, en protéines et en fer
- lors de la ménopause, fatigue évoluant souvent sur un mode hyperréactif et angoissé, puis laissant place à la fatigue liée à l’âge
Ajoutons à tout cela les fatigues physiques et morales dues à des « régimes » répétitifs, excessifs ou déséquilibrés.
Quelles sont les spécificités et causes de la fatigue du troisième âge ?
Précédée de peu par le retrait de la vie active, qui est un événement parfois générateur de fatigue psychologique, surtout chez ceux qui n’ont pas prévu, pas préparé cette retraite ou chez ceux qui ont été usés physiquement par un travail intense, la fatigue du troisième âge est une fatigue physiologique liée à l’usure progressive de l’organisme. Elle peut se situer sur plusieurs plans :
- sur le plan physique/organique : localisée à l’appareil locomoteur et cardio- respiratoire avec besoin fréquent de repos et essoufflement facile ; fatigabilité qui nécessite un effort ou un fonctionnement peu intense et peu durable
- sur le plan intellectuel : baisse de la mémoire et de la vivacité d’esprit, lenteur d’exécution des tâches, même les plus courantes, baisse de la concentration avec facilité de la dispersion de l’esprit
- sur le plan moral : contexte anxieux et/ou mélancolique suivant le profil psychologique de base
- sur le plan sensoriel : fatigue visuelle, entraînant un état de dépendance, ou auditive, entraînant un renfermement sur soi
Cette fatigue peut être accentuée, soit par un excès d’activité chez ceux qui n’ont pas su mettre la pédale douce, soit par une inactivité totale, facteur de fatigue psychologique chez ceux qui n’ont pas su prévoir comment employer leur temps de « permission libératoire».
Sans oublier qu’une fatigue chez une personne âgée peut masquer une affection organique ou un état dépressif, qu’il faut surtout ne pas ignorer.
On retrouve ainsi chez les personnes âgées le rôle de garde-fou de la fatigue qui leur indique les limites à ne pas dépasser en intensité et/ou en durée d’effort.