Une alimentation avec une finalité santé plus forte
Deux domaines qui interagissent fortement ensemble touchent particulièrement la vie humaine, celui de la santé et celui Se l’alimentation. On sait à quel point le secteur de la santé a bénéficié d’un investissement social fort. Logiquement cette sensibilisation aurait dû se prolonger jusqu’au secteur alimentaire mis qu’il est acquis maintenant qu’une bonne nutrition est essentielle à la préservation de la santé. Des liens plus sérieux sont en rain d’être tissés, mais beaucoup de retard a été pris pour la mise en place d’une chaîne alimentaire porteuse de santé.
La société a instauré un système de solidarité pour le remboursement des dépenses de santé. L’essentiel des efforts a porté sur la prise en charge des malades et l’élaboration d’un système les soins pour tous. Ce système de santé a été organisé pour épandre au coup par coup aux demandes de soins de la population si bien que les moyens consacrés à la prévention sont négligeables par rapport à ceux consacrés au traitement des pathologies. Ce système, on le sait maintenant, entraîne une dérive des dépenses difficilement maîtrisable, et, finalement, une partie de •lus en plus grande du budget des ménages via les cotisations ou les impôts est consacrée au financement de la Sécurité sociale, comme le budget des ménages n’est pas extensible, l’augmentation des coûts de la santé contribue à réduire la part du revenu consacrée à la nourriture.1. Dans le même temps, l’industrialisa- ion de l’alimentation a permis de disposer d’une offre alimentaire peu onéreuse, mais de qualité nutritionnelle incertaine, avec des conséquences majeures sur la prévalence de maladies lites de civilisation telles que le diabète par exemple. Un cercle vicieux a donc largement été amorcé. En consacrant des efforts
considérables à traiter les pathologies sans organiser une prévention à long terme, des moyens suffisants n’ont pas été consacrés à la gestion de la chaîne alimentaire pourtant fondamentalement porteuse de bien-être et de santé.
Dans une société de partage des tâches, nos concitoyens sont entièrement tributaires des professionnels de l’alimentation pour la qualité de leur nourriture. Dans un dialogue de sourds, il est objecté qu’il revient au consommateur de faire les bons choix pour être bien no uni. Ce dernier, confronté à des offres de prix très intéressantes, sans information et sans compétences claires, adopte donc les aliments transformés qui lui sont proposés, sans se rendre compte que cela peut, à la longue, nuire à sa santé ou ne pas lui apporter la forme, le bien-être et le statut nutritionnel optimaux nécessaires à la prévention d’un très grand nombre de pathologies. Or, pour des raisons historiques très complexes, la production alimentaire a pu se développer sans un cahier des charges permettant de garantir une qualité nutritionnelle optimale, de plus les connaissances nécessaires au développement des meilleures technologies n’étaient pas disponibles. Sans une connaissance fine de la biochimie des acides gras, il n’est pas étonnant que la production des premières margarines ait abouti à la synthèse d’acides gras « trans » (avec une chaîne carbonée déformée) peu recommandables sur le plan nutritionnel. De même, il ne semble pas facile de maîtriser la production d’huiles qui aient gardé toute leur richesse en micronutriments. Il a fallu du temps pour comprendre que la production de pain blanc n’était pas un idéal alimentaire à atteindre, que la production de sucre (si nécessaire lorsque l’on en était dépourvu) se révélerait plus tard comme un des facteurs responsables, avec l’excès de gras et la sédentarité, d’une épidémie mondiale d’obésité.
À mesure que les industries de première transformation (production d’ingrédients simples de type farine, sucre, huile) et de deuxième transformation (biscuits, boissons, pâtes, yaourts, etc.) prirent leur essor, il aurait été possible d’optimiser la valeur nutritionnelle des produits en fonction des connaissances acquises. Des limites de densité nutritionnelle à respecter pour les diverses classes de produits auraient pu être définies. Ces règles de bonne pratique n’ont pas été mises couramment en place à ce jour.
évidemment, c’est 1 état nutritionnel de la population dans son ensemble qui en pâtit. L’offre majoritaire de pain blanc ne permet tas de bénéficier de la richesse des produits céréaliers en magnésium, si bien que les apports recommandés en cet élément sont mal couverts pour une large majorité de personnes. Il était pour tant prévisible que l’introduction des matières grasses ou de sucre dans un très grand nombre de produits exercerait des effets défavorables sur le statut nutritionnel des populations, que la prédominance de certaines huiles déséquilibrées en acides gras aurait des répercussions profondes sur l’équilibre physiologique lu consommateur, que l’introduction de sel caché dans divers aliments et leur appauvrissement en potassium (antidote du sodium) auraient des répercussions physiopathologiques implorantes. Tout cela était bien prévisible, mais n’a pas contribué à générer de nouvelles pratiques sans doute parce que cela pouvait constituer un frein économique à court terme. Parfois, les professionnels de l’alimentation s’abritent derrière d’apparentes incertitudes pour continuer leurs activités sans contraintes d’objectifs nutritionnels à atteindre et sans se soucier de l’impact sur la santé publique des produits qu’ils commercialisent. En l’absence d’un éclairage visionnaire suffisant de la part de ses responsables et de es spécialistes, les pouvoirs publics ont laissé se développer, sans obligation de densité nutritionnelle, une production alimentaire anarchique dont on mesure les conséquences aux États-Unis et maintenant dans bien d’autres pays. J’ai la conviction qu’une autre politique aurait pu être menée si on n’avait pas systématiquement recherché l’essor d’une activité agroalimentaire le plus puissante possible. Heureusement, une vision nouvelle et largement partagée concernant l’alimentation se développe ; on l’attend plus seulement des aliments qu’ils nous nourrissent mais aussi qu’ils aident à la préservation de la santé. C’est pourquoi ‘information dans ce domaine est devenue un enjeu considérable