Tumeurs cancéreuses et déficit immunitaire du placebo
Il est généralement admis, en cancérologie, que l’un des meilleurs éléments pronostiques du cancer du sein est représenté par le type de réaction des patientes, lorsqu’on leur révèle la nature de leur maladie : celles qui s’effondrent en disant que « tout est perdu et quelles n’ont plus qu’à attendre la mort » auraient un moins bon pronostic que celles qui répondent qu’« elles vont se battre et vaincre la maladie » (fighting spirit). Galien ne soutenait-il pas déjà que le cancer du sein frappe davantage les femmes mélancoliques que les femmes sanguines ? Le fait que la possibilité de contrôler le stress douloureux ait, d’une certaine façon, un effet antimitotique chez le rat, devrait faire réfléchir tous ceux qui soignent le cancer. Ne serait-il pas utile, totalement indispensable même, d’associer encore plus étroitement le patient cancéreux, dans la mesure, bien sûr, de ses capacités morales et intellectuelles, au déroulement et à la logique de son traitement? Ne serait-ce pas là une manière toute simple d’accroître le contrôle du stress représenté par le cancer et d’augmenter ainsi les chances d’un effet placebo que nul, dès lors, ne songerait à rejeter?
De telles constatations nous amènent à la question de la parenté du système nerveux central et du système immunitaire. Tous deux ont des origines embryologiques communes et des transmetteurs chimiques, pour la plupart, identiques.
Tous deux peuvent provoquer des réactions catastrophes en s’auto-attaquant. Attaque de panique et choc anaphylactique n’ont-ils pas en commun d’être des embrasements, auto-entretenus en boucle, de l’ensemble de l’organisme ? Dépressions nerveuses et maladies auto- immunes ne sont-elles pas deux types différents, mais comparables, de modalités suicidaires ? Ne parle-t-on pas d’ailleurs de dépression immunitaire? La célèbre enquête publiée en 1977 dans le Lancet concernant la « dépression de la fonction lymphocytaire chez les veuves » montre que chez vingt-six veuves de Boston, étudiées deux et six semaines après la perte du
conjoint, il persistait une diminution très forte de la fonction immunitaire des lymphocytes, en l’absence d’une anomalie du nombre de ces mêmes cellules. D’autres études épidémiologiques ont mis en évidence le fait que, par exemple, le début d’une polyarthrite rhumatoïde chez les femmes pouvait être lié à une forte proportion d’événements vitaux particulièrement difficiles à assumer. Là encore, un stress nerveux a amené un désordre immunitaire.
Parmi leurs nombreuses finalités, le système nerveux central et le système immunitaire ont une semblable capacité à communiquer avec l’extérieur, à stocker ou mémoriser certaines informations et à les rappeler. L’un comme l’autre sont hautement conditionnâmes. De plus, le système nerveux dit végétatif -sympathique et parasympathique – dont l’un des rôles est en quelque sorte celui d’une « Direction de la surveillance du territoire » est non seulement sous le contrôle du système nerveux central (gouvernement), mais semble jouer un rôle particulièrement important, aussi bien dans l’innervation des organes lym- phoïdes (justice) que dans les réactions locales aux sti- muli et agressions (police). Cette métaphore permet de mieux comprendre certains mécanismes psychologiques observés aussi bien en infectiologie qu’en cancérologie. Elle permet également de comprendre qu’un médecin rassurant, capable de donner un sens à la maladie et surtout au traitement, puisse provoquer chez son patient la mise en branle des systèmes neuropsychologiques et ou immunitaires propres à contenir partiellement le processus pathologique et à augmenter l’efficacité du traitement. Que l’on appelle ces phénomènes écologie, magie ou effet placebo, peu importe !
Vidéo : Tumeurs cancéreuses et déficit immunitaire du placebo
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