Qu'est-ce que l'ostéopathie ?
Définition
L’ostéopathie est un art, une science et une technique pour diagnostiquer et traiter par les mains les dysfonctions du corps humain.
C’est un art, car l’ostéopathe doit développer, par un entraînement long et minutieux, sa sensibilité au niveau des mains. Cette sensibilité lui permettra de pouvoir juger qualitativement et quantitativement les mouvements les plus fins et les plus subtils.
C’est une science car l’ostéopathie est fondée sur la par-faite connaissance de l’anatomie et de la physiologie du corps humain et sur le respect des lois naturelles régissant le fonctionnement du corps. Toutes les interrelations entre les différentes structures du corps tiennent une place pré-pondérante dans le raisonnement ostéopathique. De ce fait, l’ostéopathie est une thérapeutique holistique, c’est-à-dire qu’elle appréhende l’individu dans sa globalité (corps- âme-vécu-environnement) et qu’elle s’intéresse au patient comme un tout. Elle rejoint à travers la globalité de son raisonnement d’autres thérapeutiques dites « alternatives », comme l’acupuncture et l’homéopathie.
C’est une technique, car le rôle de l’ostéopathe est de donner l’impulsion indispensable à l’organisme pour lui restituer son potentiel d’autoguérison (homéostasie). Pour ce faire, le thérapeute agit uniquement avec ses mains pour déceler et corriger les restrictions de mobilité qui peuvent toucher un os, une articulation, un tissu, un organe ou un viscère.
Les trois principes de l’ostéopathie
Still, qui énonça les principes de l’ostéopathie, se heurta en son temps à l’hostilité de ses confrères. Sutherland, son élève, ne connut pas un sort plus heureux. De nos jours, l’ostéopathie acquiert ses lettres de noblesse puisque son efficacité est démontrée tous les jours par ses résultats. Les trois principes de l’ostéopathie, énoncés par le docteur Still, restent plus que jamais d’actualité.
L’homeostasie
L’importance du phénomène de l’homéostasie a été démontrée par Cannon, à Harvard, au tout début de notre siècle. Elle représente la faculté des organismes vivants à maintenir une constante, un équilibre, une stabilité relative aux phénomènes physiologiques. Les viscères, indis-pensables aux fonctions vitales, nécessitent une protection contre les agressions du milieu extérieur, et un environne-ment interne adapté à leur activité. Le corps humain préserve ainsi au mieux son capital vital, par le biais de techniques qui lui sont propres : l’autorégulation, l’autodéfense et l’autoguérison. Cette notion d’homéostasie est importante à bien comprendre. Elle représente ce que l’on appelle plus simplement « la qualité de terrain ». La prise en compte de cette qualité du terrain dans son examen, dans son raisonnement et dans son traitement permet de parler de l’ostéopathie comme d’une thérapeutique réellement préventive puisque la dégradation du terrain précède toujours l’apparition du symptôme.
L’autorégulation
La machinerie humaine détient le pouvoir de réguler ses fonctions spécifiques par rapport à ses besoins : c’est pourquoi la température du corps reste égale quel que soit l’environnement extérieur (soit environ 37 °C), facilitant la bonne marche des réactions chimiques nécessaires au maintien de la vie. Cette constante est provoquée par la parfaite cohésion des apports extérieurs (nutrition, etc.) et des déperditions thermiques. Le siège de ce « thermostat » humain se trouve dans le cerveau : c’est l’hypothalamus. La tension artérielle, qui intéresse la pression du sang dans les artères, répond à la même demande de stabilité.
Le taux de sucres et de graisses dans le sang doit rester adapté aux besoins de l’individu. En lutte permanente pour préserver ses fonctions vitales, l’organisme modifie constamment ses paramètres afin que l’équilibre soit conservé. Si le déséquilibre perdure, le corps compense mais si ces compensations sont trop nombreuses, il va être mis en échec dans son autorégulation, il va « décompenser » ; c’est alors qu’apparaît le symptôme. Prenons l’exemple du travailleur de force : ses besoins énergétiques importants régulent son appétit en rapport. S’il limite ses apports caloriques, son corps subira des carences alimentaires, donc énergétiques : il maigrira, perdra des forces… Pour se maintenir en forme, il doit d’abord être à l’écoute de son corps, qui lui dicte ses
besoins nutritionnels.
L’autodéfense
L’autodéfense de la machine humaine permet de lutter contre les agressions extérieures. Ces phénomènes d’autodéfense sont commandés par le système nerveux : l’organisme produit des anticorps en cas d’attaque virale ou microbienne ; une attaque microbienne sera jugulée par un épisode fiévreux qui empêchera son action. Ce procédé naturel fonctionne dans la mesure où l’organisme possède toutes ses capacités (circulation correcte du sang, de la lymphe, des informations, structures en bon état et fonctions efficaces). Dans le cas contraire, la maladie s’installe ; l’objectif de l’ostéopathie est de restaurer les facultés d’autodéfense afin que l’organisme recouvre son autonomie face à l’agression. Mieux, elle peut jouer un rôle préventif, en dégageant préalablement la machine humaine des lésions (effets) engendrées par des troubles (causes), en libérant les voies de communication (sang, lymphe, nerfs).
L’autoguérison
L’organisme possède (jusqu’à une certaine limite) ses propres moyens de guérison si l’environnement, la nutrition, les relations structures/fonctions sont normaux ou normalisés. Le traitement ostéopathique, dans la mesure où il est bien mené, agit sur les voies de communication du corps, sur les structures, les libère et restaure les capacités du corps humain à s’autoréparer. Recouvrant la santé, l’organisme assure pleinement ses aptitudes d’autorégulation, d’autodéfense et d’autoguérison. Citons deux ouvrages parlant de l’homéostasie :
Là où la structure est normale et harmonieuse, la maladie ne peut se développer (A. T. Still) ;
Le microbe n’est rien, le terrain est tout (Claude Bernard).
Prenons deux exemples:
• Pendant une épidémie de grippe, la quasi-totalité de la population est en contact avec le virus. Or, tout le monde ne va pas déclarer la maladie. Les individus jouissant d’une homéostasie correcte vont pouvoir mobiliser leur autodéfense pour vaincre le virus et rester en bonne santé.
• Un courant d’air froid au niveau du cou va quelquefois être à l’origine d’un torticolis. Cela suppose de la même façon une dégradation du terrain par des lésions préexistantes (contractions, blocages, contrariétés) mais compensées par les mécanismes d’autodéfense (donc indolores). Cette région étant déjà mobilisée par son travail decompensation ne pourra pas supporter une agression supplémentaire. Elle va alors extérioriser son déséquilibre : c’est l’apparition du symptôme.
Pour parvenir à ses fins et préserver son homéostasie, le corps va utiliser toutes les interrelations existant entre toutes les structures qui le constituent. Nous allons détailler maintenant ce deuxième grand principe de l’ostéopathie.
Interrelations structures /fonctions
La structure du corps nous permet d’agir, de nous mou-voir, de garder une position. Les fonctions, c’est-à-dire les systèmes de maintenance et d’entretien du corps, assurent la bonne marche de l’ensemble. Lorsqu’un trouble de la structure apparaît, les fonctions ne peuvent plus remplir correctement leur rôle. De même, une fonction déréglée perturbe la structure. Détaillons un peu les différentes relations existant au niveau du corps.
Interrelations musculaires
Elles sont multiples, mais intéressons-nous plus particulièrement à certaines liaisons du système nerveux autonome. Les ganglions de la chaîne sympathique sont situés le long de la colonne vertébrale. Ils sont en relation avec les organes et les viscères, mais aussi en relation directe avec les vertèbres et les muscles de la colonne vertébrale. Ainsi, un blocage d’une vertèbre peut perturber le fonctionnement du ganglion en relation avec elle et, de ce fait, perturber le fonctionnement des organes ou viscères en relation avec le ganglion. De même, un déséquilibre chronique d’un organe comme le foie peut, par les influx nerveux qu’il va émettre, entraîner une contracture des muscles de la colonne vertébrale et induire des blocages vertébraux. Nous avons alors une relation directe entre organes et colonne vertébrale, cette relation fonctionnant dans les deux sens. Nous pouvons donc souvent voir, par exemple, une lombalgie due à un problème intestinal.
Interrelations liquidiennes
Le sang, la lymphe et le LCR circulent partout au niveau du corps, apportant la nourriture, permettant l’élimination et assurant les défenses immunitaires.
Lorsqu’il y a perte de mobilité (lésion ostéopathique), il y a diminution de la microcirculation locale, donc, diminution des défenses immunitaires locales et transformation des tissus avec développement de la fibrose. L’intégrité de la physiologie dans ses mécanismes les plus fins est indispensable à une bonne circulation liquidienne.
Interrelations musculaires
Le muscle et les libres musculaires se trouvent partout au niveau du corps. Il est intéressant de prendre conscience qu’une grande partie de l’activité musculaire n’est pas sous la dépendance de la volonté, à commencer par l’activité de base du muscle : le tonus musculaire. Le muscle tient une place importante dans les mécanismes de compensations et dans ce que nous appellerons la dilution des compensations pour qu’elles soient le moins gênantes possible. Une compensation est un mécanisme automatique plus ou moins direct nous permettant d’empêcher l’apparition d’une douleur, ou d’en atténuer l’intensité. Les chaînes musculaires forment un tout indissociable. C’est ainsi qu’un problème à l’extrémité d’une chaîne musculaire peut entraîner un déséquilibre à l’autre bout de cette chaîne. Un seul muscle comme le grand dorsal met en relation directe l’iliaque (os du bassin) et l’humérus (os du bras). Un déséquilibre du bassin (dont l’origine peut être un problème viscéral, par exemple) peut entraîner un problème d’épaule et inversement. Nous voyons donc que ce système qui permet une autorégulation (un autocontrôlé satisfaisant) peut aussi générer rapidement un déséquilibre.
Interrelations par les fascias
Les fascias représentent tous les tissus membraneux du corps. Ils mettent donc toutes les structures du corps en interrelation, formant une grande toile d’araignée soutenant, tapissant et protégeant toutes les structures corporelles. Les fascias sont animés d’un mouvement permanent en relation avec le MRP. Un blocage va perturber la mobilité des fascias comme si on tirait sur une extrémité d’une toile d’araignée : toutes les fibres de la toile se trouvent alorsdéformées et attirées par ce point de traction. Il en va de même pour les fascias.
Relations organes-viscères et structure osseuse
Nous l’avons vu plus haut dans les relations nerveuses, mais la relation peut être aussi mécanique. Ainsi, un utérus en rétroversion va entraîner une bascule du sacrum, donc, une augmentation de la courbure lombaire. De même, un cæcum (début du gros côlon) dilaté peut engendrer une ouverture de l’iliaque droit.
Relation occlusion dentaire et équilibre général
L’occlusion dentaire, c’est-à-dire le positionnement des mâchoires lorsque les dents sont serrées, a une grande répercussion sur l’équilibre général du corps.
Une mauvaise occlusion dentaire peut de façon directe provoquer des cervicalgies, des maux de tête, des étourdissements…, mais aussi un déséquilibre du bassin, pouvant à son tour induire une apparente différence de longueur des membres inférieurs. Le bon traitement consiste alors à corriger l’occlusion dentaire (traitement dentaire plus ostéopathique) et non à mettre une talonnette.
Relation psychosomatique et somato-psy
Il est reconnu aujourd’hui que, dans la quasi-totalité des pathologies existantes, il y a une participation psychique. Une simple contrariété peut être le facteur déclenchant une douleur dans le dos, des troubles digestifs… L’ostéopathe retrouvera souvent, en examinant son patient, des blocages, des tensions en relation avec des conflits présents ou anciens qui sont restés inscrits au niveau du corps. Mais cette relation psychosomatique fonctionne dans les deux sens. Une personne qui, à la suite d’un faux mouvement (mise en route d’une tondeuse à gazon…) ou d’une chute, se bloque la quatrième vertèbre dorsale et la quatrième côte gauche, par exemple, peut ressentir de fortes angoisses. L’ostéopathe, en travaillant au niveau du corps, ne limite pas son action à ce niveau mais peut soulager aussi des états psychologiques perturbés.
Toutes ces interrelations, que nous avons succincte¬ment étudiées, nous amènent à énoncer le troisième principe, qui devient une évidence.
L’ unité du corps
L’homme envisagé dans sa globalité Les cellules du corps humain appartiennent à l’organe situé dans l’organisme, lui-même lié au cosmos. L’individu correspond à une unité pensante, agissante, en proie à ses émotions. La médecine traditionnelle a tendance à morceler la machine humaine en « pièces » et à ignorer la relation existant entre ces éléments et le mouvement qui les anime. Les structures du corps, quelles qu’elles soient (os, muscles, fascias), sont agencées afin de pouvoir se mouvoir harmonieusement, en respectant ce principe de l’unité d’un même corps, animé par les mêmes forces vitales. L’âme et le corps de l’individu sont appréhendés comme un grand tout, en interaction constante.
Unité des structures
Les structures forment le bâti du corps, sa constitution. Cet ensemble est agencé solidairement. L’armature osseuse fait office de charpente dont la colonne vertébrale serait l’élément clé ; la ceinture pelvienne (le bassin), la ceinture scapulaire (les épaules), ainsi que la « boule crânienne » sont fixés à cette colonne de vie, comme les autres structures du corps, molles ou semi-liquides (système musculaire et fascias entourant les organes et viscères). Tous les tissus sont donc en étroite relation et contraints à travailler ensemble, à travailler unis dans le grand tout de l’organisme.
Le tissu conjonctif
Le tissu conjonctif joue un rôle prépondérant dans le principe de l’unité de l’individu, puisqu’il organise la continuité du corps et permet à l’ensemble des organes de rester solidaires. Les structures (le système musculo-fascio-squelettique) et les viscères sont également en interrelation par le biais des appareils circulatoires (sang, lymphe…) et nerveux. Le corps parvient d’autant mieux à se maintenir en harmonie et à communiquer que les structures et les fonctions nourrissent une relation réciproque satisfaisante. Cette unité, ces interrelations, obligent l’ostéopathe à chercher ce qui se cache derrière le symptôme.
Prenons un exemple. Une douleur d’épaule peut résulter d’un problème cervical, dorsal, de blocages de côtes, de clavicule, d’un déséquilibre du bassin, d’un problème de foie (pour l’épaule droite), d’un geste professionnel irritant…
Si un déséquilibre du bassin est principalement responsable de cette douleur d’épaule, il faudra trouver ce que ( cheville ce déséquilibre : séquelles d’entorses (cheville, genou, etc.), problème viscéral…
Nous voyons à travers cet exemple que, quel que soit le problème ayant incité le patient à consulter, l’ostéopathe devra procéder à un examen et à un traitement généraux. Ne vous étonnez pas s’il vous examine les chevilles alors que vous êtes venu le consulter pour un problème cervical..
Vidéo : Qu’est-ce que l’ostéopathie ?
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