Quand on réve,que se passe-t-il dans le cerveau ?
Il se passe la même chose que lorsqu’on est éveillé, à la différence près… que l’on dort! Que l’on soit en train de lire ou de rêver, l’encéphalogramme est en effet presque identique, ce qui est troublant car, si l’activité neuronale est la même, alors pourquoi dort-on? Pourquoi, lorsqu’on rêve de course à pied, ne court-on pas? Tout simplement parce que le sommeil sert précisément à récupérer! Cette évidence cache pourtant une réalité particulièrement énervante pour le monde scientifique: qu’est-ce qui empêche que « l’orage cérébral » propre au rêve se propage à tout le corps ? Lors d’un rêve, en effet, seuls les yeux bougent, ou presque. Pourquoi, au juste, en est-il ainsi?
Des expériences de laboratoire, menées notamment sur le chat, ont permis de lever un coin du voile. Elles ont mis en évidence le rôle primordial joué par le sommet de la moelle épinière, cette partie renflée attachée au bas du cerveau. On y a identifié deux centres nerveux antagoniques. Le premier est composé du noyau dorsal du raphé et du locus cœruleus. Le second, dénommé « tegmentum pon- tique », est le siège du « système excitatif ». Son rôle est de réprimer le « système permissif », localisé dans deux petites régions de ce même tegmentum : le cœruleus et le locus subcœruleus.
Que se passe-t-il dans cet endroit caché de l’encéphale ? En éveil, le système excitatif est inactif. L’autre est donc activé: le courant passe entre le cerveau et les organes. À l’inverse, après l’endormissement, l’hypothalamus et certains neurones de la moelle épinière lèvent leur contrôle sur le système excitatif. Cela bloque en conséquence l’activité du système permissif. L’intense dynamisme neuronal du cerveau en phase de « sommeil paradoxal » – le nom scientifique du rêve – ne peut alors être véhiculé jusqu’aux nerfs moteurs. Seuls sont sollicités ceux reliés aux yeux, aux muscles respiratoires, au système vestibulaire (oreille interne) et aux organes sexuels externes (pénis et vagin).
Non sans humour, on a baptisé « SP-OFF » les neurones permissifs, et « SP-ON » ceux de la zone excita- tive. Chez le chat, la destruction des premiers entraîne des réactions étonnantes : tout en continuant de rêver, le chat court après les souris qu’il imagine, se met en boule pour se défendre contre un ennemi inexistant, se dirige en bondissant vers sa gamelle, sans jamais pourtant réagir à des sollicitations visuelles ou auditives. Il dort, mais en étant tout à ses rêves durant quelques minutes. Il se réveille après chaque rêve intense, puis se rendort.
Ainsi, quand on rêve, des zones du cerveau s’affrontent à coups de neurotransmetteurs. En revanche, on ignore pourquoi l’on perçoit des images en rêve… Même si on semble s’approcher d’un début de réponse: des patients au crâne bardé d’électrodes, plongés en plein rêve, ont révélé une activité particulière dans des zones de leur cortex dévolues à certaines tâches, dont, justement, ces sujets ont ensuite déclaré avoir rêvé. Chez ceux qui s’étaient vus portant une valise, par exemple, c’est la zone du cerveau impliquée dans la préhension qui avait été activée…
Vidéo : Quand on réve,que se passe-t-il dans le cerveau ?
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