Psychothérapie des maladies graves
Qu’une intervention psychologique puisse complètement modifier le pronostic de maladies graves, l’idée n’est pas nouvelle. Certains psychanalystes, tel Grod- deck, élève d’abord favori puis excommunié de Freud, ont décrit avec force détails comment ils guérissaient instantanément certaines maladies – un œdème généralisé, par exemple – par la seule vertu d’interprétations astucieuses, assorties de la bienfaisance d’une cure thermale et d’une diète sévère. Il existe actuellement un renouveau américain de cette approche, certains auteurs allant jusqu a proclamer les succès éclatants de la psychothérapie, dans la prise en charge de certains cancers. Jacques Dantzer rapporte comment un psychothérapeute californien lui avait longuement écrit pour lui raconter comment il était parvenu à démontrer à l’un de ses patients que sa tumeur au poumon gauche provenait de ses problèmes professionnels. Du coup, il avait institué une psychothérapie destinée à faire disparaître ladite tumeur et, assuré par avance du résultat, il envisageait, dans un but scientifique bien sûr, de ré-exposer son patient à ses problèmes initiaux afin d’observer le retour éventuel de la tumeur!
L’expérience de Sklar et Anisman, effectuée en 1979, renforce cette idée. Des cellules tumorales inoculées à des souris prolifèrent plus rapidement et entraînent une mortalité supérieure si les animaux sont exposés à des chocs auxquels ils ne peuvent échapper. De façon encore plus subtile, il a été montré que, pour des rats, le fait d’être « informés à l’avance », c’est-à-dire de pouvoir anticiper les chocs, avait une influence : lorsqu’ils sont annoncé par un bruit ou une lumière, les chocs ne perturbent pas la prolifération des lymphocytes, alors que non signalés à l’avance, ils perturbent significativement la lympho- prolifération. Cette expérience démontre l’importance des facteurs dits subjectifs sur la croissance tumorale, et implique la mise en jeu de facteurs centraux d’intégration. L’étude de Visintener, Volpicelli et Seligman, publiée en 1982, est particulièrement intéressante à cet égard : chez le rat, une tumeur – sarcome Wal- ker 256 en développement – est greffée par des injections sous cutanées, de façon à permettre une prise de la tumeur chez 50 % des animaux contrôlés.
Tous les rats sont issus de la même lignée, et donc génétiquement comparables. Vingt-quatre heures après la greffe minórale, pendant la période declairement au cours de laquelle ils dorment, les rats sont divisés en trois iU’oupes et placés dans trois types d’« environnement » différents. Le premier groupe, dit groupe témoin, est placé dans une cage où il est laissé en paix. Il servira de base de comparaison (groupe témoin). Le second groupe reçoit des chocs électriques douloureux sur lesquels il ne peut avoir aucune action. Il ne fait que les subir, sans échappatoire ni contrôle. Le troisième groupe reçoit, exactement en même temps, les mêmes chocs électriques douloureux, mais apprend vite à les contrôler au moyen d’une pédale qui non seulement interrompt les décharges qu’il reçoit, mais interrompt au même instant celles que reçoit le deuxième groupe. Le deuxième et le troisième groupe reçoivent donc rigoureusement la même quantité de courant, c’est-à- dire de stimulus douloureux, mais le troisième groupe, contrairement au second, acquiert le contrôle de la situation. Au bout d’un mois, tous les animaux sont sacrifiés et autopsiés. Dans le groupe contrôle, le taux de prise de la tumeur atteint 54 %, dans le deuxième il est de 63 % et dans le troisième 27 %. Il est donc possible d’affirmer que, dans les conditions de l’expérience, un stimulus douloureux, stressant dans l’acception commune du terme, représente une forme de traitement efficace de la tumeur cancéreuse, à condition que l’animal contrôle la situation.
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2 réponses pour "Psychothérapie des maladies graves"
P.S. Je regrette beaucoup que l’auteur de cet article n’ait pas pris la peine de indiquer le second paragraphe était tiré IN EXTENSO du livre Le mystère du placébo, Patrick Lemoine, Odile Jacob, 1996, pp. 90-91. Pour le reste, je n’ai pas vérifié mais j’invite l’auteur à citer ses sources, comme je l’ai fait par ailleurs !
N.B. Le premier paragraphe provient aussi du livre Le mystère du placebo !