Psychologie du vieillissement : Le trépas et le deuil
Paradoxalement, la mort fascine et angoisse. Elle est omniprésente sur nos écrans de télévision et de cinéma mais nous la chassons de notre esprit et de notre domicile.
Malraux pensait que la condition humaine était indissociable de la conscience que l’être humain avait du caractère temporel de sa vie et de l’inexorable fin de celle-ci dans le trépas. Les religions qu’elles soient antiques ou monothéistes ont développé une mystique de la mort et un système de croyances reposant souvent sur l’idée d’une autre vie après la vie terrestre. Mis à part l’homme de Néandertal dont la parenté avec notre espèce, homo sapiens sapiens, reste problématique, aucune autre espèce que l’homme n’enterre et ne pleure ses morts. L’apparition de rituels religieux mortuaires dès l’aube de l’humanité témoigne de l’importance accordée par les hommes à ce phénomène. La plupart des spécialistes s’accordent pour considérer l’apparition de ces rituels comme un critère fondamental de l’hominisation, c’est-à-dire de l’apparition et de la spécificité du groupe humain.
La mort n’est pas, comme notre société aux valeurs matérialistes nous conduit à le penser parfois, un échec médical, mais un aboutissement naturel de la vie. Jusque dans les années soixante, un tabou culturel a détourné les chercheurs de l’étude de la psychologie du mourant et du deuil. Depuis, une nouvelle discipline est née, «la thanatologie», qui étudie l’expérience de la mort, de l’agonie et du processus de deuil. Elle a aussi fourni des résultats qui ont aidé à l’élaboration de programmes de formation des équipes soignantes à l’accompagnement au trépas.
La personne âgée est évidemment plus confrontée à la mort et ce de deux façons. Tout d’abord, elle est directement concernée car consciente que du jour au lendemain son médecin peut lui annoncer qu’elle est atteinte d’une maladie incurable. Mais elle constate aussi la mort autour d’elle de personnes qui lui étaient proches ou qu’elle connaissait, et parfois il s’agit de son conjoint. «Comment vit-on une mort annoncée ?» et «comment vit-on un deuil ?» sont les deux questions fondamentales.