Problèmes divers de l'acupuncture et tabagie
Acupuncture et tabagie
Quand un patient téléphone pour une consultation anti-tabac, je m’assure d’abord qu’il est bien décidé à s’arrêter de fumer. Je lui demande au téléphone de cesser complètement de fumer le jour de la consultation. Le rendez-vous est fixé en fin d’après- midi.
Le patient respecte vaille que vaille l’abstinence complète que je lui ai proposée. Il est en général très nerveux quand il arrive à son rendez-vous.
Dans le schéma de traitement que j’applique personnellement, les aiguilles mises en place vont avoir deux types d’action :
- déstresser le patient
- modifier et diminuer son besoin de fumer.
L’action anti-stress de l’acupuncture est très importante et va aider considérablement le patient. Les aiguilles sont disposées comme dans les traitements anti-stress habituels au niveau de la tête, de l’abdomen et des membres.
Les aiguilles destinées à diminuer le besoin de fumer sont placées au niveau du pavillon de l’oreille et des ailes du nez. Leur pose est plus désagréable mais la douleur causée par leur mise en place ne dure qu’une fraction de seconde.
Il semble que les aiguilles placées au niveau des ailes du nez et de l’oreille sont capables de modifier transitoirement l’olfaction. Cette modification du sens olfactif aboutit à une certaine répulsion pour le parfum du tabac (parfois même pour le vin).
La séance sera répétée une ou deux fois dans les quinze jours qui suivent la première consultation.
Certains conseils diététiques sont donnés :
1) Principalement, s’abstenir de toute prise d’alcool. L’alcool diminue la vigilance. Or fumer est un geste automatique déjà fait le plus souvent des milliers et des milliers de fois. Si la vigilance du patient diminue, il risque de prendre machinalement une cigarette et l’allumer. Or l’abstinence doit être complète pour que la cure anti-tabac réussisse durablement.
2) Sucer des clous de girofle : ces petits clous de girofle dégagent alors un parfum très puissant. Ce parfum se marie très mal avec celui du tabac et contribue à créer une répulsion pour la cigarette.
3) Si possible, s’abstenir de café et de thé à cause de l’effet excitant de ces boissons sur le système nerveux.
On demande au patient d’arrêter de fumer dès le matin du jour de la consultation pour des raisons pédagogiques. En effet, arrivé nerveux car il lui a été difficile de ne pas fumer pendant la journée, le patient va se détendre pendant la séance d’acupuncture. Il en appréciera d’autant mieux l’intérêt.
Contrairement à ce qui se passe quand on traite une pathologie quelle qu’elle soit, on demande ici la collaboration du patient. Or il est difficile pour lui de faire le partage entre l’effort qu’il va devoir faire et l’aide qu’il reçoit.
Le patient mesure mieux la qualité de cette aide quand, arrivé crispé, il repart détendu.
Taux de réussite
Il avoisine les 70 % dans un premier temps du moins. Ce pourcentage diminue si on fait un bilan une année après la cure. Cela n’est pas étonnant car la tabagie est une vraie toxicomanie et à ce titre elle est difficile à traiter.
Par ailleurs, l’ancien fumeur, quand il doit faire face à des difficultés dans son existence, a tendance à revenir au tabac. Prendre une cigarette, l’allumer, la tenir en main et fumer forment une sorte de rituel qui, dans sa mémoire, est vécu comme apaisant.
En fait, en cas de stress, plutôt que de fumer à nouveau, le patient aurait intérêt, tant pour éviter une rechute que pour se sentir mieux psychiquement, à refaire quelques séances « anti-
stress ». D’autant qu’il est plus facile d’éviter une rechute que d’obtenir un nouveau sevrage.
Effets secondaires de l’arrêt du tabac
Une prise de poids de 0,5 à 2 kg est acceptable. Certains pensent qu’elle résulte d’une modification du métabolisme induite par l’arrêt de la tabagie.
Ceci dit, sont considérés comme des succès de la méthode, les patients ne présentant pas d’effets secondaires tels nervosité accrue, augmentation de poids supérieure à 2 kg, vertiges, etc.
L’obésité
Quand un patient veut restreindre son apport calorique, il doit être capable de supporter les inévitables frustrations alimentaires que cela implique. Il ne peut être ni anxieux ni dépressif sous peine de voir son état nerveux empirer.
L’acupuncture peut aider le patient obèse de deux façons :
1) elle peut équilibrer son système nerveux
2) elle peut effectivement diminuer l’appétit dans un certain nombre de cas.
Le patient doit alors profiter de l’aide non négligeable qu’on lui apporte pour bien suivre le régime prescrit.
Conclusion
Le taux de réussite de l’acupuncture oscille entre 60 et 90 % suivant les affections traitées. Ce taux est assez élevé surtout si on tient compte du fait que nos patients consultent généralement (du moins jusqu’à présent) après l’échec de la médecine classique.
L’éventuel enthousiasme du lecteur doit être tempéré par un fait important : il faut que sa maladie (pour autant qu’il en ait une) soit bien du domaine des maladies fonctionnelles et ne soit pas une pathologie organique imitant une pathologie fonctionnelle.
C’est uniquement le médecin, rappelons-le, qui est capable de faire la distinction entre une maladie fonctionnelle et une maladie organique qui l’imite.