Pourquoi la tété n'a-t-elle jamais la chaire de poule ?
Faites-vous peur ou sortez nu en plein hiver, et observez bien votre peau: à chaque petit mont qui apparaît – la fameuse « chair de poule » – correspond un poil. Regardez-vous maintenant dans une glace. Votre visage est-il recouvert de poils ? Non. Voilà pourquoi on n’a jamais la chair de poule à la tête ! Bien sûr, notre chef est surmonté de cheveux, mais ils sont bien trop longs et lourds pour
pouvoir se soulever. De même, les durs poils de barbe des hommes ne risquent pas de se redresser.
La chair de poule (ou « horripilation » dans le vocabulaire clinicien) est un processus incontrôlable lié à la survie. Lorsque les quelque 100000 capteurs de température disséminés sur la peau repèrent une variation négative supérieure à 0,1 °C, ils en informent l’hypothalamus via leurs nerfs afférents. Situé sous le cerveau, cet organe est le siège du système neurovégétatif. Il s’assure que les fonctions vitales de l’organisme se maintiennent. C’est dire l’importance du mécanisme de la chair de poule.
Egalement informé par le refroidissement du sang, l’hypothalamus envoie ses ordres au système sympathique via la moelle épinière. Comme le neurone attaché au bulbe de chaque poil, sous la peau, est connecté à un muscle, il réagit en l’excitant. Ce muscle, dit arecteur, se contracte. Le poil se redresse tant et si bien que le bulbe sort de la peau. Ainsi déployés, lui et ses milliers de congénères emprisonnent une grande quantité d’air qui, chauffée par la peau à la température du corps, sert en quelques minutes d’isolant.
Toutefois, chacun sait que cette protection physiologique n’est pas suffisante: même les hommes les plus velus ne sauraient se prémunir efficacement contre le froid. En réalité, notre chair de poule est la version très altérée d’un procédé qui préserve réellement oiseaux et mammifères et qui fait partie du patrimoine génétique commun à ces deux groupes. Nous en avons hérité et l’utilisons toujours par réflexe ancestral, comme première barrière au froid, mais surtout pour préparer notre corps à résister à un stress maximal, comme la peur. Cela n’est d’ailleurs pas plus efficace : si le chat peut encore effrayer le molosse en hérissant tous ses poils, la méthode relèverait plutôt du pathétique en ce qui nous concerne.
Pour l’essentiel, nous supportons le froid grâce au frissonnement. Celui-ci crée de la chaleur par frottement entre les fibres musculaires et grâce à l’augmentation du métabolisme cellulaire activé . Cet ensemble de réactions chimiques fabrique aussi de la chaleur, en puisant sur les réserves de l’organisme, d’abord de sucres, puis de graisses. Après trois ou quatre heures, tous ces mécanismes ralentissent, et le corps se refroidit lentement. En dessous de 32 °C, il est rarement « récupérable », comme disent les urgentistes. Surtout s’il y a eu ingestion d’alcool .