Pénurie chez les dermato
Pénurie chez les dermato
Cette extension du domaine de l’esthétique ne concerne pas seulement les chirurgiens. La même pénurie de spécialistes sévit chez les dermatologues.
En principe, la médecine esthétique devrait être pratiquée par des dermatologues, c’est-à-dire des médecins ayant suivi une spécialisation de quatre ans au cours de leurs études et des stages de formation aux techniques nouvelles. La dermato- vénérologie est exercée en France par environ 3 400 médecins, en cabinet privé pour 92 %, et en services hospitaliers pour 8 %, ce qui est notoirement insuffisant si l’on songe à Factuelle multiplication des maladies de la peau : allergies et cancers cutanés sont en constante augmentation.
À Paris et dans les grandes métropoles, il est possible d’obtenir un rendez-vous chez un dermato dans un délai de quinze jours mais, dans certaines régions, on m’a affirmé qu’il fallait s’y prendre trois mois à l’avance pour décrocher une consultation. Les gynécologues et les dermatologues manquent cruellement en dehors des très grandes villes de la Côte d’Azur et de l’île-de-France. Cercle infernal : les praticiens manquant en région, les patientes « remontent » vers Paris quand elles souhaitent une intervention esthétique, si bien que les jeunes spécialistes ont tendance à tous s’installer dans la région parisienne où ils sont certains de trouver une nombreuse clientèle. Ce qui aggrave, en retour, le manque de dermatologues en province. La capitale offre un double avantage : la concentration en personnel, en matériel médical et chirurgical, ainsi qu’une certaine garantie d’anonymat.
Dans les années 1990, à la suite de décisions politiques visant d’ailleurs d’autres spécialités (les gynécologues et les ophtalmologues en particulier), le nombre d’étudiants autorisés à s’inscrire en dermatologie a été considérablement réduit, si bien qu’aujourd’hui les nouveaux dermatologues ne compensent pas ceux qui partent progressivement à la retraite. Une importante pénurie est ainsi prévisible d’ici 2010, alors que les demandes de consultation ne cessent de progresser en raison du vieillissement de la population et de la dégradation de l’environnement. Un exemple : on estime que le nombre des cancers de la peau augmente de 10% par an. Le Syndicat national des dermato-vénéréologues s’efforce de faire modifier cette orientation politique néfaste, mais, même s’il y parvient, les étudiants d’aujourd’hui ne seront opérationnels qu’aux environs de 2015.