Neuf mois et plus… un détachement en douceur
L’allaitement, période d’intimité intense entre l’enfant et sa mère, se poursuit au gré de chacun afin que l’un et l’autre puissent approcher progressivement l’étape du sevrage…
De l’illusion
nouveau-né, au début de sa vie, baigne dans l’illusion que sa mère et le sein sont éternels, que rien ne les séparera jamais. au début, si tout se passe bien, tout concourt à entretenir cette illusion. ses différentes demandes sont satisfaites : un lait parfait, adéquat à ses besoins, qui coule à sa demande, un corps, des bras et un sein disponible à le nourrir de « cœur et de lait ». cet état, dans lequel « tout coule et tout baigne », prolonge celui in utero dans lequel il était plongé dans « l’idéal ». éden utérin qu’il a quitté pour atterrir sur le corps de sa mère… première réalité et première séparation de l’illusion. malgré la continuité lactée, il est de plus en plus – mais en douceur – confronté à la réalité. sa mère ne peut pas toujours répondre à ses besoins impérieux. la frustration, le manque lèvent le brouillard de l’illusion. aucun être humain ne se soustrait à la désillusion pour devenir adulte.
L’enfant réalise progressivement que tout n’est pas bon, gentil, généreux et éternel. Il intègre l’autre face de l’existence : celle du « non », du manque, de l’absence et de l’agressivité.
Le sevrage bien conduit est une inscription dans la réalité qui lui permettra de ne pas se leurrer sur lui et sur les autres.
Chacun a rencontré des personnes qui se racontent que « tout le monde il est bon, tout le monde il est gentil ». Elles tombent de très haut et se font très mal quand elles découvrent l’envers du décor ! Attitude protectrice d’une situation difficile, dont il valait mieux se dégager… en l’idéalisant.
Quand l’allaitement n’est plus une nourriture
Le besoin de teter demeure
Si l’alimentation lactée ne suffit plus à l’enfant de neuf mois, le besoin de téter, lui, demeure. Ne soyez pas offusquée de voir remplacer votre sein par une « horrible » tétine en caoutchouc. Longtemps encore, l’enfant aimera téter ses liquides. Si vous lui donnez du lait deuxième âge, ne le donnez pas à la tasse ni au verre à capuchon, et ne choisissez pas une tétine « rapide ». Conserver son effort de succion grâce à des tétines à petit trou est toujours bon pour l’enfant. Il lâchera de lui- même le biberon du matin quand il le décidera. Même quand on est à la maternelle, les réveils sont souvent plus faciles avec un biberon au lit ! Le besoin de téter est variable d’un enfant à l’autre. S’il est très important, l’enfant trouvera son pouce ou aimera sa « tétine ». En tétant ainsi, il cherche à équilibrer ses tensions intracrâniennes après des moments difficiles. Mais, parfois, cela ne suffit pas, et une visite de contrôle chez l’ostéopathe pourra apprécier l’équilibre crânien et, si nécessaire, le solliciter (voir « L’ostéopathie », page 247). Peut-être la tétine satisfait-elle, chez l’enfant, le besoin d’un objet de transition entre sa mère et lui. D’autres choisiront un jouet ou un tissu familier, qu’ils téteront… ou pas. Faites confiance à votre enfant et laissez-le se sevrer tout seul de sa tétine. N’entretenez pas son besoin en la lui proposant dès qu’il vous embarrasse ! Sachez répondre à ses demandes nouvelles d’enfant grandissant.
La mère la nourriture et l’amour à l’aube de la vie
Depuis le fond des âges, la mère a toujours été investie du devoir de nourrir son enfant. Il n’y a rien à faire, c’est elle qui porte les seins. Dans les sociétés primitives, le père chasse et la mère nourrit les enfants. Si ces traditions ne sont plus tout à fait d’actualité, elles n’en sont pas moins résurgentes lorsque la femme allaite. Elle est, pour son enfant, la pourvoyeuse principale de son confort, de son plaisir et de son bien- être. Car c’est au travers de l’alimentation que l’enfant fait, peu à peu, connaissance avec sa mère, puis avec le monde qui l’entoure. À l’aube de son alimentation, ces premières expériences de « manger » lui apportent un plaisir physique qui, au fur et à mesure, se transforme en plaisir affectif. L’enfant va associer nourriture et amour puisque, en même temps que le lait remplit sa bouche et son estomac, un tendre regard, des bras chauds et ronds l’enveloppent, des paroles tendres et aimantes le caressent. Cette première expérience est la source de son éveil affectif et de sa capacité d’aimer.
Mais le voyage continue… Avec le sevrage, la nourriture se dissocie du corps maternel. En échange, son caractère affectif et relationnel prend, pour l’enfant, une vigueur symbolique encore plus puissante, tandis que la mère, naturellement, reporte une des expressions de son amour sur l’art de le nourrir. Elle choisit les meilleurs aliments et lui prépare le repas en y mettant du temps et de l’amour. Une partie d’elle-même est dans l’assiette de son enfant. S’il refuse les mets, habituellement elle ne le vit pas bien. Elle se sent personnellement atteinte… comme s’il la refusait, elle.
Nourriture et contestation
La nourriture reste et restera pour longtemps un vecteur de communication entre la mère et son enfant. L’enfant peut revendiquer beaucoup de choses au travers des repas refusés, des assiettes balancées par terre et des coups de cuillères impulsifs. Il peut aussi en combler d’autres en se gavant…
Nourriture et mal d’aimer
Certaines mères n’ont que la nourriture pour exprimer leur amour. Il leur est difficile de laisser les mains, la bouche, le corps tout entier le témoigner. Allaiter leur enfant les a peut-être un peu, non sans quelques résistances, initiées à ce langage corporel… Mais la nourriture reste encore le porte-parole principal de leur amour. Tout devient excessif : elle propose du cousu main, du fabriqué maison avec les meilleurs produits (foie de veau, sole), alors que d’autres, moins chers, ne sont pas moins riches en éléments nutritifs, ou bien elle offre une profusion de mets, et surtout de mets sucrés… Car le sucre, on le sait, est devenu de l’amour en morceaux ou en poudre. Le sucre a le pouvoir de faire fondre tout enfant, de l’appâter, de le rendre gentil, de le fidéliser et de le faire taire… Quel est le sentiment de culpabilité que certaines femmes compensent par gâteries alimentaires interposées ? Tient-il aux difficultés d’être attentive aux rythmes de l’enfant (la fatigue, les soucis, les carences personnelles), à l’absence due au travail ou à d’autres facteurs ?
Les petits plats sans amour
Le rythme accéléré de la vie professionnelle, la profusion des mets rapidement préparés pasteurisés, lyophilisés, surgelés – et dont la publicité prône l’équilibre nutritionnel incitent la femme à se désinvestir du choix, de la confection et de la présentation des aliments. Concilier travail et enfants est difficile et éprouvant pour une femme. Lui faciliter la tâche est un objectif essentiel, auquel l’industrie moderne s’emploie activement. Mais n’est-ce pas de plus en plus au détriment de l’amour de la vie que peut aussi transmettre, par la nourriture, une mère à son enfant ?
La dernière tétée
Un jour, tous deux, vous sentirez que c’est la fin : un échange de regards particulier, une attitude nouvelle de l’enfant, une décision qui s’affermit à l’intérieur de vous et une certitude qui s’annonce soudain comme une évidence : vous pressentez la dernière tétée. Vous ne vous arrêterez peut-être pas du jour au lendemain ; un retour à la source pourra détendre cette tension de la séparation, sans que ce geste soit interprété comme une régression mais plutôt comme un recul pour mieux sauter.
C’est un petit déjeuner qui commence à deux dans le lit et se termine avec les autres autour de la table familiale. C’est une tétée du soir où l’enfant se recule, exprimant le besoin d’être seul dans son lit. C’est une tétée qui aboutit dans les bras paternels. C’est l’enfant qui se détourne de sa mère pour rejoindre les autres.
Ainsi, c’est votre dernière tétée, à tous deux : l’occasion de fêter la fin de cette aventure, de marquer d’un rituel familial ou amical cette étape dans la vie de votre enfant.
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3 réponses pour "Neuf mois et plus… un détachement en douceur"
quelle est la duree de l’allaitement?
La poursuite de l’allaitement exclusif pendant 6 mois par rapport à une durée de 3 à 4 mois permet un développement optimal des nourrissons et doit donc être encouragée. » L’OMS recommande un allaitement exclusif de 6 mois, et la poursuite de l’allaitement jusqu ‘à 2 ans ou plus.
Combien de fois par jour et à quel rythme faut-il donner le sein ?