Misez sur la variété pour votre alimentation
Le fait de se nourrir est chargé d’une très grande intensité. Et le choix de sa nourriture n’est pas, chez l’homme, un acte inné. Dès ses premières expériences avec la nourriture, le bébé est attiré par le goût sucré. Il lui faudra ensuite plusieurs années pour passer à davantage de diversité.
Pourquoi le sucré ? On l’ignore, mais l’hypothèse des chercheurs serait que cela pourrait être une façon de nous protéger contre l’amertume de certains poisons. Cette appétence est d’ailleurs universelle, peu importent le sexe, la race ou l’alimentation de la mère pendant la grossesse. Le passage vers toute la palette des goûts se fait ensuite pas à pas, en associant nombre de nouveaux aliments avec des moments, des situations si possible agréables. Nos goûts sont donc appris, tout comme nos dégoûts ! Même si cela se fait le plus souvent malgré nous. D’une certaine façon, nous nous conditionnons. Par exemple, si vous tombez malade après avoir mangé un aliment donné, même s’il n’a rien à voir avec votre sentiment de malaise, il est fort probable que vous finissiez par l’éviter. Au moins dans un premier temps, sinon pour toujours. Or c’est la variété de notre alimentation qui donne une chance à notre cerveau d’y trouver tous les nutriments dont il a besoin pour fonctionner. C’est également elle qui contribue à le stimuler.
Toutes les saveurs s’apprennent donc dès l’enfance. Parce que c’est la période où les neurones s’organisent, les connexions s’ajustent, les circuits se mettent en place. Chaque stimulus est une nouvelle occasion d’encourager de tels mécanismes. Le Pr Jean-Marie Bourre décrit ainsi une étude menée dans les écoles françaises qui montrait que les élèves initiés à la saveur amère, comme celle des endives, avaient de meilleures performances scolaires. Pourquoi ? Les endives ne contiennent aucun nutriment permettant d’expliquer cette différence ! Et ce n’est pas non plus le goût qui façonne l’intelligence, mais bien son apprentissage. En stimulant la curiosité, en éveillant l’esprit, en le rendant perméable à la nouveauté, plus ouvert, il participe donc au développement des capacités intellectuelles. Mais aussi à la préservation de celles-ci sur la durée.
Avant tout, régalez-vous, a-t-on envie de répéter. Et passez du temps derrière vos fourneaux… Car si les produits que vous mangez sont insipides, ou que vous les consommez par obligation (sous l’étrange prétexte que c’est bon pour vous), vous pourrez finir par simplifier votre alimentation en excès, avec des déficits à la clé, et donc, à plus ou moins long terme, un mauvais fonctionnement cérébral. Comme le rappellent les spécialistes, la cuisine n’est jamais un luxe mais une nécessité. D’abord, elle élargit la palette des goûts, en crée de nouveaux et démultiplie ainsi les sources de plaisir. Plaisir qui stimule l’activité du cerveau et participe à son épanouissement (et donc par ricochet au vôtre). Ensuite, elle permet à certains aliments d’être consommables. Le riz, la pomme de terre… On n’imagine guère les manger crus, n’est-ce pas ? Enfin, elle renforce dans certains cas la biodisponibilité des nutriments (comme nous l’avons déjà précédemment évoqué). Les protéines de l’œuf, par exemple, ne sont intégralement dégradées par les sucs digestifs, puis assimilées, que s’il est cuit. Si on le gobe, seule la moitié d’entre elles sont absorbées… D’où la nécessité de faire de sa cuisine un véritable lieu de vie et d’expérimentation. Et de faire goûter à nos enfants de multiples saveurs, même si elles semblent parfois surprenantes ou étranges à leurs palais. Votre petit dernier n’aime pas un plat ? N’hésitez pas à lui proposer le même aliment régulièrement, mais sous des formes différentes. D’autant que l’on sait que certaines aversions alimentaires installées dans l’enfance le resteront toute la vie. Celle pour le poisson, par exemple, a de grandes chances d’être définitive si elle n’a pas été enrayée avant l’âge de douze ans. Or, sans poisson, où trouver les indispensables Oméga 3 ?
Evitez donc de vous restreindre en excès ou de supprimer des familles d’aliments, par conviction ou désir de maigrir, sans en avoir préalablement évalué les conséquences sur votre bien-être et votre équilibre psychique. Le corps est une machine complexe et rien n’est anodin dans nos comportements, notre manière de l’alimenter et de le traiter. Un déséquilibre pouvant rapidement le faire fonctionner en sous-régime : de la variété, du plaisir… Voici aussi les maîtres mots, qui permettent de faire du bien à notre cerveau.