Mieux composer avec ses émotions
Le travail de l’imaginaire est un processus naturel qui se fait la plupart du temps sans qu’on en ait conscience. Dès qu’on renonce a la volonté et qu’on laisse de côté la pensée rationnelle, il se met à . œuvre: on pourrait dire, en quelque sorte, que «ça» pense en nous à notre insu. Cependant, la « pensée qui soigne » est un peu comme un muscle : plus on l’exerce, mieux elle fonctionne. Certains moyens peuvent nous aider à la développer. Il arrive parfois que le processus de mentalisation soit entravé ou même bloqué. Ce mauvais fonctionnement peut être temporaire, comme c’est le cas à la sente d’un traumatisme, ou permanent quand, à son insu, la per- e se livre depuis l’enfance à une lutte quotidienne contre des émotions négatives et des souvenirs difficiles. Dans ces cas, une psychothérapie peut aider à relancer un travail psychique déficient.
Des moyens a utiliser par soi-même
Peut-être souhaitez-vous simplement apprendre à mieux composer avec les mille et une difficultés de la vie courante, à mieux faire face au stress quotidien. Certaines méthodes sauront répondre à vos besoins. Après une période d’apprentissage et d’entraînement vous pourrez les utiliser par vous-même pour améliorer votre hygiène de vie, assouplir votre imaginaire et faire face aux difficultés affectives quotidiennes.
La méditation
La méditation constitue un bon outil pour faire face à la souffrance inhérente à la vie et apprendre à la dépasser. Elle engendre un esprit clair, permet de retrouver une stabilité intérieure et d’atteindre un état de calme profond. Son effet sur le stress et toutes ses manifestations corporelles a été prouvé scientifiquement37. Il existe deux formes de méditation. Dans la méditation fermée, le sujet se concentre sur un objet, par exemple la flamme d’une bougie, ou encore sur un son ou sur sa respiration, et s’efforce d’ignorer toute autre perception. La méditation ouverte laisse passer les sensations, émotions ou pensées telles qu’elles se présentent sans leur accorder d’attention particulière. Les deux visent à faire taire le brouhaha intérieur pour atteindre un état de conscience modifiée, une conscience pure sans réflexion, un esprit en éveil qui ne pense à rien de particulier. La profonde détente n’est pas conçue pour aider à relancer un travail psychique en panne, mais elle favorise au maximum la fluidité des informations qui circulent tant dans le corps que dans l’esprit, condition essentielle pour déployer la créativité et le pouvoir organisateur de la pensée. Apprendre à méditer se fait sous la supervision d’un guide qui lui-même y a été initié. Méditer pour atteindre cet état de conscience altérée n’est pas facile; cela exige une discipline soutenue qui peut sembler aride et exigeante à plusieurs. Mais les bienfaits de la méditation ne sont plus à démontrer en ce qui a trait à l’équilibre et à la santé.
La méthode en ECHO
La méthode en ECHO, proposée par le Dr Jean-Charles Crombez (2007b), vise à élargir le contact avec le corps, ses sensations, ses émotions et ses images. Elle cherche, selon l’expression de son auteur, à mettre du corps dans la pensée et de la pensée dans le corps. A l’origine, elle a été conçue pour aider des personnes bou- leversees par des événements divers, comme une maladie grave ou une douleur chronique, à apprivoiser leur imaginaire. Toutefois, sa souplesse et ses modalités d’application en font un outil utile pour quiconque souhaite assouplir une fluidité intérieure Parce qu’elle intervient sur le malaise et le mal-être qui accompagnent souvent la maladie physique, elle se propose comme méthode parallèle et complémentaire au traitement médical qui, lui, vise à la guérir. Il ne s’agit pas d’une approche psychothérapeutique, car la méthode en ECHO ne cherche pas à accorder du sens à la maladie. On s’applique plutôt à relancer le mouvement, la fluidité intérieure, tant corporelle que psychique, à rétablir la connexion entre le corps et l’esprit, condition préalable d’une mise en sens, qui se fera spontanément s’il y a lieu. Il est fréquent, en effet, qu’après un processus expérientiel l’individu exprime un changement dans sa façon de penser, d’envisager sa situation. Ce changement peut même être accompagné d’un soulagement du malaise psychique, ce qui témoigne du fait que, sans avoir été recherché volontairement, un travail de liaison a bien eu lieu. Personnellement, j’ai souvent constaté une recrudescence de rêves nocturnes à la suite d un travail en ECHO, preuve que celui-ci stimule le travail de liaison psychique. Parce que la méthode aide à apprivoiser et à assouplir l’imaginaire, elle peut faciliter une démarche thérapeutique qui pourra être menée en parallèle ou plus tard.
L’apprentissage de la méthode en ECHO est moins aride que 1 entrainement à la méditation. Pour cette raison, cette méthode est bien adaptée pour venir en aide à ceux qui craignent leurs tions et qui tolèrent difficilement la mouvance de la vie intérie Elle se fait à l’aide de processus expérientiels ; on y invite le sujet à être témoin de tout ce qui se présente à sa conscience: les images, les sons, les mouvements, les sensations, les émotions, les pensée» les douleurs et les tensions. Tous ces « objets » ont leur place et il n t a aucune hiérarchie entre eux. Bien qu’elle s apparente à la méditation par les effets qu’elle produit, la méthode en ECHO en diffère puisque son but n’est pas de vider la pensée, mais de réapprenez à ne pas craindre les objets intérieurs. On invite donc la personne – jouer avec eux et à se familiariser avec les règles de l’imaginaire. Cette position de témoin remet la personne envahie par 1 angoisse au centre de son expérience, ce qui, du coup, génère un état de bien- être. Il arrive parfois, durant un processus expérientiel, que rien ne se passe, que l’esprit ne détecte aucun objet. Le sujet est invité à être présent à ce « rien », sans forcer pour percevoir quelque chose. Et de façon paradoxale, quand on ne force pas, quelque chose finit par se produire. Le «rien» est tout aussi important que n’importe quel autre objet, car il favorise l’apprentissage d’une attitude fondamentale à la pensée soignante: ne pas chercher pour pouvoir trouver. Pour pratiquer la méthode, il n’est pas nécessaire de se fixer un but. Au contraire, la poursuite d’un objectif peut empêcher que quelque chose se produise en enfermant le sujet dans sa quête. On reconnaît encore ici une caractéristique de la pensée soignante : ne pas s accrocher à vouloir faire des liens, laisser le cerveau faire ce qu’il croit utile de faire.
La méthode en ECHO s’appuie sur une conception psychosomatique du fonctionnement humain. Partant du principe que tous les événements internes sont reliés, on considère l’enchaînement de tous les objets qui se présentent à la conscience, tant corporels que mentaux, comme étant des articulations entre le corps et le psychisme. Par exemple, si, après avoir été témoin d’une pensée ou d’une émotion, une sensation corporelle apparaît, celle-ci est vue comme un effet produit par la pensée ou l’émotion, et ce, même si on n’en voit pas le sens. Au fur et à mesure que le sujet se pose en témoin de ces enchaînements, des connexions entre le corps et l’esprit se rétablissent inconsciemment. Le psychisme s’incarne tandis que le corps s’anime, redevient lieu de plaisir et d’échange. Cette particularité de la méthode en ECHO permet de travailler sur des blocages qui ont ciblé le corps, blocages inaccessibles à un travail d’élaboration psychique qui ne prend en compte que les seules représentations mentales.