Luxation de l'épaule: coup de hache externe
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Anatomie de l’épaule
L’Articulation scapulo-humérale ou gléno-humérale (omoplate et humérus) est l’articulation la plus mobile du corps car elle permet les amplitudes les plus importants. Elle est constituée de la tête de l’humérus et de la glène (cavité articulaire de l’omoplate) et stabilisée par des éléments passifs (ligaments) et des éléments actifs (muscles coiffe de rotateur)
Les structures osseuses
La tête humérale 1/3 de sphère elle est retraversée de 30°
La glène qui représente le ½ du diamètre de la tête elle est antéversée d’environ 15 °.
Les éléments passifs
- Le bourrelet glénoïdien
Fibrocartilage qui augmente la concavité de la glène.
- La capsule articulaire et les 3 ligaments gléno-huméraux
(Supérieur, moyen et inferieur). Le ligament gléno-huméral inférieur est capital pour la stabilité antérieure. Il forme avec la partie antéro-inférieure du bourrelet glénoïdien un verrou ligamentaire qui s’oppose à la luxation antérieure
Les éléments actifs
Ce sont les muscles de la coiffe des rotateurs qui partent de l’omoplate, entourent l’épaule et forment une véritable barrière musculaire antérieure
Dans certaines positions et lorsque les limites de la stabilité sont atteintes le contact entre les 2 surfaces articulaires devient ponctuel puis il se produit une perte totale de contact c’est la luxation de l’épaule
Définition et mécanisme
La luxation de l’épaule est la plus fréquente des luxations articulaires. C’est une lésion de l’adulte jeune. Son traitement est une urgence. Elle présente de nombreuses formes cliniques et de multiples complications.
La luxation de l’épaule et le déboitement de l’articulation suite à un choc ou un mouvement violent qui fait sortir l’humérus de la glène
Il existe plusieurs types de luxation de l’épaule
La luxation antérieure ou antéro interne de l’épaule
C’est la plus fréquente surtout chez l’homme jeune .Elle survient, le plus souvent, suite à une chute sur la main ou sur le coude, l’épaule étant en abduction-rotation externe (mécanisme indirect).rarement il peut être direct par chute sur le moignon de l’épaule
Il s’agit la plupart du temps d’un accident sportif (ski, football, rugby) ou d’un accident de la voie public
Luxation postérieure
C’est une luxation rare et souvent méconnue. Les causes sont un choc direct sur la face antérieur de l’épaule ou une rotation interne forcé du bras. Le plus souvent il s’agit d’une crise d’épilepsie
Dans la luxation postérieure, la tête de l’humérus passe en arrière de la cavité glénoïde
Luxation inférieure
La luxation inférieure est rare. Elle succède à un choc sur le membre supérieur en grande abduction ou antépulsion (chute de cheval, par exemple).
Dans la luxation inferieur la tête de l’humérus passe en dessous de la cavité glénoïde.
Signes cliniques et symptômes
La luxation antérieure ou antéro interne de l’épaule
Les Signes fonctionnels
- Douleur intense.
- Une Impotence fonctionnelle totale du membre supérieur.
A l’inspection
- Bras soutenu par le membre valide
- Abduction irréductible du bras.
- Aspect en Coup de hache externe ou dépression sous-acromiale.
- Signe de l’épaulette avec perte du galbe normal de l’épaule traduisant la vacuité de la glène.
A la Palpation
- Vacuité de l’espace sous-acromial.
- La tête humérale est palpée dans l’aisselle ou dans le sillon delto-pectoral.
Luxation postérieure
- La clinique de la luxation postérieure est beaucoup plus trompeuse.
- Il faut toujours penser à rechercher une luxation postérieure en phase postcritique chez un épileptique.
Signes fonctionnels
- Douleur très intense
- Impotence fonctionnelle avec une rotation externe impossible
A l’inspection
- Son attitude n’est pas suspecte.
- Le galbe de l’épaule semble normal
- Pratiquement pas de déformation de l’épaule
Luxation inférieure
C’est une luxation tres rare mais son aspect est trop spectaculaire pour passer inaperçu (statue de la Liberté).
Les complicacations
Au moment de l’accident et suite au déplacement des surfaces articulaires occasionné par le choc, des complications peuvent survenir. On peut les classer en
Complications vasculaires
Elles sont rare et l’apanage des traumatismes majeurs de l’épaule (polytraumatisé)
Il faut les détecter dés l’accident par une surveillance du pouls (radial)
Complications nerveuses
La recherche des complications nerveuses est systématique.les principales lésions qui peuvent être observées sont
La lésion du nerf circonflexe
Elle se traduit par
- par une anesthésie du moignon de l’épaule.
- par une paralysie du deltoïde.
La lésion plexique (plexus brachial)
Elle accompagne en général les traumatismes graves et nécessite un bilan neurologique initial complet.
Complications osseuses
Les complications osseuses sont très fréquentes.
Les encoches de la tête et les fractures de la glène
Ces lésions vont retentir sur la stabilité ultérieure ou immédiate de l’épaule. L’absence fréquente de cicatrisation de ces lésions favorise alors les récidives, on parle d’instabilité de l’épaule qui peut être responsable de luxations récidivantes.
Les fractures du trochiter
Elles correspondent à un arrachement de la coiffe qui emporte son insertion osseuse plutôt que de se déchirer.
La fracture-luxation
Elle est rare, mais aggrave considérablement le pronostic fonctionnel de l’épaule.
Le diagnostic
Devant une luxation il faut avant tout vérifier l’absence de complications
- Palpation du pouls au poignet et la recherche d’une lésion vasculaire extrême urgence
- recherche de lésion neurologique recherche de déficit de sensibilité de l’épaule et du bras
Radiographie
La radiographie de l’épaule face et profil est indispensable et elle permet:
- de confirmer le diagnostic
- de préciser la variété de la luxation.
- de rechercher des fractures associées.
Arthroscanner
Utilisé surtout
- Lorsque le diagnostic est plus difficile à établir (simple douleur)
- dans les luxations récidivantes après quarante ans d’évolution afin de déceler la présence d’une éventuelle lésion des tendons de la coiffe des rotateurs, associée.
Le traitement
Réduction en urgence
- Un bilan radiographique s’impose en urgence pour s’assurer de l’intégrité des structures osseuses et éliminer une fracture qui risquerait de se déplacer lors d’une tentative de réduction
- Pour faciliter la réduction, elle doit être précoce. Elle peut être réalisée soit sans anesthésie, sous prémédication ou sous anesthésie générale brève.
- Le principe sera une traction douce et progressive dans l’axe du bras afin d’obtenir le relâchement musculaire.
Contention
- Elle se fait coude au corps.
- La durée d’immobilisation dépend de l’âge
? 6 semaines avant 20 ans,
? 3 semaines après 20 ans,
? 10 à 15 jours après 30-40 ans suivant les cas.
- La contention permet la cicatrisation des lésions.
Rééducation
- Commence par la récupération douce et progressive des amplitudes articulaires de façon passive puis active
Chirurgie
Un traitement chirurgical s’impose dans les cas suivants
- Luxations récidivantes avec instabilité de l’épaule
? la butée pré glénoïdienne à l’aide de la coracoïde (intervention de Latarjet)
? la réinsertion capsulo-ligamentaire (intervention de Bankart) à ciel ouvert ou par arthroscopie
- Luxation irréductible à cause d’une interposition
- Luxation incoercible les dégâts sont majeurs l’épaule se réduit mais ne tient plus sa place.