L’excès alimentaire
Une bonne pesée
Avant tout, pour contrôler, prenez comme principe de vous peser dans de bonnes conditions, le matin à jeun, nu, après avoir été à la toilette. Ceci toujours sur s même balance, les variations d’une balance à l’autre pouvant aller jusqu’à deux ; trois kilos. Vérifiez la fiabilité de votre balance, en particulier la variation de ooids acceptable donnée par le constructeur. Optez pour celles qui donnent un poids à 300 g près. Évitez celles qui parlent ou qui mémorisent votre poids, elles ne font que surajouter un stress.
Les sujets de type androïde ou gynoïde
Ils se définissent grâce au rapport tour de taille sur tour de hanche (RTH). On divise la mesure du tour de taille prise au niveau du nombril par la mesure prise au niveau de la partie la plus large du bassin. Chez la femme, le résultat doit se situer entre 0,64 et 0,85 et chez l’homme entre 0,85 et 1.
Toute mesure supérieure signe une surcharge androïde, c’est-à-dire une surcharge graisseuse se répartissant dans la partie haute du corps, au niveau des hanches et de l’abdomen.
La mesure, toute simple, du tour de taille est une bonne orientation; au-delà de 1 m pour un homme, et de 0,9 m pour la femme, il y a surcharge androïde.
Ainsi un surpoids modéré, avec un IMC en dessous de 30, peut faire craindre des complications si la surcharge se situe au niveau de l’abdomen (surcharge androïde). C’est une forme à haut risque de perturbations métaboliques (risque de diabète, d’hypertension artérielle, de troubles lipidiques) et cardio-vasculaires (hypertension artérielle, angine de poitrine, infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux). Contrairement à l’obésité gynoïde (surcharge localisée sur les hanches, en dessous de l’ombilic) qui ne met en danger que la silhouette.
Pourquoi grossit-on ?
L’obésité est le résultat de la combinaison de facteurs multiples et nous sommes tous susceptibles de grossir ou de maigrir.
Le rôle de L’hérédité
Quelques chiffres
Nous naissons inégaux devant le poids. L’hérédité semble être, en effet, un facteur déterminant. On observe :
— 40 % de risque d’obésité avec un parent obèse.
— 60 à 80 % si les 2 parents sont obèses.
— Un pourcentage qui chute à 15 % s’il n’y en a aucun.
— 69 % des obèses ont un parent obèse, 18 % les deux.
Le rôle de l’hérédité est renforcé par l’étude des jumeaux qui montre une ressemblance de corpulence plus grande chez les vrais jumeaux que chez les faux. On observe la même similitude de corpulence lorsque les jumeaux sont élevés isolément, ce qui signe l’influence de la génétique.
Plusieurs études ont montré que le poids des enfants adoptés se rapprochait du poids des parents biologiques et non pas des parents adoptifs. De même, on a retrouvé une corrélation entre le poids des frères et des soeurs, même lorsqu’ils étaient élevés dans des familles différentes.
Les découvertes récentes
Il a été mis en évidence, chez les souris obèses, un gène déficient codant pour la leptine. Cette protéine régule les centres de la satiété et joue ainsi un rôle essentiel dans le maintien du poids. Administrée à la souris génétiquement atteinte, par voie injectable, elle lui permet de maigrir et de corriger son obésité, d’une part, par une régulation de l’appétit, d’autre part, par une meilleure efficience métabolique des régulations du tissu adipeux.
Mais ayant retrouvé cette anomalie chez les sujets non obèses, les espoirs suscités par la découverte de la leptine doivent être pondérés, en attendant les résultats des travaux sur ce sujet. Par ailleurs, seul un petit nombre des sujets obèses sont porteurs de cette anomalie.
D’autres orientations génétiques sont en cours d’études, mais on revient toujours à la notion d’intrication des facteurs génétiques et environnementaux, ce qui suppose de mettre en avant l’acquisition et la pratique de règles hygiéno- diététiques, et surtout l’importance de la prévention par une alimentation équilibrée dans les familles prédisposées.
Prévenir l’obésité, si l’impact génétique est important
Du fait de l’intrication des facteurs génétiques et d’environnement, on peut échapper à une lourde hérédité en faisant jouer à plein, et à temps, les facteurs de l’environnement. Si les deux parents sont obèses, il faudrait veiller à ce que l’enfant ait, dès la petite enfance et l’adolescence, une alimentation équilibrée (et non pas de régime !), des grignotages très limités et une activité physique suffisante. En aucun cas, il ne sera donné un régime très restrictif de peur d’un retentissement sur la croissance.
L’excès alimentaire
Les facteurs de l’environnement
Ils interviennent dans la balance, entre les besoins et la dépense énergétique.
Si les apports fournis par l’alimentation (entrées) correspondent aux besoins énergétiques du corps (sorties), le poids reste stable.
Par contre, tout apport en surplus, qui ne correspond à aucun besoin réel, est mis en réserve sous la forme de graisses, pour une utilisation ultérieure. Les cellules graisseuses augmentent alors en taille et en nombre. La multiplication des cellules adipeuses se fait seulement dans les suralimentations, avant la puberté.
Mais il existe des mangeurs inégaux. On peut devenir gros en mangeant beaucoup, et se permettre de beaucoup manger sans grossir. C’est le cas de nombreux sujets. Dans les familles d’obèses, il semblerait y avoir un moindre besoin énergé- : que, et des anomalies de régulation de l’insuline, qui accroissent la propension à prendre du poids. Dans ce cas, la gloutonnerie n’est pas à l’origine de la prise de poids. La prévention devra consister en une alimentation équilibrée et bien structurée, surtout entre les différents nutriments: protides, lipides, glucides.
La société de consommation
Elle engendre des obèses adultes et enfants. Dans notre société, la publicité incite à la consommation et au grignotage. Magnifier le goût du sucré est une véritable incitation à la gourmandise des enfants et le principal responsable du développement de l’obésité à cet âge-là.
D’autre part, actuellement, il nous est facile de consommer sans limite des aliments apportant beaucoup de calories dans un petit volume, et pour un budget beaucoup moins important. Un excès alimentaire qui s’associe à la baisse de l’activité physique. Faut-il rappeler que la télévision est la première baby-sitter de France ?… Les générations précédentes jouaient plus volontiers au vélo, au patin à roulettes, à la marelle, au ballon prisonnier. Des études ont pu corréler le degré de surcharge pondérale des enfants avec le nombre d’heures passées devant la télévision ! Baisse d’activité physique et grignotage sont les deux responsables.
La sédentarité
L’arrêt du sport, le début de l’activité professionnelle ou une vie de famille trop prenante, autant de facteurs qui font prendre du poids à beaucoup, qui regretteront la minceur de leur jeunesse. De même, l’arrêt des compétitions chez les sportifs de haut niveau aura tendance à augmenter leur poids s’ils ne modifient pas leur alimentation (les entrées sont alors supérieures aux sorties).
Aujourd’hui, nos besoins énergétiques ont diminué: transports plus faciles, mécanisation, meilleur chauffage, des emplois plus sédentaires. Par contre, notre apport alimentaire a augmenté : notre consommation d’aliments apporte plus de calories dans un petit volume. Par exemple, un petit pain au chocolat est l’équivalant calorique d’une demi-baguette, un paquet de cacahuètes d’un bon plat de cassoulet ! Pas étonnant que la tendance actuelle soit la prise de poids.
Le rôle du psychisme
C’est un des facteurs les plus importants, responsable de la plupart des échecs des régimes amaigrissants ou des reprises de poids, après un régime bien conduit. En effet, les mêmes causes reproduisant les mêmes effets, si les troubles du comportement alimentaire n’ont pas été pris en compte, il y aura toujours une tendance à reprendre du poids. Certains troubles ayant leur origine dans l’enfance, il serait essentiel de ne pas négliger cet aspect du suivi des régimes, de prendre en compte les résistances psychologiques, notamment à l’occasion d’une psychothérapie, par exemple.
La « trop bonne mère » ou le principe de la satisfaction immédiate
Hilde Bruch, psychiatre américaine, a étudié et très bien décrit certains facteurs éducatifs à l’origine des troubles. Elle introduit, par exemple, la notion de «trop bonne mère », c’est-à-dire de celle qui anticipe le désir de l’enfant, ou ne lui donne qu’une seule interprétation : la demande de nourriture. L’enfant pleure, la mère lui donne immédiatement un biberon (préparé à l’avance, tant la mère veut « étouffer » les cris du nourrisson). L’enfant sera, certes, aussitôt calmé, mais il n’aura pas vécu l’attente, cette attente qui lui permet d’élaborer, dans son vécu, la future satisfaction apportée par la nourriture. Ainsi, devenu adulte, il ne pourra attendre l’heure du repas, ni faire face à d’autres frustrations, comme l’attente de l’autre, de l’achat d’un vêtement par exemple.
Interrogeons-nous. Combien de fois agissons-nous par impulsion, parce que l’on ne peut pas attendre et vivre la frustration ? On parle, pour ce type de comportement, de la notion de circuit court de satisfaction : être satisfait le plus rapidement possible, pour éviter le sentiment de frustration, d’angoisse et d’agressivité. La société de consommation et la disponibilité plus grande des objets de désir ont tendance à aggraver ce phénomène. C’est ce comportement qui mène aux conduites de toxicomanie, aicool, tabac, drogue, boulimie alimentaire.
Pour guérir ces troubles, certaines méthodes agissent sur le comportement, et aident à développer le véritable choix, à l’origine du développement de la liberté.
La confusion des affects
D’autre part la bonne mère, qui répond toujours aux pleurs de l’enfant par la nourriture, est « gavante ». L’enfant peut pourtant pleurer parce qu’il désire autre chose: soit il a froid ou chaud, soit il est mouillé, ou tout simplement, il a envie d’être dans les bras de sa mère.
Cette inadéquation entre les besoins (qui peuvent être nombreux) et la réponse, qui est toujours la même (la nourriture) fait que, lorsque l’enfant sera adulte, il aura tendance, pour toute sensation désagréable, à ne répondre que par
la consolation nourriture. C’est ce qu’on appelle la confusion des affects. À ce moment-là toute situation d’anxiété ou d’insécurité pourra entraîner des compensations orales avec boulimie, grignotage, ou autre toxicomanie. De plus, l’alimentation sera utilisée lors de tout événement plus ou moins important. Ce phénomène pouvant être facilement renforcé par les occasions de festivités, fréquentes et variées dans notre société. En effet, on enterre quelqu’un, on mange, on marie quelqu’un, on mange. Toute occasion est bonne, et pour finir, on ne sait plus pourquoi on mange…
Très souvent d’ailleurs, les situations d’insécurité entraînent des conduites alimentaires excessives: mésentente des parents, séparation, mise en internat de l’enfant qui va se retrouver loin du milieu familial, naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur.
La prise de poids, rempart contre la dépression
Les kilos dépressions sont difficilement mobilisables. Ce sont eux qui, au décours d’un événement difficile, ont permis d’« encaisser », de cacher sa peine ou son stress et de reprendre la vie au quotidien. Lors de la réalisation d’un régime, cette ancienne dépression va resurgir et induire échec et résistance au régime, accompagnée de fatigue, de troubles du comportement alimentaire; ou d’une véritable reprise de poids.
Dans ce cas, il ne sert à rien de faire du nomadisme et de suivre régimes sur régimes. Le plus souvent, quelques séances de psychothérapie pourront permettre de passer ce cap.
Le rôle du stress
Le stress en lui-même est à l’origine de prises de poids. Et on peut retrouver le développement d’une obésité après une intervention chirurgicale banale, comme l’appendicite ou les végétations. Le stress agit de multiples façons, par le biais du psychisme, des dysrégulations hormonales, comme une augmentation de la sécrétion d’hormones surrénaliennes, des troubles lymphatiques et de la perméabilité capillaire. Le poids peut varier très vite; l’expression «ça me gonfle» le prouve. Outre le régime, les méthodes de relaxation ou de yoga ont pour but de limiter l’impact du stress sur les réponses hormonales et comportementales.
Les troubles hormonaux
Ils sont rarement la cause de l’obésité même, mais ils doivent être recherchés. Ce sont essentiellement les troubles thyroïdiens (dosage sanguin de T4 libre etTSH libre), les troubles surrénaliens (dosage du cortisol), les troubles des règles (irrégularité, douleurs, voire absence de règles).
Les troubles thyroïdiens
L’hypothyroïdie (défaut de production d’hormones thyroïdiennes par la thyroïde) peut facilement être évoquée quand elle est franche: pâleur, frilosité, constipation, crampes, fatigue, somnolence, prise de poids sans cause, perte des cheveux, peau sèche et ongles cassants. Elle peut, aussi, se révéler par des signes discrets, comme des fourmillements aux extrémités, une légère frilosité, ou une tendance dépressive. Le bilan sanguin est facile à réaliser, et il faut savoir le répéter, car l’hypothyroïdie biologique peut se dévoiler après plusieurs mois.
L’hyperthyroïdie (production exagérée d’hormones thyroïdiennes) peut conduire à une prise de poids paradoxale, car l’énervement lié à cette maladie peut conduire à une prise de nourriture exagérée. L’hyperthyroïdie peut aussi être responsable de gonflements.
Les troubles ovariens
Ils sont fréquents et facilement repérés par des signes physiques gênants, comme le syndrome prémenstruel. Ce sont ces dérèglements qui ont le plus d’influence sur le poids d’une femme. Aucun moment n’est épargné: puberté, prise de contraceptifs oraux, grossesse, ménopause.
Ils révèlent, le plus souvent, des habitudes alimentaires mal équilibrées, en particulier une alimentation déstructurée, pauvre en protéines, et riche en lipides et en produits sucrés.
Actuellement, on connaît mieux le mécanisme de la répercussion des troubles Hormonaux sur le comportement alimentaire.
— Pour le syndrome prémenstruel, les fringales avant les règles sont dues à un manque de sérotonine, qui induit une augmentation exagérée de l’appétit, en particulier vis-à-vis des produits sucrés et chocolatés, riches en sucres et en lipides. Dans ces cas-là, outre le traitement de ce syndrome qui doit être le plus naturel cossible, on modifie le comportement par la prise de conscience de l’origine hormonale des fringales. Par exemple, un carnet de bord peut aider à maintenir le contrôle de la nourriture. Dans tous les cas, l’amincissement entraîne une amélioration du syndrome prémenstruel. La perte de tissu gras induisant une plus faible activité œstrogénique, ce qui harmonise le rapport progestérone/œstrogène.
— Le syndrome des ovaires polykystiques est associé, très souvent, à une obésité de type androïde. Le couple insulinorésistance-hyperinsulinisme induit, à coup sûr, une prise de poids. L’amaigrissement améliore dans la plupart des cas les troubles des règles et une éventuelle stérilité. Dans certains cas, le traitement médicamenteux de l’insulinorésistance sera bénéfique à la perte de poids.
Certains troubles apparaissent suite à une prise de poids
L ’hyperinsulinisme réactionnel
Il se traduit par des manifestations d’hypoglycémie. Les coups de barre, les fringales entre les repas (reportez-vous au chapitre Hypoglycémie) permettent de repérer facilement ce trouble, responsable de bon nombre d’échecs des régimes du fait de la tendance au grignotage. On le traite essentiellement par les moyens diététiques; 3 vrais repas et deux collations protéinées, l’une à 10 heures, l’autre à 16 heures. Parfois une aide médicamenteuse est nécessaire.
Les dérèglements surrénaliens
Il peut exister des dérèglements surrénaliens secondaires à la prise de poids et disparaissant avec l’amaigrissement.
Des causes endocriniennes rares
Signalons tout de même certaines causes rares: tumeur hypophvsaire, traumatismes crâniens, certaines maladies congénitales.
Prise de poids et traitement des maladies endocriniennes
Le traitement de l’hyperthyroïdie
Surveillez votre poids. Le traitement de l’hyperthyroïdie corrige la production anormale des hormones thyroïdiennes. La reprise du poids perdu par l’hyperthyroïdie est progressive. En corrigeant les erreurs alimentaires, le poids devrait alors se stabiliser sans dépasser le poids antérieur. Si nécessaire, commencez un régime équilibré, sous contrôle médical.
Les contraceptifs
Les prises de poids sous pilule sont fréquentes et souvent liées à des apports alimentaires déséquilibrés, en particulier pauvres en protéines et riches en sucres simples. Les troubles du système lymphatique pouvant être responsables d’œdèmes et de prise de poids. Certains contraceptifs sont mieux adaptés que d’autres.
Les médicaments entraînant ou aggravant une obésité
Les psychotropes
Les antidépresseurs et les tranquillisants sont donnés lors d’états dépressifs ou de troubles du comportement. Les psychiatres observent fréquemment une prise de poids avec ces traitements. Mais le souci principal étant de stabiliser l’état psychique, le poids ne sera pris en compte que secondairement, lorsque l’état mental sera amélioré. Toute frustration liée à un régime peut entraîner une aggravation ou une rechute des troubles. N’oublions pas que si le moral n’est pas bon nous avons tendance à nous réfugier dans la nourriture. Une action nutritionnelle est indiquée au cours du traitement, si la souffrance narcissique, liée à la prise de poids, est trop grande. Se voir et de se sentir obèse peut aussi avoir une répercussion sur le moral.
La plupart de ces traitements donnent faim. Ils abaissent le seuil de la satiété et donc élèvent l’appétit. Ils peuvent être aussi responsables de compulsions irrésistibles vers les sucres et les sucreries, d’accès boulimiques ou de prises alimentaires en dehors des repas. Certains sont aussi à l’origine d’un véritable ralentissement mental et physique. Les dépenses énergétiques sont moindres, alors que les apports alimentaires restent les mêmes, ce qui aggrave la prise de poids.
Le lithium peut aussi être à l’origine d’une prise de poids, par l’hypothyroïdie qu’il entraîne, c’est pourquoi il convient de faire un dosage hormonal thyroïdien tout les 6 ou 12 mois.
Les autres traitements responsables de prise de poids
Sont incriminés : les bêtabloquants, les corticoïdes, les traitements substitutifs de la ménopause, les anti-inflammatoires, la prise de calcium.
Si ces traitements sont nécessaires, si vous avez tendance à prendre du poids, ou des parents obèses, informez votre médecin pour qu’il adapte le traitement, et surveiller quelque temps votre alimentation. Ce n’est pas le moment de manger des gâteaux. Ayez une alimentation équilibrée structurée et associez une activité physique régulière.
Vidéo : L’obésité
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : L’obésité