Les villes polluées favorisent-elles l'asthme et les allergies ?
C’est désormais une affaire entendue: la pollution de l’air favorise l’apparition des allergies et de l’asthme, et aggrave l’état de santé des personnes allergiques et asthmatiques. Par ailleurs, elle serait directement responsable chaque année de 2 500 à 3000 décès en Ile-de-France, et de quelque 3 millions à l’échelle du globe.
L’allergie apparaît quand le système immunitaire réagit de façon disproportionnée à un agent auquel il a déjà été confronté. Le mécanisme est assez simple. Quand une substance allergène, c’est-à-dire susceptible de provoquer une réaction allergique, entre pour la première fois en contact avec le système immunitaire, elle est immédiatement « avalée », phagocytée par les macrophages . Ces membres de la grande famille des globules blancs sont particulièrement nombreux dans les endroits de l’organisme par lesquels s’immiscent les substances étrangères, notamment la peau et les muqueuses qui tapissent les voies d’entrée et de sortie du corps (bouche, trachée, nez, etc.). Retenus par les macrophages, les allergènes sont présentés aux lymphocytes B au niveau de la rate et des ganglions lymphatiques . Ils achèvent alors leur différenciation en se transformant en plasmocytes. Ces derniers fabriquent les anticorps spécifiques à la substance allergène. Une fois synthétisés, ces anticorps immunoglobulines de type E, ou IgE, sont transportés vers d’autres cellules du système immunitaire, les mastocytes, situés dans la peau et les muqueuses.
Après avoir identifié la menace grâce aux macrophages, l’organisme a fabriqué un soldat spécifique qui ne se mobilisera que contre elle, si elle survient de nouveau. Il a aussi enregistré la structure de l’allergène dans l’enchaînement moléculaire d’autres lymphocytes, les lymphocytes T. Si, en l’absence d’attaque nouvelle, les mastocytes ont disparu, une menace survenant, même des années plus tard, sera très vite contrée grâce aux lymphocytes T, qui feront fabriquer les bons IgE stockés dans les mastocytes.
Lors de la seconde infection, les IgE se fixent sur l’aller- gène. Les mastocytes libèrent alors de l’histamine. Cette molécule est la vraie responsable de la réaction allergique : c’est elle qui déclenche une contraction des muscles des bronches et de l’intestin, ainsi qu’une dilatation des artères. Tous les maux que connaissent les personnes allergiques en découlent.
L’asthme est aussi une conséquence de « l’hyper- réponse » de l’organisme au contact d’un allergène. La maladie trouve en effet son origine dans une contraction des muscles des bronches qui rend difficile l’inspiration. Hypersensibles, les bronches se congestionnent, ce qui les rend encore moins aptes à assurer convenablement leur fonction.
Mais comment la qualité de l’air intervient-elle, au juste, dans le processus allergique? Elle ne peut le déclencher, puisque l’allergie est multifactorielle, comportant notamment un paramètre génétique. Certains composants de l’air occasionnent toutefois une inflammation chronique des muqueuses, rendues de ce fait trop sensibles. C’est cette hypersensibilité qui facilite l’apparition de l’allergie, parmi d’autres facteurs tels que les pollens, les infections alimentaires et les antibiotiques, qui privent d’exercice le système immunitaire.
Les particules en suspension dans l’air sont les premières incriminées. Avec un diamètre inférieur à 10 micromètres (10 millionièmes de mètre), elles pénètrent très profondément dans les bronches, gênant « physiquement » le fonctionnement de leurs cellules ciliées, censées éviter l’arrivée de corps étrangers dans les poumons. Elles se déposent alors sur les alvéoles, qui se défendent en sécrétant du mucus. On s’interroge également sur la composition de ces particules, car on y trouve à la fois des poussières de toutes sortes et l’ensemble des molécules toxiques connues dans l’atmosphère, y compris des hydrocarbures imbrûlés, signature des moteurs Diesel…
L’autre sujet d’inquiétude des allergologues est bien sûr l’ozone. Non pas la fameuse « couche » qui forme un écran entre le rayonnement d’ultraviolets dans la haute atmosphère, mais celle qui apparaît au-dessus des villes quand il y fait trop chaud et que l’air ne circule pas. L’ozone se forme par réaction chimique entre les oxydes d’azote, autres gaz de combustion des automobiles, et toute une série de « composés organiques volatils ». Irritant pour les muqueuses, l’ozone est connu pour diminuer la capacité pulmonaire, c’est-à-dire le volume d’air utile que les poumons sont capables de brasser. Les oxydes d’azote sont, comme leur nom l’indique, des oxydants. Pour cette raison, ils sont très irritants pour les muqueuses. Ils sont aussi suspectés d’amoindrir les défenses immunitaires, tout en avivant l’hypersensibilité des personnes allergiques et asthmatiques. Les oxydes d’azote sont les composés les plus inquiétants pour les personnes fragiles, particulièrement les enfants et les personnes âgées.
Mais ne pensez surtout pas vous prémunir de la pollution en vous enfermant chez vous : l’air intérieur, s’il n’est pas renouvelé par la simple ouverture des fenêtres, a des chances d’être bien plus contaminé que l’air extérieur! Aux particules, aux oxydes d’azote et à l’ozone s’ajoutent en effet les innombrables composés organiques volatils émis par les moquettes, les meubles, les produits ménagers, les parfums artificiels…
Vidéo : Les villes polluées favorisent-elles l’asthme et les allergies ?
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