Les liposomes
Une substance appelée collagène donne à la peau son élasticité. Une peau abîmée par l’âge et le soleil perd son collagène et par là même sa tonicité et son élasticité. D’autres substances ne sont plus produites en quantité suffisante, la peau devient alors plus sèche et manque de matières grasses naturelles, de vitamines et même de minéraux. Le seul recours disponible est celui aux crèmes et lotions qui remplacent certains des constituants manquants ; celles-ci agissent par le biais des liposomes.
La composition caractéristique d’un hydratant est la suivante : de l’eau généralement répertoriée sous le nom latin aqua), des humidifiant, des rétenteurs d’eau, des liposomes, des antioxydants et des conservateurs La présence d’eau est nécessaire car notre peau en a un besoin permanent, les humidifiant contribuant pour leur part à retenir cette «au. Parmi ces derniers figurent le traditionnel glycérol et un autre composé plus moderne, le sorbitol. Les rétenteurs d’eau agissent comme une barrière qui empêche la perte en eau. On en connaît de boas comme la lanoline obtenue à partir de la laine brute, et la graisse minérale issue du raffinage d’hydrocarbures et mieux connue sous le nom commercial de vaseline.
Les liposomes constituent le moyen idéal d’amener des molécules ms les couches inférieures de la surface de la peau et particulièrement vers la couche située sous la couche cornée. Les liposomes sont de très petites sphères qui renferment un ingrédient actif quelles transportent jusqu’à un site donné, en particulier dans des zones de l’épiderme où cet ingrédient n’a aucune autre façon de parvenir.
Ainsi, il a été possible de libérer des anesthésiques, des vitamines, des hormones et des stéroïdes dans les couches inférieures de la peau. La couche extérieure des liposomes est constituée de phospholipides, molécules analogues à celles qui forment les membranes des cellules de notre corps. Un phospholipide se compose d’une molécule de glycérol à laquelle sont rattachées deux longues chaînes d’acides gras et un groupement phosphate. Ce dernier, possédant un atome d’oxygène chargé négativement, est aussi lié à un groupement choline qui présente dans sa structure un atome d’azote chargé positivement.
Ces atomes chargés confèrent au phospholipide la capacité d’interagir pour former un film dont ils constituent la face interne, et les acides gras la face externe, formant ainsi une membrane étanche d’environ 4 nanomètres d’épaisseur. La lécithine est le phospholipide le plus connu ; elle est produite à grande échelle par les plantes et les animaux et elle est extraite du jaune d’œuf et des graines de soja. Elle est très largement utilisée dans l’industrie alimentaire.
Les liposomes sont des vésicules nanométriques d’environ 100 nm de diamètre (ce qui représente un dix-millionième de mètre et donc invisible à l’œil nu) qui peuvent transporter chacune des milliards de molécules d’agent actif. Ils pénètrent à travers les couches superficielles de la peau et libèrent lentement le produit actif à travers leur membrane ou le libèrent rapidement si leur membrane se rompt. Ils constituent un moyen de transport idéal de matériaux difficilement solubles, vers un récepteur spécifique.
C’est Alec Bangham, de l’institut de physiologie animale de Abraham, près de Cambridge en Angleterre, qui, le premier, au début des années 1960, fit état de cette capacité des liposomes à piéger des molécules et des ions. Effectivement, les liposomes devinrent les modèles scientifiques des membranes cellulaires. Ce sont des entités remarquablement stables et parfaites pour contenir d’autres produits chimiques. Les phospholipides peuvent se réarranger suivant des sphères « en pelure d’oignon » dont le diamètre varie de 20 nanomètres à 100 microns, soit un facteur 5 000. Les plus petits d’entre eux sont quelquefois appelés nanismes.
On fabrique des liposomes par évaporation d’une solution d’un lipide dans un solvant tel que le chloroforme ou le méthanol. On obtient alors un film que l’on place dans l’eau. Après agitation énergique, le film gonfle et se brise. Les différents morceaux s’enroulant forment des sphères qui piègent alors les molécules désirées. On peut calibrer ces sphères à une taille donnée en les faisant exploser avec des ultrasons ou en les forçant, sous haute pression, à traverser des pores de très petite dimension, et c’est ainsi que les plus gros liposomes se transforment eux-mêmes en sphères plus petites.
Pour la fabrication de ses liposomes, l’industrie cosmétique utilise plutôt des lipides non chargés que des phospholipides naturels. Ces lipides « non polaires » sont dissous dans l’éthanol et homogénéisés avant de subir une filtration à travers des pores de taille décroissante, jusqu’à atteindre un diamètre d’environ 200 nanomètres correspondant à la taille optimale pour une pénétration de la peau.
Même si les liposomes ne devaient libérer que de l’eau dans les couches situées sous la couche cornée, leur action serait très bénéfique pour la peau qui, du fait de son hydratation deviendrait moins sèche et plus élastique. Si les liposomes transportent des vitamines anti-oxydan- tes telles les vitamines A, C et E, alors c’est tant mieux, car ces dernières neutralisent l’action des radicaux libres que l’on sait particulièrement nocive. Parmi ces dernières, la vitamine A, appelée aussi rétinol, a été l’objet de la plus grande attention en raison de son action antirides, et effectivement, elle peut donner à la peau une apparence plus jeune en réduisant les grosses rides, les tâches brunes et en lui donnant un aspect plus lisse.
Dans le passé, on utilisait avec un certain succès des molécules proches de la vitamine A telles que la trétinoïne pour le traitement de l’acné ; Actuellement, leur usage beaucoup plus large les destine à retar¬der le vieillissement de la peau. (La trétinoïne est aussi appelée acide rétinoïque ou vitamine A acide.).
En France et au Royaume-Uni son nom commercial est Rationna et aux Etats-Unis, c’est le Retin-A qui a été agréé comme traitement antirides par l’organisme américain de contrôle des aliments et des médicaments, au milieu des années 1990. La trétinoïne fut introduite dans les années 1970 pour le traitement standard de l’acné mais on avait remarqué que son utilisation entraînait aussi la disparition des rides. Certains médicaments sont en vente libre ; ils permettent généralement l’atténuation des tâches de vieillesse et des rides après un traitement de deux mois et même leur réduction notable après six mois. La trétinoïne stimule la production de collagène et prévient sa destruction et ses bienfaits peuvent durer plusieurs années.
Naturellement, les chimistes spécialistes en cosmétiques des grandes compagnies se sont intéressés aux liposomes et, en 1987, L’Oréal et Christian Dior présentent des produits anti-âge aux liposomes. Ces sociétés en avaient l’exclusivité et pratiquaient des prix équivalents, mais elles ont très vite été rejointes par leurs concurrents tels que Nivea, capable d’offrir les bienfaits des liposomes aux clients de supermarchés.
Le prix n’est pas le guide de la performance…
En 2001, le magazine des consommateurs anglais Which ? a mené une enquête sur l’efficacité des produits hydratants et notamment sur leur pouvoir à améliorer la texture de la peau. Cette enquête concernait un panel de trente-deux femmes, de vingt-cinq à cinquante-quatre ans, chacune d’entre elles devant tester douze produits à raison de cinq jours par produit.
La conclusion de ce test assez limité était qu’effectivement ces produits amélioraient l’apparence de la peau et ce, bien qu’il n’y ait qu’une faible corrélation entre leur efficacité et leur coût. Inutile de le préciser, les ingrédients utilisés dans les produits justifient rarement leurs prix élevés qui peuvent cependant s’expliquer par les coûts d’une campagne publicitaire et d’un conditionnement onéreux.
…et les idées fausses non plus
Certaines personnes dénigrent toutes les choses d’origine chimique car elles les considèrent comme potentiellement dangereuses tandis qu’elles vantent les bienfaits de toutes choses supposées naturelles, c’est-à-dire dont l’origine est biologique, par exemple végétale. Chimiquement, il n’y a aucun choix à faire entre les deux et votre peau ne se soucie pas de l’origine des crèmes et lotions que vous utilisez pour la rajeunir ou la protéger.
Par certains côtés, un matériau d’origine chimique est probablement meilleur car il est contrôlé et débarrassé de toutes traces de molécule étrangère susceptible de provoquer des allergies. Par exemple, le caoutchouc naturel contient des enzymes auxquelles certaines personnes sont particulièrement sensibles et cela explique l’utilisation du latex artificiel pour la fabrication des gants de chirurgie. Néanmoins, la mode actuelle est de choisir le produit qui est sensé ne contenir que des ingrédients « naturels » et de le payer au prix fort. En fait, ce que l’on sous- entend souvent par « naturel » c’est que les ingrédients peuvent exister dans la Nature et non pas que c’est leur origine réelle. La plupart des ingrédients proviennent de l’industrie chimique.