Les jambes mécaniques à hautes performances
Ce n’est évidemment pas faire injure à nos jambes que de les traiter de « membres inférieurs ». Elles n’ont à souffrir d’aucun complexe par rapport aux bras qui ne sont « supérieurs » que parce qu’ils sont situés au-dessus de la ceinture. Les jambes jouent un rôle primordial dans notre vie. D’abord, c’est grâce à elles que nous sommes qualifiés de « bipèdes », ce qui nous classe au sommet de l’échelle des espèces en nous distinguant de l’animal. En effet, la jambe humaine a pour particularité d’aligner bout à bout, dans le prolongement l’un de l’autre, les deux segments qui la constituent : la cuisse dans la partie haute, et disons pour simplifier le tibia dans la partie basse. Voilà pourquoi nous pouvons nous tenir debout, verticalement.
En outre, les jambes sont les instruments de notre mobilité et fonctionnent comme un moteur à hautes performances. Les os : fémur dans la cuisse, tibia et péroné contre les mollets, sont des leviers qui agissent comme les bielles d’une puissante machine. Cette mécanique est mise en mouvement par des muscles d’une extrême complexité, superposés les uns aux autres, s’entrecroisant comme des ressorts accrochés en différents points de la charpente osseuse. Ils portent des noms d’instruments : le jambier antérieur, le long péronier, l’extenseur… C’est en associant leurs forces, mais aussi en les opposant qu’ils mettent les jambes en mouvement. Chacun a un rôle déterminé. Mais il agit rarement indépendamment des autres. Certains permettent de plier la jambe. D’autres, ceux de la cuisse, créent le mouvement inverse. C’est ce que l’on appelle des rôles « antagonistes ». D’où la multiplicité des fonctions de la jambe qui doit, à la fois, combiner la force et la précision de mouvements, dont la rapidité ou la lenteur doit être maîtrisée par des coups d’accélérateurs ou de violents coups de freins.
Pour mettre en action cette superbe machine, il faut une énergie considérable. Un simple footing d’une demi-heure dégage près de 500 000 calories, soit 500 kilocalories (kcal) ou 500 « grandes calories ». Pour éviter toute confusion entre « calories » et « grandes calories », il ne sera question, dans cet ouvrage, que de kilocalories.
Cette énergie est produite, dans l’organisme, par une série de réactions chimiques très compliquées. Simplifions les, en les comparant au moteur d’une automobile. Ce qui se passe dans le carburateur et dans les cylindres est assez voisin de ce qui se produit dans les muscles. Là, pas de réservoir d’essence, mais des réserves de combustible constituées par l’oxygène contenu dans le sang. Il se combine avec le sucre (glucose), et des graisses (lipides), stockés dans le muscle. Chez un sujet inactif, autrement dit sédentaire, qui consomme peu d’énergie (100 kcal à la minute), le réservoir de combustible est très petit. Il aura besoin de peu d’oxygène. En revanche, un athlète de compétition a besoin de 10 fois plus d’oxygène. L’oxygène ne peut être acheminé vers les muscles que si le sang l’y conduit avec un débit suffisant. Comme dans le moteur, il faut une pompe : en l’occurrence, le cœur dont le rythme s’accélère en fonction des besoins.
Ce mécanisme ne concerne pas que les jambes. Il est identique pour tous les muscles impliqués dans une activité physique. Mais ce n’est pas par hasard si les muscles des membres inférieurs – instruments de notre mobilité sont particulièrement développés. C’est le cas de la cuisse qui abrite les muscles de la rapidité. Ces muscles, et leurs voisins, sont sollicités dans pratiquement tous les sports. Si l’on veut les maintenir en grande forme, voire même exiger d’eux des performances, il faut veiller à entretenir leur fonctionnement par un entraînement adapté. Et donc, comme on dit familièrement, ne pas les traiter « par-dessus la jambe ».