Les guérisseurs d'aujourd'hui
Selon un sondage récent, un peu plus d’un Européen sur cinq aurait déjà eu recours à un guérisseur. Les guérisseurs eux-mêmes font l’objet d’estimations diverses. Il faut dire que le guérissage occasionnel, considéré comme la pratique la plus fréquente, est difficilement chiffrable de par sa nature privée et ponctuelle : il concernerait plusieurs milliers de personnes dans un pays comme la France. Le nombre de guérisseurs payant patente y serait, quant à lui, d’environ 3000. Parmi ces «guérisseurs visibles», quelques centaines sont regroupés en associations qui revendiquent un véritable statut de professionnels.
Au regard du Code de la santé publique et donc de la loi, les guérisseurs sont considérés comme exerçant une profession sans statut légal, même dans les cas où ils ont pignon sur rue et sont en règle avec l’administration fiscale. Autrement dit, tout guérisseur peut être poursuivi à tout moment pour exercice illégal de la médecine sur plaint d’un médecin ou du Conseil de l’ordre des médecins, du ministère de la Santé ou d’un patient. Dans les faits, ces plaintes s’avèrent plutôt rares et n’émanent des malades qu’exceptionnellement. L’une des associations de guérisseurs, le Groupement national pour l’organisation de la médecine auxiliaire (GNOMA), s’est dotée d’un code de déontologie et revendique pour ses membres le statut de «tradipraticien-guérisseur» auprès des pouvoirs publics. Ses quelque 350 affiliés, magnétiseurs, radiesthésistes rebouteux ou panseurs de secrets, s’interdisent, par exemple, toute promesse illusoire de guérison, s’obligent au secret professionnel, s’engagent à ne jamais demander aux patients d’interrompre un traitement médical en cours. Selon le code de déontologie du GNOMA, les membres doivent en outre s’assurer qu’un diagnostic médical a été posé en préalable à leur intervention et s’interdire de soigner une maladie aiguë ou grave sans surveillance médicale associée. Ces principes honorables apparaissent difficiles à appliquer dans tous les cas, étant donné les raisons usuelles du recours au guérisseur (échecs de la médecine) et les spécificités des pratiques diagnostiques de la médecine populaire. La revendication d’un statut officiel pour les guérisseurs qui adhèrent au GNOMA et respectent son code de déontologie a également pour objectif déclaré de contribuer à limiter «l’explosion sauvage des marchands d’illusion qui exploitent financièrement le public». La vérification et la surveillance des publicités en matière de santé est, d’ailleurs, vivement demandée par ces «tradipraticiens» en tant que moyen utile à la répression du charlatanisme.