Les futés , têtes de liste
Pour Lyon ou Marseille, comme pour la plupart des grandes villes, trois médecins apparaissent en tête de liste dès le premier écran, avant les 146 999 autres résultats. Leurs noms s’accompagnent de tous les détails pratiques les concernant, y compris leur localisation dans la ville et l’itinéraire pour se rendre à leur cabinet ! Évidemment, cette primauté n’est pas le fait du hasard, mais le résultat d’un calcul judicieux, de ce qu’on appelle en langage technique le « référencement » – c’est-à- dire la place occupée dans la liste proposée en réponse à une question d’internaute. Comme cette place est directement proportionnelle au nombre de fois où le site en question est interrogé, on pourrait hâtivement en déduire que les noms qui figurent aux premières places sont ceux des praticiens les plus prisés, et donc des meilleurs.
Franchement, rien ne prouve que ce soit le cas : les sites référencés sont seulement les plus futés en matière d’informatique. Ils connaissent la méthode la plus efficace pour être cités et, mieux encore, se retrouver en bonne place dans les moteurs de recherche : payer des entreprises spécialisées qui se chargent d’attirer l’attention de Google ou de Yahoo en « fabriquant » une circulation intense (et « factice ») sur le nom et le site de leurs clients, à partir d’un matériel informatique très sophistiqué.
Ainsi le référencement, surtout dans le premier écran, se paie cher… L’investissement doit être rentable pour que tant de praticiens et de cliniques soient prêts à faire cet effort !
Il s’ensuit que lorsqu’il existe, comme dans les cas qui nous intéressent, des centaines, voire des milliers de sites, on consulte, spontanément, les tout premiers écrans. D’autant qu’on s’aperçoit très vite que tous les sites utilisent à peu de chose près les mêmes arguments – qualification (au moins affirmée) des médecins, simplicité des démarches, modernité des installations, satisfaction devant les résultats, etc. Inutile donc de passer des heures à lire des dizaines de fois la même chose.
Alors, par paresse ou parce que inconsciemment on a l’habitude, depuis l’enfance, de penser que les premiers sont meilleurs que les derniers, on a tendance à faire davantage confiance aux têtes de liste.