Les fruits et légumes de saison : la tomate
Les fruits et légumes de saison: ça veut dire quelque chose. Ils sont toujours meilleurs, plus riches en vitamines et minéraux, moins chers. Bref : ils cumulent les qualités. Évidemment, il y a saison et saison, et vous rétorquerez qu’il y a toujours un été ou un printemps quelque part sur la planète. C’est vrai. Il serait ridicule de refuser de bons fruits exotiques gorgés de soleil sous prétexte que, chez nous, il pleut, il fait gris et moche. En revanche, des végétaux poussant sous nos contrées, généralement hors sol (et non en pleine terre), gavés au liquide nutritif et exposés à la lumière artificielle ne peuvent pas recueillir nos faveurs. Certes, il arrive qu’on obtienne des fraises d’une saveur tout à fait étonnante en plein hiver. Mais le cœur n’y est pas, le parfum non plus. Et puis, ces petites choses rouges qui poussent sous de gigantesques hangars incroyablement high tech, on les achète à quel prix ? Et pour quelles conséquences écologiques ? Et surtout, pour quoi faire ?
Au risque de paraître un peu réactionnaire, nous militons pour les 4 saisons, véritable symphonie laissant libre expression à de magnifiques partitions végétales. Mais nous accueillons volontiers les fruits et légumes de Martinique, d’Israël, du Japon ou de Nouvelle-Zélande, qui viendront nous passer du baume au cœur pendant la mauvaise saison et rempliront nos stocks de vitamines et d’antioxydants pour lutter contre microbes et frimas.
- Une tomate rouge de colère: Et puis, il n’y a pas qu’une affaire de culture. Prenons la tomate, par exemple. Fille de la chaleur de l’été, elle a horreur du froid. En hiver, on la cultive sous serre en la bichonnant, c’est-à-dire en la mettant à l’abri, en lui offrant un substrat hydroponique (ce qui remplace la terre ! C’est-à-dire un mélange savant de tourbe, laine de verre, fibre cellulosique ou de coco) et surtout on s’attache à lui donner exactement le même goût toute l’année, comme ça, fini les terroirs, les caprices climatiques, on maîtrise ! Soit. Sauf que, léger problème : la tomate sagement alignée en rang d’oignons sur les étals du primeur ou du supermarché grelotte souvent en attendant le client. Et la voilà irrémédiablement abîmée. Même chose en été, d’ailleurs, où elle subit d’énormes différences de température entre les camions réfrigérés et le plan « plein soleil » en alternance. C’en est trop pour notre fragile diva qui jette l’éponge. Pendant ce temps, les gourmets ricanent, ils attendent la bonne saison pour acheter la bonne tomate : celle de la « bonne » variété (vous connaissez la Cœur de bœuf ?) qui aura poussé en pleine terre, en plein soleil, aura été cueillie à pleine maturité pour un plaisir sans limite. C’est la revanche de la tomate.