Les femmes ont-elles leurs règles toutes en même temps ?
Théoriquement, la date de l’ovulation est fixée au 14e jour du cycle menstruel. Elle est entourée de quelques jours de fertilité entre le 10e et le 17e jour. Mais seulement un tiers des femmes sont fertiles dans cet intervalle. Pas moins de 70 % sont donc potentiellement reproductrices avant ou après! Et, parmi elles, 5 à 6 % ont une ovulation tardive, au-delà du 28e jour, c’est-à-dire au moment des menstruations. Les femmes n’ont donc pas leurs règles toutes en même temps. Et une femme, tout au long de son existence, n’a pas un cycle régulier. Les hormones, l’humeur, les maladies, l’âge, les grossesses, la pilule contraceptive modifient en effet la menstruation.
La question posée sous-entend toutefois une autre interrogation issue de l’observation du comportement des filles en internat. Beaucoup y ont leurs règles en même temps, selon des cycles qui sont complètement modifiés durant les vacances et les longs séjours en dehors de la structure d’accueil. La compagnie harmoniserait les cycles. Cependant, un doute demeure. Des travaux publiés au début des années 1970 ont bien démontré chez les souris une synchronisation des cycles menstruels d’origine phéromonale. D’autres ont établi une similitude étonnante avec ce que l’on peut observer chez les femmes: deux femmes qui passent beaucoup de temps ensemble finissent par avoir leurs règles à peu près à l’unisson. D’autres travaux ont montré qu’en présence d’un homme, toutes les femmes, comme un ensemble bien réglé, constatent un raccourcissement de leur cycle ovarien.
Pour expliquer ces résultats, l’idée est naturellement venue que des phéromones échangées entre les « sujets » et inconsciemment perçues par ceux-ci serviraient de messagers régulateurs. Dans les années 1980, on a cru identifier les aisselles comme aire de production de ces phéromones. En 1993, une expérience fut tentée avec un tissu imprégné de sécrétions axillaires imperceptibles provenant d’une patiente. Le cycle de toutes les femmes qui le humèrent en fut modifié. Quelques années plus tard, des chercheurs estimèrent que les sécrétions axillaires agissaient selon le moment de la période : avant ou après l’ovulation, elles provoqueraient un raccourcissement de la durée du cycle, alors que, durant la période d’ovulation, elles déclencheraient le phénomène inverse.
Qu’en déduire? Eh bien, que nul ne sait ce qui provoque l’uniformisation des cycles menstruels dans les groupes de femmes! L’existence de phéromones chez l’homme demeure hypothétique. La réaction, plus que remarquable, des femmes au tampon imbibé de la sueur de l’une d’entre elles n’a jamais été caractérisée de façon formelle: est-ce une réponse immédiate? retardée? Est-elle d’origine nerveuse? hormonale? psychologique? Est-elle vraiment de nature inconsciente? Autant d’interrogations passionnantes qui n’ont pas encore trouvé de réponse…