Les crèmes anti-âge : les alphahydroxyacides (AHA)
Pour les annonceurs de cosmétiques antirides, les AHA sont généralement des acides naturels de fruits qui peuvent être vraiment bénéfiques pour la peau en pénétrant la couche externe et en stimulant la croissance de nouvelles cellules.
Si le fait de supprimer effectivement les rides est discutable, ils peuvent, comme les annonceurs le disent avec prudence, « réduire l’apparition des rides ». Si, durant toute votre carrière, vous avez principalement travaillé en extérieur, comme, par exemple, les fermiers, les travailleurs du bâtiment ou les gardiens, alors avec l’âge, votre peau sera très ridée.
C’est également le cas de toutes les personnes qui choisissent de passer beaucoup de temps au soleil, prenant plaisir à s’adonner à leurs loisirs. Cette brave bande d’amoureux du soleil des années 1960 et 1970 regrettent bien maintenant leurs jours d’exposition sans protection. Pour eux, il ne s’agit pas de dire halte aux rides, car ils risquent bien d’en avoir toujours plus.
Avec l’âge, l’éclat de la jeunesse s’estompe. Notre peau devient plus fine, plus sèche, perd son élasticité et les rides apparaissent. Nous souhaitons trouver un produit à étaler sur notre peau et qui lui rendrait sa douceur, sa souplesse, et qui effacerait les marques du temps.
Chaque année, de nouveaux produits, prétendant faire tout cela, sont mis sur le marché. Aux Etats-Unis, les ventes de cosmétiques et d’articles de toilette dépassent les 30 milliards de dollars par an, et ce montant est probablement deux fois plus élevé que dans le reste du monde, les ventes de ces produits augmentant linéairement avec le vieillissement de la population mondiale. Les cyniques diront que, en grande partie, c’est de l’argent gaspillé, car rien ne peut empêcher la lente détérioration de la peau.
Cependant, ils seraient surpris d’apprendre que certaines crèmes anti-âge agissent effectivement, mais jusqu’à un certain point.Dans de nombreux produits, les ingrédients actifs sont les alphadroxvacides, qui contribuent vraiment à la bataille qui consiste à conserver sa jeunesse au visage. S’il faut lire entre les lignes lorsque la publicité annonce qu’ils éliminent les rides, nous ne devons pas néanmoins permettre au battage médiatique qui entoure ces produits de nous rendre aveugles quant à leur utilité.
De nos jours, les chimistes spécialistes en cosmétiques sont quelque peu gênés dans leurs recherches par les lois sur la santé, la sécurité et Environnement qui rendent trop onéreux les essais sur de nouveaux produits chimiques. C’est ainsi qu’en 2003, le parlement européen approuvait l’interdiction immédiate des essais des produits cosmétiques sur les animaux et la vente de tels produits en provenance de pays extérieurs à l’Union Européenne, tandis qu’en 2009 sera interdite la fabrication de tous les cosmétiques dont un ingrédient aura été testé sur des animaux.les scientifiques cherchent donc plutôt à améliorer les produits déjà existants.
Pour gommer les signes du vieillissement, il existe d’autres moyens que l’utilisation de produits chimiques : la chirurgie esthétique, le traitement par laser ou les injections de Botox. La première consiste à enlever la partie de peau concernée, le second consiste en une abrasion de la peau afin de supprimer les rides, particulièrement celles situées autour du nez, de la bouche et sur le front et les troisièmes paralysent les muscles faciaux et empêchent ainsi la peau de se plisser.
Si de tels traitements onéreux sont en vogue chez les célébrités et les acteurs pour qui l’apparence physique est un véritable capital, ils ne le sont pas auprès du commun des mortels, bien que les traitements au Botox soient actuellement tout à fait accessibles.
Ces derniers consistent en des injections d’un produit chimique provenant du botulinum, une bactérie produisant un poison, et les traitements durent généralement plusieurs mois. (La chirurgie esthétique, les traitements par laser, les traitements au Botox ne sont pas sans risque, mais il semble que les seuls tests effectués l’aient été sur des humains, donc pas de souci sur ce plan.)
Le Botox est aussi utilisé dans le traitement de maladies telles que la dystonie cervicale (qui provoque d’intenses contractions du cou et de l’épaule), dans le cas de sudation excessive et de strabisme. Pour cette dernière indication, c’est l’un des premiers traitements à avoir reçu une autorisation officielle aux Etats-Unis. En fait, c’est un ophtalmologiste canadien, Jean Carothers, qui, le premier, a remarqué son effet sur les rides d’un patient présentant des spasmes oculaires : suite au traitement, ses rides avaient disparu.
Le Botox est aussi efficace dans le traitement à long terme de la migraine et pour le contrôle des spasmes associés à la maladie de Parkinson. Par son action, il bloque la libération d’acétylcholine, le neurotransmetteur qui permet au muscle de se contracter mais il a des effets secondaires dans les tissus environnants. Ainsi, des injections de Botox dans le cou peuvent, dans certaines conditions, provoquer des difficultés de déglutition.
Une autre façon de paraître plus jeune est de gommer la couche superficielle de la peau afin d’en éliminer les cellules mortes et ce, en utilisant des moyens chimiques. A cet effet, les solutions alcalines étant très efficaces mais trop dangereuses pour être commercialisées et utilisées par le grand public, on se tourne le plus souvent vers les solutions acides. Lorsque la couche superficielle de la peau a été enlevée, il reste alors des taches superficielles et des traits fins.
Pratiquée sous surveillance médicale, cette opération conduit à la formation d une couche plus épaisse de peau morte que l’on élimine avec de I eau et du savon et qui laisse la place à une nouvelle peau resplendissante. La peau du visage est un peu rouge, mais au bout de quelques jours, la rougeur disparaît laissant la place à un teint frais qui peut persister durant plusieurs semaines. Pour un usage à la maison, il existe un traitement moins énergique à laide de ces acides et le fait de savoir que les acides utilisés proviennent de plantes ou se trouvent dans le lait en rassure plus d’un.
On dit que le lait est bénéfique pour la peau,
Mais bois-le, chérie, ne t’en tartine pas !
Ainsi, disait une vieille chanson, mais quiconque fut à l’origine de ce couplet était beaucoup trop malin et se moquait de la méthode traditionnelle qui consistait à donner une apparence plus jeune à la peau en se baignant dans du lait. Les vieilles laitières étaient réputées pour leur teint frais, et Cléopâtre, reine d’Egypte (69-30 avant J.-C.) célèbre pour sa beauté, était connue pour ses bains de lait d’ânesse. Ni elle ni ceux qui mettaient du jus de citron sur leur peau n’avaient un comportement stupide. Le lait, les citrons et beaucoup d’autres produits naturels contiennent des alpha hydroxyacides (AHA) et ces derniers peuvent avoir un effet bénéfique sur la peau en aidant à l’élimination de sa couche supérieure.
Les sources naturelles les plus abondantes de AHA sont la canne à sucre qui contient de l’acide glycolique, le lait de l’acide lactique, le raisin de l’acide tartrique, les citrons de l’acide citrique, les pommes de l’acide malique et les amandes amères de l’acide mantellique.
En 1984, le dermatologue Eugène Van Scott décida d’utiliser des AHA concentrés et particulièrement le plus simple d’entre eux pour traiter la peau de 27 patientes deux fois par jour, durant trois mois. Les résultats furent remarquables. Sur deux tiers des femmes, il a observé une diminution notable des rides. En 1986, Van Scott et ses associés ont décrit les résultats de traitements supplémentaires dans The Journal of the American Academy of Dermatology ; ces derniers montrent qu’après six mois de traitement, la peau gagne en épaisseur et en élasticité.
Au début des années 1990, on commençait à utiliser d’autres acides de fruits tant dans les traitements antirides que dans les crèmes pour la peau. En effet, certains d’entre eux, tels que le cocktail d’AHA obtenu par fermentation de fruits, proviennent de produits naturels.
Dans les raisins de Chardonnay, on trouve un mélange alpha hydroxyacides : acide lactique, acide malique, acide tartrique et aussi acide pyruvique et acide acétique. Les citrons, pamplemousses, tomates et myrtilles sont sources d’autres mélanges de ces acides alors que certains producteurs optent pour l’ananas et la passiflore ou utilisent des baies et des fruits issus des Alpes suisses, allusion, du moins dans leurs publicités, à 1 air pur de la montagne. Certains produits contenant des AHA, provenant de la fermentation d’algues marines, constitués essentiellement d’acide lactique et en proportion moindre d’acide malique, d’acide pyruvique et d’hydrates de carbones, améliorent la qualité du contact du produit sur la peau.
Si les acides de fruits peuvent être extraits de plantes cultivées, la meilleure source reste peut-être l’usine de produits chimiques. Les foires sont non seulement plus abondantes et moins chères, mais les produits sont plus purs et moins susceptibles de contenir des ingrédients qui pourraient provoquer des réactions allergiques chez certains individus. Quelle que soit leur source et quel que soit leur argument de rague, les ingrédients actifs sont les alpha hydroxyacides.
Après la découverte de l’action des AHA, il s’ensuivit une commercialisation effrénée. Alors qu’ils semblaient donner satisfaction, leur réalisation n’était pas sans risque car les crèmes contenaient des pourcentages élevés d’acides et pouvaient, entre des mains inexpérimentées, endommager une peau nouvellement exposée. En 1989, des consommateurs alertèrent les autorités compétentes quant aux dangers de ces produits qui semblaient provoquer rougeurs, gonflements autour des jeux, cloques, éruptions, prurit et même saignements.
En 1997 aux États-Unis, une enquête menée sur ces AHA a conduit à des contrôles plus stricts, limitant leurs utilisations à des concentrations de 10 %, l’acidité des préparations devant être tamponnée à pH 5,5- Aujourd’hui, on admet que les crèmes vendues au public ne doivent pas contenir plus de 8 % de AHA, mais elles restent quand nème efficaces. Une étude parrainée par l’industrie a montré qu’un groupe de personnes utilisant une solution d’acide glycolique à 4 % de façon biquotidienne pendant douze semaines n’avait presque plus de rougeurs.
En Grande-Bretagne, certaines personnes ont prétendu que les AHA avaient abîmé leur peau et irrité les yeux, allant jusqu’à provoquer parfois une vision floue. Un avocat de Liverpool coordonna leurs plaintes pour dédommagement et attira l’attention des médias en 1995. Deux sociétés, Clinique et Elizabeth Arden, étaient particulièrement visées, et quelques produits disparurent du marché. Malgré ce tapage médiatique, il n’y eut aucune action en justice importante mais seulement quelques arrangements à l’amiable.