Le secret de la fontaine de Jouvence
Que diriez-vous de vivre jusqu’à 120, 150, …200 ans! Il y a plusieurs siècles, le mythe d’une fontaine redonnant la jeunesse, et l’immortalité, à qui s’y plongeait, courait parmi les êtres humains. Vous avez sans doute déjà entendu parler de la légende de la fontaine qui avait le pouvoir de redonner la jeunesse ou simplement l’immortalité? Qui d’entre vous n’a jamais rêvé de rester jeune et épanoui comme une fleur qui vient d’éclore? D’où vient cette croyance ou ce mythe qui nous ronge encore aujourd’hui? D’où peut bien provenir cette obsession de vouloir à tout prix échapper à notre inéluctable destin? Depuis des siècles, on cherche à percer le secret de l’éternelle jeunesse, par une simple baignade dans la fontaine, en passant par les cosmétiques, un détour chez le plasticien et maintenant, la toute dernière découverte de cette lignée, le secret du génome humain ou, plus particulièrement, du gène responsable de notre processus de vieillissement. Les chercheurs de notre société moderne procèdent actuellement au décodage de notre «spirale», la double hélice d’ADN. Dans presque toutes les régions du globe, on tente, à tout prix, de retarder les affres du vieillissement, on ne veut plus vieillir. Cheveux gris et «pattes d’oie» n’ont qu’à bien se tenir!
D’abord, la fontaine de jouvence, vous connaissez? Cette croyance, vieille de plusieurs siècles, prend racine dans plusieurs régions du monde. Les traces de ce mythe remontent à la naissance du Christ, il y a deux mille ans, dans l’Antiquité romaine avec Pline l’Ancien qui racontait:
Dans les régions de l’Inde, dépourvues d’ombre, les hommes ont une taille de cinq coudées et deux palmes. Ils vivent cent trente ans sans vieillir… D’après Ctésias, une branche des Macrobes, qui porte le nom de Pandes, vit deux cents ans.
Vers le XIIIe siècle, plusieurs savants se succédèrent pour établir des théories relatives au vieillissement. Les uns disaient qu’au nord hyperboréen se trouvait la clé de la jeunesse, chez un peuple qui vivait très longtemps. Les autres parlaient de paradis terrestre en Papouasie. En Europe médiévale, Alexandre le Grand était convaincu qu’il pouvait trouver trois fontaines capables d’assurer l’immortalité. Un certain Roger Bacon disait que le désordre de l’organisme humain dépendait des défauts du régime alimentaire et qu’il était possible d’y remédier avec un remède fabriqué grâce à l’alchimie, un «or potable» qui permettrait de maintenir l’équilibre incorruptible du corps. Tous ces élixirs, ces théories et ces rêves ont conquis tous les peuples du monde.
Ainsi, l’enjeu de la nutrition a un impact important sur le corps humain. Nos prédécesseurs croyaient déjà que la délinquance de l’organisme pouvait être due à une alimentation défaillante ou mal équilibrée. De nos jours, les chercheurs scientifiques se penchent toujours sur la question de notre alimentation et le rôle qu’elle joue dans le processus du vieillissement. Comme plusieurs études commencent de cette façon, les animaux constituent les cobayes pour d’éventuels traitements sur les humains. Aux États-Unis, des chercheurs ont fait des tests sur des singes rhésus. Ils ont découvert que réduire l’apport de nourriture dans un régime bas en calories et réduire la quantité de nourriture ingérée pouvaient donner des effets positifs sur l’organisme; les singes se portaient en très grande forme, tiraient le maximum de leur alimentation et vivaient plus longtemps. Donc, un régime hypocalorique, une réduction de la quantité de nourriture et un surplus de vitamines et de minéraux conduisent à de bons résultats chez les singes, avec qui on partage 95 % de nos gènes. Extrapolons: si notre alimentation est équilibrée, si elle contient moins de sucres et de gras et si on réduit la quantité de nourriture absorbée chaque jour, on peut aspirer à vivre beaucoup plus longtemps et en meilleure forme.
En outre, l’alimentation qui peut favoriser le bon fonctionnement du corps et retarder le déclenchement du processus de vieillissement, soit l’enjeu de la révolution génétique, dépasse la simple restriction alimentaire hypocalorique. Cette révolution ne nous amène pas bien loin des films de science-fiction où la manipulation de la génétique est présente partout.
La mitochondrie, une cellule de notre corps, est bombardée 10 000 fois par jour par des radicaux libres: Un flux d’électrons est transporté à travers la mitochondrie jusqu’à une enzyme qui les livre à l’oxygène et transforme ce dernier en eau. Mais un petit nombre d’électrons ne parvient jamais au bout du voyage. Ils se collent à l’oxygène pour donner un radical libre, le radical superoxyde.
Ceux-ci endommagent beaucoup nos petites cellules, et par le fait même, notre système en général. Les sucres et les gras influencent beaucoup la formation de ces déchets qui provoquent la déchéance de nos cellules et leur vieillissement prématuré. Dans cette optique, les chercheurs ont réussi le décodage de la fameuse double hélice d’ADN, plus spécifiquement celui du gène où se loge notre «horloge interne» qui déclenche le vieillissement. La Geron Corporation, haut lieu de recherches génétiques, est située comme par hasard en Californie, où le culte de la beauté physique jeune, saine et athlétique obsède les armée de joggeurs, surfeurs, cyclistes, et autres culturistes que l’on trouve des Paracelse modernes qui extrairont (peut-être) de nos gènes l’élixir de l’immortalité au XXIe siècle.
Les gaines d’ADN qui terminent le bout de nos chromosomes se nomment télomères et au fil des divisions et subdivisions de nos cellules, les extrémités se raccourcissent, et la cellule qui ne peut plus se subdiviser meurt après 60 à 100 divisions. C’est l’accumulation de ces cellules mortes qui est à la base de plusieurs maladies reliées au vieillissement. Cependant, une substance nommée télomérase semble indispensable dans la reconstruction des télomères.
La télomérase est un enzyme qui existe à l’état naturel dans les cellules-souches embryonnaires et dans les cellules reproductives, mais dont la production cesse dans toutes les autres cellules adultes, différenciées, de l’organisme.
Paradoxalement, la télomérase «enzyme d’immortalité» de la cellule est aussi l’une des principales causes de mort chez l’humain. Le défi des chercheurs est de freiner l’enzyme, mais elle constitue l’une des composantes d’un ensemble encore mystérieux et complexe.
Enfin, que ce soit un mythe de l’Antiquité, le résultat de plusieurs combinaisons ou restrictions alimentaires, ou un morceau de l’immense casse-tête génétique, l’obsession de vouloir arrêter le temps à tout prix, de ne plus vieillir, est omniprésente dans notre société moderne. Pourquoi tant de préoccupations des signes d’une éventuelle sagesse du corps et de l’âme? Avec ces nouvelles découvertes, va-t-on trop loin?
Y a-t-il un code d’éthique à respecter concernant la manipulation génétique? Autre questionnement, est-ce la fin de la chirurgie plastique qui, jusqu’à ce jour, assurait l’élimination des signes visibles de la vieillesse? Quel sera le coût de ces nouvelles expérimentations?