Le mouvement respiratoire primaire : L’ostéopathie craniosacrée
W. G. Sutherland contribua à enrichir l’œuvre de son maître A. T. Still, en mettant en évidence un mouvement jusqu’alors insoupçonné, appelé le mouvement (ou mécanisme) respiratoire primaire (MRP) , ou CRI (cranial rhythmic impulse).
Les articulations crâniennes
Cet élève de Still avait été frappé par l’existence de biseaux que présentaient les os du crâne aux sutures. En scientifique méticuleux, il poussa plus avant son étude et « démonta » de nombreux crânes afin d’en étudier la structure. Ces investigations le menèrent à l’évidence que les pièces osseuses du crâne présentaient des articulations réciproques, rendant possible un léger mouvement. Il remarqua ensuite que la bonne disposition des éléments osseux de la « boule crânienne » restait essentielle et que leur déplacement pouvait générer des anomalies. Ici encore, la structure (les os) et les fonctions sont en interaction puisque tout déplacement de la charpente (compression d’un nerf, d’un vaisseau, etc.) peut provoquer un trouble (mauvaise circulation d’information ou d’énergie), engendrant une réaction en chaîne. De même, il découvre que les membranes protectrices du cerveau, fixées sur ces biseaux, entravent les voies de communication si elles en viennent à être déplacées suite à un traumatisme. Sutherland mène alors un travail de fourmi, étudiant précisément quelles sont les correspondances entre ces articulations et leur éventuelle mobilité : rotations, glissements, va-et-vient… Guidé par son intuition, Sutherland élabore le principe du mouvement respiratoire primaire (MRP).
Les os du crâne, qui forment donc l’ensemble de la boîte crânienne, sont réunis par ces charnières permettant une infime mobilité. Sur cette boule osseuse adhère la dure-mère (méninge), enveloppe non élastique protégeant l’unité centrale : le cerveau. Avec ses quinze milliards de neurones (cellules spécifiques dans la mesure où elles ne se renouvellent pas), il est chargé de gérer l’ordinateur humain : mouvements, fonctionnement des viscères, homéostasie, ordres, organisation de nos émotions, nos pensées, nos automatismes. C’est pourquoi les os de la boîte crânienne, eux-mêmes tapissés intérieurement par la dure-mère, font office de rempart légèrement articulé.
Reste à savoir si les pièces osseuses ont juste une possibilité de mouvement ou si elles bougent sous la force d’un élément qui est lié à ce mouvement.
Le mouvement respiratoire primaire
Le mouvement respiratoire primaire apparaît comme un rythme autonome prenant source au cœur de la boîte crânienne dont les charnières trouvent alors toute leur raison d’être : celle de la mobilité. Ce rythme joue un rôle fondamental dans la pratique ostéopathique, dans la mesure où il permet au thérapeute de déceler certaines lésions. En effet, si le rythme est perturbé, il y a anomalie. Un mouvement respiratoire primaire régulier et libre est révélateur d’une santé florissante ; en revanche, un crâne dur, un mouvement ni restreint sont à considérer comme les signes d’une santé en péril.
Des son existence intra-utérine, l’individu est animé par le mouvement respiratoire primaire, porteur de vie. De même, le MRP perdure jusqu’à quinze minutes après la mort clinique.
Le mouvement respiratoire primaire correspond à un rytme spontané, involontaire, comme celui du cœur, par exemple, intimement lié au liquide céphalo-rachidien, à la dur-mère (membranes intracrâniennes) et au sacrum (c’est pourquoi on parlera d’ostéopathie cranio-sacrée : câne-sacrum). Sutherland attend plusieurs années avant de parvenir à percevoir le MRP. Puis, soudain, le miracle s’accomplit : sous ses doigts, le crâne « respire » : il enfle, marque un temps d’arrêt puis se rétracte. En fait, c’est le corps dans son entier qui gonfle et dégonfle, mais ce mouvement de I lux et de reflux apparaît particulièrement perceptible au niveau du crâne. Ce rythme de vie s’anime normalement dix à douze fois par minute et reste indépendant de la respiration pulmonaire. Comme elle, le MRP est placé sous le signe des règles universelles régissant le monde : le jour et la nuit, le yin et le yang…
L’ostéopathe averti peut percevoir ce rythme sitôt qu’il pose les paumes de ses mains sans presser autour du crâne de son patient. Ses doigts, rompus à l’écoute, ressentent une expansion suivie d’une contraction, mise en évidence par la science qui aurait enregistré électroniquement un déplacement situé entre 12 et 25 microns.
Concentré sur l’amplitude de ce mouvement mais malgré tout détendu, il peut donner un diagnostic, une « traduction » de ce que lui dicte le MRP. En associant le résultat de son écoute à d’autres tests diagnostiques
« Le diagnostic de l’ostéopathe » il pourra envisager une thérapie, une ligne de conduite à suivre afin de corriger les lésions.
La main de l’ostéopathe est son outil, le prolongement de sa pensée : c’est par le biais de la palpation qu’il « res¬sent » la lésion, « devine » un crâne : ses doigts pensent et lui parlent, les nerfs sensitifs* lui transmettent les informations essentielles (crâne dur, tendu, ou souple et détendu, état des fascias ). Cette palpation lui permet d’élaborer une image mentale qui lui sera utile pour émettre son diagnostic.
Quant au patient, il ne perçoit pas son propre MRP. Les mains posées en coupe autour de la boule crânienne procurent une détente. Il se sent soutenu, écouté. Après déblocage des mouvements crâniens, il peut vivre une courte période de passage à vide, de fatigue, suivie d’un sentiment de bien-être assorti d’un rare tonus. Si l’on appréhende ce type de manipulation, il est bon de savoir que toute thérapie crânienne menée à bien par un ostéopathe compétent ne peut être nocive.
Vidéo : Le mouvement respiratoire primaire : L’ostéopathie cranio-sacrée
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