Le meilleur traitement possible du placebo
Cette approche juridique permet de penser que l’usage du placebo est parfaitement licite et ne constitue pas un mensonge dans tous les cas où il représente le meilleur soin possible du symptôme ou de la maladie en cause. Encore faut-il être absolument certain que le placebo représente bien le meilleur soin possible, ce qui exclut une prescription routinière mais n’exclut pas toute prescription du placebo. Pour les mêmes raisons, le placebo ne peut être prescrit que par un médecin afin de ne pas représenter une perte de chance de guérison par un médicament actif. Les exemples qui suivent montrent à quel point toute ordonnance médicale exige au préalable un examen attentif et complet de la situation dans laquelle se trouve chaque patient. C’est une fois cet examen fait et seulement alors que le médecin peut opter pour un traitement classique ou prescrire un placebo. On ne prescrit pas n’importe quoi à n’importe qui dans n’importe quelle situation. Lapalissade, me direz- vous? Qu’on en juge.
Le poids ou l’humeur
Un certain nombre d’études ont évalué à long terme l’efficacité de différents médicaments hypocholestéro- lémiants en les compai’ant, selon la méthode du double aveugle, à un placebo. Les résultats ont été particulièrement intéressants. Les médicaments étudiés étaient indiscutablement efficaces sur les taux sanguins de cholestérol, la pathologie coronarienne était généralement réduite dans le groupe traité, mais on assistait parallèlement à une augmentation de la mortalité non vasculaire (suicide, homicide ou accidents) dans les groupes traités avec médicaments actifs par rapport aux groupes placebo, ce qui bien entendu, a donné lieu à de nombreuses interprétations. S’agissait-il d’un simple hasard ou ces médicaments induisaient-ils une somnolence qui favorisait les accidents ? La grande question suscitée par cette étude est celle de la réduction à tout prix du taux de cholestérol si la prescription de médicaments capables de produire cet effet réduit bien le risque d’accident vasculaire mais augmente le risque de mort violente. En somme, ce qui est gagné d’un côté serait reperdu de l’autre. Un certain nombre de lieux communs, fruits de l’observation populaire, établissent d’ailleurs une relation nette entre poids et humeur. « Si c’est mangé avec plaisir, ça ne peut faire que du bien » ou encore « elle a fait une dépression après un régime amaigrissant ». De même à la campagne, une personne obèse est-elle quelqu’un « qui se porte bien », « un bon gros ». Certains chercheurs ont donc sérieusement examiné la question. Une hypothèse physiologique intéressante, bien qu’encore controversée, pourrait apporter l’une des clefs de l’énigme. Il existe en effet une relation entre le captage de la sérotonine par les neurones et leur teneur en cholestérol. Si l’on considère comme assez bien démontrée, notamment par Maria Asberg, l’existence d’un lien entre la baisse du taux de sérotonine et l’impulsion suicidaire ou meurtrière, les incidents observés au cours des études d’hypocholestérolémiants pourraient bien s’expliquer par une baisse de sérotonine dans le cerveau, entraînant une baisse de l’humeur et une forte tendance auto ou hétéro-agressive.
Avant de prescrire un antihypercholestérolémiant, il est donc absolument indispensable de considérer soigneusement le potentiel impulsif des patients. D’ailleurs, il semble finalement qua part les spécialistes du cholestérol, tout le monde savait, et depuis longtemps, qu’au cours des régimes amaigrissants, l’agressivité et la morosité peuvent augmenter, parfois de façon considérable.
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