Le grand âge pour presque tous
De nos jours, dans le monde occidental, on assiste au phénomène inverse. D’une part, Inexpérience accumulée dans le passé ne jouit plus du même prestige puisqu’elle a perdu en grande partie sa fonction de transmission dans notre société en perpétuelle mutation : les techniques, les comportements, la morale elle-même ont tellement changé… Loin de faire appel aux enseignements du passé, les générations montantes imposent dorénavant leurs façons d’être, de faire et de paraître à leurs aînés. D’autre part, dans ces mêmes sociétés avancées, le fait de parvenir au grand âge ne constitue plus une performance, relativement rare donc remarquable, mais presque une banalité.
D’ailleurs, où se situe désormais le «grand âge » ? Rien n’est plus flou que cette notion. Ne se surprend-on pas à dire, parfois, en apprenant le décès d’un septuagénaire : « Oh, c’est dommage, il était trop jeune pour mourir ! » Les noces d’or, jadis considérées comme une prouesse parce que les deux conjoints étaient encore en vie au moment de célébrer leurs cinquante ans de mariage, n’étonnent plus par la longévité des deux partenaires mais par la persistance de leurs liens. Atteindre, à titre individuel, 75 ou 80 ans semble une performance à la portée du plus grand nombre . En revanche, être encore ensemble après cinquante années de vie commune suscite l’admiration des jeunes générations dont les unions résistent souvent mal à l’usure du temps, aux tentations de rupture, avivées par la multiplication des changements et la simplification du divorce.