L'asthme est un ensemble de signes
Comme on vient de le voir, la crise d’asthme est un ensemble de signes ou de symptômes, qui orientent vers cette maladie. On appelle cela un syndrome. Ce syndrome traduit quelque chose qui se passe dans le corps, au niveau des bronches, dont les causes peuvent être multiples. Mais la manière dont cela s’exprime est constante. Une voiture en panne au milieu de la rue ou trois voitures qui veulent passer en même temps dans une rue étroite provoquent le même embouteillage.
Le syndrome est, pour nous médecins, un code. En effet, prenons l’exemple du code de la route. Il est fait d’un ensemble de règles. Un panneau rouge rayé d’un trait horizontal blanc signifie que la rue à l’entrée de laquelle ce panneau est situé est en sens interdit. Tous les conducteurs ont appris ce code et savent cela. Le syndrome a la même valeur. Un patient qui est gêné pour respirer et qui siffle présentera une obstruction des bronches.
L’équation entre ce syndrome, l’ensemble des signes, et la maladie est en fait plus complexe, car un syndrome peut avoir plusieurs causes. Nous avons parlé d’obstruction des bronches : une cacahuète obstrue très bien une bronche au même titre qu’une crise d’asthme. La crise d’asthme signifie qu’il y a un obstacle à l’écoulement de l’air vers l’extérieur des poumons. De plus, l’obstacle observé lors de la crise d’asthme peut avoir plusieurs causes, dont une contraction des bronches, un épaississement des sécrétions des bronches, etc. Néanmoins, dans le langage médical courant, comme l’asthme est la cause la plus fréquente de sifflements des bronches, et de très loin, tout sifflement sera interprété comme étant de l’asthme jusqu’à preuve du contraire.
En résumé, les sifflements de l’asthmatique, survenant dans un certain contexte, sont les éléments essentiels d’un syndrome, lui-même fait d’un ensemble de symptômes. Par contre, en disant cela, nous ne précisons pas la nature exacte de ce qui se passe. Le sifflement est l’équivalent du panneau signalisateur, qui nous suffit à comprendre ce qui se passe. Les circonstances dans lesquelles se produisent ces sifflements sont d’autres signes équivalents, d’autres règles du code de la route, qui, prises ensemble, nous permettent de reconnaître l’asthme.
A nous de comprendre ce syndrome, de trouver son origine afin de supprimer ce qui provoque les signes ou symptômes.
Les signes communs de la crise d’asthme
La crise d’asthme est une gêne pour respirer, une sensation d’étouffe- ment aiguë, associée à des sifflements. La gêne respiratoire disparaît totalement à la fin de la crise, mais lentement sans l’appui d’un traitement. Si elle persiste inchangée, ou malgré le traitement, l’asthme s’aggrave.
La crise survient volontiers le soir ou la nuit. Certains signes avant- coureurs vont parfois l’annoncer. Cela peut être des maux de tête, des éternuements, le nez qui se met à couler, des démangeaisons localisées. Tous les asthmatiques ne souffrent nécessairement pas de tout cela. Par contre, quand ils subissent un de ces signes, celui-ci se répète volontiers.
Les sifflements surviennent alors, parfois annoncés par une ou deux quinte de toux. La gêne respiratoire s’installe en même temps, avec une expiration difficile. Cela donne une sensation d’étouffement. La position assise apporte parfois un petit soulagement. La crise va durer en moyenne vingt minutes.
Pendant la crise, au niveau du cou et des épaules du patient, on peut voir saillir les muscles qui vont aider le patient à respirer : ce sont les « muscles respiratoires accessoires », qui ne servent à respirer que lors de situations critiques. Hors crise, et chez le sujet qui n’est pas malade des poumons, ils ne sont pas utilisés, car le diaphragme et les muscles situés entre les côtes suffisent.
La fin de la crise est annoncée par une toux et surtout par une expectoration, qui est peu abondante et gris clair. On compare volontiers cette expectoration à des grains cuits de tapioca. Après cela, la respiration revient progressivement à la normale.
En fin de crise, le patient est fatigué et s’endort soulagé.
Les deux types d’asthme
Repensons un instant à notre circulation automobile. Un embouteillage peut être provoqué soit par l’afflux de voitures, soit par l’état de la route. Si la route est en mauvais état, les voitures seront obligées de ralentir, d’où l’embouteillage. Dans ce cas, l’origine de l’embouteillage est la route elle-même. À l’inverse, si la route est en bon état mais qu’il y a trop de voitures en même temps, la cause de l’embouteillage sera extérieure à la route.
L’asthme est tout à fait comparable. Il peut être dû à une cause extérieure à l’individu, et l’on peut citer une allergie, le jogging, la saison. Il peut au contraire être dû à une cause propre au patient, car il a une maladie qui touche les bronches.
La qualité de la route est impliquée dans l’embouteillage. C’est parce que la route est étroite que l’on ne peut passer à trois de front et que l’on ne peut contourner la voiture en panne. Donc, dans une situation précaire, la route étroite, et des conditions différentes, l’afflux de voitures, une voiture en panne, expliquent l’embouteillage.
À partir de plusieurs situations différentes, le résultat sera le même. Comme les bronches permettent à l’air de circuler dans les poumons, ce sont les bronches qu’il faudra étudier dans l’asthme.
L’asthme provoqué de l’extérieur
C’est l’asthme dû au conflit déclenché par l’allergie au niveau des bronches, une fois que ce qui la provoque, l’allergène, a réussi à atteindre les bronches. On parle d’asthme allergique. Comme nous pouvons respirer tous les allergènes qui sont en suspension dans l’air, la réaction allergique se passera au niveau des bronches, d’où l’asthme. Cela sous-entend que l’allergène a réussi à franchir les barrages naturels qui devraient empêcher sa progression qui sont situés avant les bronches.
Une autre variété d’asthme est provoquée par l’inhalation de particules qui vont déclencher un asthme. Les exemples maintenant classiques sont les isocyanates, utilisés en peinture, et le cèdre rouge, fréquemment utilisé au Québec. Dans ces deux cas, l’asthme existe sans que le mécanisme soit allergique au sens le plus strict.
L’asthme venant de l’intérieur
L’asthme peut se produire sans que l’on trouve de cause extérieure. Cela ne signifie pas qu’il n’est pas dû à un allergène mais seulement que celui-ci n’a pas encore été mis en évidence. C’est seulement après plusieurs enquêtes négatives qu’il est possible de le considérer comme n’étant pas d’origine allergique.
Dans ce cas, cet asthme s’intègre, le plus souvent, à une maladie qui peut toucher l’ensemble des organes du corps, mais pour l’instant, seulement les bronches. Il faut savoir surveiller le patient pour dépister l’extension de cette maladie à d’autres organes, ce qui aurait pour conséquence de modifier notre traitement. Cette extension à d’autres organes fait apparaître d’autres signes, dont la description n’est pas l’objet de ce livre.
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