L'asthmatique et les pollens
Les pollens ont été suspectés depuis longtemps, puisque Hippocrate lui- même semblait reconnaître la pollinose, l’allergie aux pollens localisée au niveau du nez. En fait, les graminées ont été formellement reconnues en 1819 comme facteurs de maladie. C’est en 1872 que la relation de cause à effet entre pollens et pollinose a été faite. Comme une plante peut produire des quantités impressionnantes de pollens, plusieurs centaines de millions de grains, on comprend volontiers que la saison des graminées soit redoutée de la part des sujets sensibles. Devant ce déferlement, il apparaît bien vain de vouloir éviter les allergènes, mais c’est bien la seule exception en matière d’allergie.
Tous les pollens ne sont pas allergisants. Pour que ce soit le cas, il faul que le pollen soit un allergène, c’est-à-dire qu’il soit capable de déclencher une allergie, qu’il soit transporté par le vent ou anémophile, qu’il soit produit en quantité suffisante et par un nombre suffisant de plantes dans la région considérée.
Les pollens varient selon les régions évaluées. Le cyprès semble, dans le Midi, prendre de plus en plus d’importance, de janvier à mars à Marseille, de décembre à février sur la Côte d’Azur et de février à mars à Montpellier, en raison de plantations extensives de cyprès. On vérifie à la lumière de cet exemple que l’environnement joue un rôle dans la maladie asthmatique.
Les bétulacées, dont le prototype est le bouleau, sont impliquées dès le début du printemps, selon les constatations faites par l’école strasbourgeoise. Il n’est pas rare que les sujets « sensibles au bouleau » le soient à la pomme Golden. Bien sûr, il faut lire « sensible au pollen de bouleau » ! Chaque grain de pollen est en fait une mosaïque d’allergènes, ce qui fait qu’il existe des réactions croisées.
L’armoise et l’ambroisie ont des saisons polliniques nettement séparées de celle induite des graminées. Comme ces sensibilisations sont très fréquentes, il faut y penser.
La saison des graminées est très limitée à Paris, de début juin à fin juillet, et dans le Sud, de la fin avril à la fin juin. Bien sûr, ces dates sont approximatives, car fonction du climat de l’année. Les années sèches et chaudes auront une floraison plus précoce, donc une saison pollinique plus précoce.
Nous pourrions continuer longtemps cette énumération, qui n’a un intérêt qu’anecdotique, si ce n’est pour montrer que le sujet sensible a intérêt à choisir son lieu de vie et/ou de villégiature lorsqu’il est sensible aux pollens. Il lui faut donc réaliser un véritable calendrier pollinique, afin de minimiser son exposition. Ainsi, venant de la plaine, il n’ira pas à la montagne en août-septembre.
En schématisant, avec J. Charpin, on peut dire que la saison la plus dense en termes de pollens est celle des graminées de mi-mai à mi-juillet à Paris. Dans le Midi, cette saison débute quinze jours avant. Dans les régions montagneuses, cette saison est plus brève et plus tardive. La saison des graminées est annoncée par celle des arbres, de fin janvier à fin mai. Au milieu de l’été, les choses continuent, avec les saisons de l’armoise et de l’ambroisie. La pariétaire est une plante qui se distingue par sa saison très longue dans le Midi, d’avril à octobre.
Ce risque pollinique est suffisamment grand pour qu’il existe un bulletin d’information « Pollinovigilance » publié par Le Quotidien du Médecin et l’institut Pasteur, en collaboration avec les laboratoires Delalande. Un serveur Minitel est accessible au 36.15 ECRANSANTÉ. Il suffit de se laisser guider par les questions posées à l’écran, pour arriver à la carte des pollens département par département et l’évolution de la densité des pollens.
Au début des années 1990, l’alerte aux premiers pollens était donnée, À Amiens, la densité de pollens est de 486 grammes/mètre cube d’air recueillis en sept jours dans ce volume. Les pollens responsables sont le peuplier, plus que l’aulne et le noisetier. À Montluçon, les valeurs sont très voisines avec les mêmes pollens. À Bordeaux, ce sont le peuplier puis le frêne, les cupressinées et le saule. 7 610 g/m3 de pollens ont été recueillis en sept jours. À Besançon, ce sont les cupressacées puis l’aulne, le noisetier et le peuplier. 1 357 g/m3 sont recueillis en sept jours. La famille des cupressacées comprend le cyprès et le genévrier.