L'adulte : faire des choix
A L’âge adulte, d’autres contraintes peuvent encore compliquer l’accès à la maternité. La place de la femme dans la société a beaucoup évolue ces dernières années. La femme d’hier se sentait accomplie lui sqii elle réussissait son mariage et avait des enfants. Aujourd’hui, 1rs exigences personnelles et les attentes de la société sont plus nombreuses et plus complexes. Il ne suffit plus d’avoir de beaux nombreux enfants, ceux-ci doivent aussi recevoir la meilleure éducation possible, correspondre à certaines normes, sans quoi les parents sont déçus ou perçus comme incompétents.
Les nouveaux parents manquent de points de repères. Peu valorisés et manquant de confiance en eux, ils sont en quête de modèles identificatoires et d’appui. La société les critique, édite « les recettes dites «miracles» qui ne répondent pas à leur inquiétude de fond mais les renforcent plutôt dans l’idée qu’ils ne sont pas capables puisque avec eux cela ne marche pas. De nombreux messages contradictoires sont véhiculés à l’attention des géniteurs; les ouvrages et les émissions promulguant conseils et «méthodes» fleurissent. Cependant, leurs contenus sont contradictoires et déroulent les jeunes parents à qui on voudrait faire croire qu’un enfant s’éduque comme se monte un meuble préfabriqué, en suivant un mode d’emploi. C’est ainsi par exemple que, face à un enfant qui s’oppose, les parents s’entendent dire d’une part qu’il faut le laisser s’exprimer, l’écouter, lui expliquer; alors que, d’autre part, ils lisent qu’un enfant a besoin de limites claires et non discutables. Quelle mère ne s’est jamais retrouvée au supermarché avec son rejeton pleurant à fendre l’âme ou hurlant son mécontentement de ne pas recevoir un jouet convoité? Quelle mère ne s’est pas dit: Si je le gronde, on va penser que je suis un bourreau d’enfants, mais si je cède, je perds toute crédibilité et on pensera que je lui passe tous ses caprices ! Bien souvent, les jugements et recommandations extérieurs sont survalorisés, au détriment du ressenti et du bon sens personnel des parents qui oublient qu’ils sont les mieux placés pour savoir ce qui convient à leur enfant.
Aujourd’hui, la femme devenue mère ne peut pas et ne veut souvent pas rester cantonnée dans cette identité. Elle revendique le droit de rester aussi une femme, amante, séduisante. Cette évolution est certainement favorable pour la femme qui peut ainsi s’épanouir dans différents domaines, mais ceci lui demande plus d efforts et peut provoquer des sentiments de culpabilité vis-à-vis de ses enfants qu elle a l’impression de délaisser.
La condition féminine s’est également modifiée sur le plan de l’activité professionnelle. Les femmes ont quitté leur identité de mère au foyer pour s’engager, aux côtés des hommes, dans des carrières professionnelles. Elles veulent être à leur hauteur, sans pour autant diminuer leurs exigences quant à leur idéal maternel. Ceci explique que l’âge moyen de la première maternité soit chaque année plus tardif; il est actuellement de 28 ans en France. Dès lors, le projet d’enfant n’est plus laissé aux bons soins de la nature et du hasard. Tout est calculé, programmé. La conception est souvent soigneusement agendée pour que le moment de la naissance soit compatible avec les projets professionnels de la femme et du couple. L’attente est moins bien tolérée lorsque l’enfant se fait désirer. A l’heure de l’internet et du «tout est possible, tout de suite», on oublie parfois que devenir parent est un processus qui demande du temps. Tantôt c’est le corps qui n’est pas prêt et a besoin de mûrir, tantôt c’est le psychisme qui n’a pas franchi toutes les étapes pour accéder à celle de la parentalité ; parfois c’est le couple qui n’a pas encore trouvé une harmonie suffisante.
Dans tous les cas, concilier vie personnelle, vie professionnelle et parentalité est un véritable défi, que ce soit du point de vue de la gestion pratique du quotidien ou sur le plan du vécu subjectif et affectif de la mère qui doit se partager entre plusieurs aspects importants de sa vie entrant en rivalité. Quels que soient les choix, ils tendent à provoquer des sentiments de culpabilité. Les attentes de la société n’aident pas en laissant croire à la femme qu’elle devrait être capable de tout mener de front, sans aucun renoncement. Son histoire personnelle et ses images identificatoires jouent aussi un rôle important. Lorsqu’elle se sent suffisamment tranquille et sûre d’elle, la jeune maman peut assumer de faire des choix et de faire passer un aspect de sa vie avant l’autre pendant un temps. Ce n’est pas le cas lorsqu’elle a intégré des exigences internes trop rigides ou contradictoires. Elle est alors souvent convaincue de devoir tout assumer parfaitement, sans faille et sans pouvoir se permettre de baisser ses exigences dans un domaine ou dans l’autre. Elle doit être uni’ mère irréprochable, une maîtresse séduisante et féminine, tout en gardant des ambitions professionnelles inchangées. Cette mis- m«»m étant tôt ou tard vouée à l’échec, le risque d’épuisement et de dévalorisation est important; la porte est ouverte à la dépression.