La toxicomanie médicamenteuse
Le traitement n’est plus utile, mais il est impossible à arrêter du fait d’une dépendance psychique ou phar- macologique. Pour ce cas de figure, il est nettement préférable de donner la parole à une utilisatrice.
« C’est tout de même un peu dur, quand on a quarante-deux ans et que l’on se veut une femme moderne, à la fois mère de famille et chef d’entreprise, de s’entendre dire sans aucun ménagement par son médecin que l’on n’est rien d’autre qu’une toxicomane! Cela faisait quatre mois que j’attendais cette consultation chez un spécialiste du sommeil (tiens! une spécialité qui n’a pas de nom !) réputé pour son sens clinique et pour ses techniques de soin peu agressives. Enfin un médecin qui ne prescrirait pas trop de médicaments ! C’est toute guillerette que je m’étais présentée à l’hôpital. Salle d’attente accueillante, secrétaire accorte, sourires, aquarium, musique douce, précision des horaires… Une heure! Pendant toute une heure, il m’a cuisinée sur mon passé, mon présent, tous les médicaments que j’avais consommés, que dis-je, engloutis, au cours de ma longue carrière d’insomniaque, sur mes horaires de vie aussi: à quelle heure je me couche?
Il est certain que cette technique ne peut être utilisée qu’avec des personnes bien déterminées à se sevrer et uniquement si le couple est jugé solide. Sinon, le pouvoir dont se trouve investi le conjoint pourrait être utilisé de façon perverse et devenir une arme de dérision. Bien entendu, la méthode peut être simplifiée, le sujet pouvant préparer lui-même ses gélules « placebo et actives », toutes les deux semaines, les mélanger et diminuer progressivement la proportion de gélules actives par rapport aux gélules placebo. Une telle méthode pourrait être appliquée, sans problèmes d’ordre éthique ou technique, lors du sevrage d’un grand nombre de toxicomanes. Le tout, bien entendu, est de l’utiliser dans un contexte psychothérapique ou tout du moins de verbalisation.
Faudra-t-il donc un jour obliger les laboratoires à commercialiser des placebos correspondant à chaque médicament? Les situations évoquées ci-dessus ne sont pas exceptionnelles. Elle justifient dans certains cas et imposent même l’utilisation du placebo. La question est dès lors d’ordre politique car pour pousser ce raisonnement jusqu’au bout, il incomberait au ministère de la Santé d’imposer aux laboratoires pharmaceutiques de fabriquer et de commercialiser des placebos d’un certain nombre, voire de la plupart des médicaments : tous ceux dont l’efficacité n’est pas vraiment prouvée, tous ceux qui sont toxi- comanogènes (fin de traitement) et ceux qui posent régulièrement des problèmes de tolérance (début de traitement).
Vidéo : La toxicomanie médicamenteuse
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La toxicomanie médicamenteuse
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