la psychanalyse
La psychanalyse
Pouvons-nous, à ce stade de notre réflexion, mieux situer la psychanalyse dans son rapport aux neurosciences ? Il y a toujours des dangers certains à rapprocher deux disciplines qui ont des dimensions incommensurables. Pour que leur rapprochement soit heuristique, une série d’écueils doivent être évités, et des questions de méthode préalablement réglées.
Car le débat n’est pas simple et les malentendus potentiellement nombreux avec, notamment, le risque de mélanger cause et effet, de recouvrir la fracture entre cause et effet par des analogies faisant fonction de preuve. Une telle façon de faire déboucherait sur un réductionnisme où psychanalyse et neurosciences perdraient de leur tranchant.
L’analogie est une tentation dont il convient de se méfier. On ne peut se contenter d’une vision exclusivement pensée en termes d’émergence on ne peut inférer le psychique depuis le biologique sans questionner comment cette inférence
fonctionne . on ne peut pas se contenter de mettre en rapport des structures et des fonctions, sans penser la nature de leur relation. Pour que la rencontre entre neurosciences et psychanalyse soit fertile, il faut aller au-delà des paradigmes établis. Comme le disait Kuhn, dans son livre sur la structure des révolutions scientifiques, un modèle, un paradigme dans les sciences, peut se révéler très efficace pendant un certain temps, mais il finit progressivement par s’épuiser, par ne plus produire, par se fissurer . on doit alors se mettre à penser dans l’incommensurable.
Autre danger qui mérite d’être mentionné les confusions de domaines qui sont d’autant plus grandes que ces deux champs, les neurosciences et la psychanalyse, utilisent parfois des termes identiques pour désigner des objets différents – c’est le cas de la conscience, de la mémoire, de la représentation, voire de l’inconscient.Des mots proches, pris dans des univers sémantiques différents, sont finalement plus trompeurs que des mots différents.
Dans notre recherche d’un nouveau paradigme, nous n’entendons pas nous restreindre à une logique de la preuve qui prendrait appui sur les neurosciences pour prouver la psychanalyse. Une confrontation plus heuristique peut être d’intégrer le cadre conceptuel psychanalytique aux neurosciences pour les penser de façon nouvelle et orienter différemment certaines recherches à partir de questions inédites posées par la psychanalyse.
Au fond, il ne s’agirait plus ici de savoir ce que les neurosciences peuvent amener à la psychanalyse, mais plutôt ce que la psychanalyse peut amener aux neurosciences pour les aider à penser différemment certaines questions et ouvrir de nouveaux champs d’investigation. Réciproquement, il nous semblerait très intéressant que la psychanalyse prenne la mesure de certaines interrogations nouvelles introduites par les neurosciences, lesquelles correspondent parfois à des points de butée réciproques .
Nous l’avons dit, on ne peut en rester au modèle d’une causalité simple et linéaire . on ne peut en rester à une biologie qui écarte la dimension du sujet. Il n’y a pas de mappage simple entre une expérience et son inscription dans le réseau neuronal de même, il n’y a pas de mappage simple entre cette inscription et l’acte du sujet qui, justement, ne s’en déduit pas. Penser neurosciences et psychanalyse, c’est penser le rapport entre le vivant et le langage, ce que la psychanalyse aborde à partir du concept de pulsion. Le bouclage de la pulsion réalise l’arrimage du vivant au langage.
Mais tout du vivant ne peut être pris sous le langage. Il reste un écart, un non-rapport, qui est en lui- même créateur du sujet. Finalement, ce que nous visons ici, c’est à définir les fondements d’une science qui inclurait la psychanalyse ainsi que l’avait formulé Lacan. La question du sujet est au cœur d’un tel projet. Toutefois, la question du sujet est le plus souvent rejetée dans une certaine version de la science, même si l’on peut, d’une certaine manière, superposer le sujet de la science et celui de la psychanalyse.
Son rejet est le fait d’un certain usage de la science, mais pas le fait de la science en tant que telle. De plus, lorsque le sujet est rejeté, il fait retour. En résulte un appel nouveau à la psychanalyse un défi qu’il s’agit de relever, à condition que la psychanalyse ose se risquer à se confronter à certaines des questions contem poraines issues de la science.
Comment éviter de superposer sans reste, ce que fait le modèle analogique, les ensembles de neurones et les phénomènes psychiques ? De telles interrogations valent aussi bien pour la psychanalyse que pour les neurosciences, car les mécanismes par lesquels l’activation d’un ensemble de neurones produit un phénomène psychique constituent aussi pour cette dernière discipline un des grands défis à affronter.
Poursuivons avec les assemblées de neurones. Même si celles-ci sont conçues sur un mode spatial, il faut leur adjoindre une dimension temporelle, également au premier plan, qui préside à leur formation synchronique. L’idée introduite par Hebb est que les neurones qui déchargent simultanément se lient ensemble en renforçant leur connexion.
C’est donc leur simultanéité qui entraînerait une spatialité. Pour le dire autrement, si la métaphore est spatiale, le phénomène est d’abord temporel. Quoi qu’il en soit, ces associations restent hautement dynamiques d’un point de vue spatial et temporel un neurone d’une association peut participer à d’autres associations sans nécessaire proximité physique . ils peuvent être distribués à différents endroits du cerveau.
On peut aussi se demander quel est l’univers sémantique du mot assemblies en anglais, du mot « assemblée » en français. Faut-il y voir un réseau, une assemblée, une association, ou un ensemble de neurones ? De manière donnante, il semble que nous soyons ici renvoyés, d’un côté, à la théorie neuronale de Cajal, pour lequel les neurones sont des entités séparées les unes des autres, et, de l’autre, à la théorie réticulaire de Golgi, pour qui ils sont organisés en réseau sans solution de continuité.
Ces deux théories s’opposent, mais, finalement, la théorie des assemblées de neurones paraît réconcilier, du moins en partie, ces deux visions opposées, permettant que le débat que n’ont pas eu Cajal et Golgi au moment de leur obtention simultanée du prix Nobel puisse enfin avoir lieu.
Les assemblées de neurones codent pour une représentation. Cela permet de représenter – de présenter à nouveau – ce qui a été une fois présenté. En même temps, les neurones appartenant à des assemblées de neurones peuvent s’associer avec d’autres pour former de nouvelles traces. La dynamique de ces assemblées de neurones produit une complexité telle qu’il n’y a pas, comme l’énonçait déjà Bergson, de perception qui ne soit imprégnée de souvenirs.
C’est dire si la trace a un destin grâce à ses multiples réassociations qui vont jusqu’à en faire perdre la trace. Un peu comme dans les stratifications de la basilique San Clemente à Rome que Freud prend à témoin ». Dans l’ensemble bâti, on retrouve en effet les traces laissées par différentes civilisations : dans la première strate, un lieu de culte du dieu Mithra, trace de l’époque romaine, puis une basilique, trace de l’époque protochrétienne ,puis, l’église actuelle, chacune de ces traces, à partir de la première, contient des fragments de l’autre tout en y prenant appui.
Le destin de la trace est à la fois en continuité et en discontinuité par rapport à la perception ou l’expérience. En continuité, parce qu’il y a eu inscription ; en discontinuité, parce qu’il y a eu réassociation ultérieure des traces entre elles pour en former de nouvelles. C’est un paradoxe central, lié la plasticité et la reconsolidation : chaque remémoration va avec de nouvelles associations. C’est cette réassociation des traces qui introduit une discontinuité fondamentale.
De trace en trace, de réassociation en réassociation, par le fait de la reconsolidation comme de celui de la plasticité, le lien aux traces initiales se perd, de même que le lien à ce qui a présidé initialement à leur première inscription. Ainsi, l’inscription de l’expérience sépare de l’expérience. Cette discontinuité ouvre à un degré de liberté fondamental pour l’avènement de la singularité.
Si toutes les traces s’inscrivaient de manière définitive, sans réaménagement, la plasticité serait un phénomène extraordinairement déterministe, ce qu’elle n’est pas. Au contraire, la réassociation de traces ouvre à l’inattendu et à la liberté, conditions d’émergence du sujet.
Le sujet procède de la discontinuité plutôt que d’être issu d’un système de traces. En plus, par son acte, il participe lui-même à inscrire les traces. plutôt que d’être produit par les traces, il participe à les produire. Il joue des traces comme d’une partition ! La plasticité neuronale – le fait que l’expérience et l’acte du sujet aussi bien laissent une trace dans le réseau neuronal – introduit au paradoxe d’un système soumis à un changement permanent.
Par le fait de la plasticité, à la fois tout se conserve et tout peut toujours changer. Comme nous l’avons montré dans À chacun son cerveau , supposons que SI, S2 et S3 sont trois stimuli, imaginons-les même identiques, pour autant que cela soit possible . E est l’état basai du réseau neuronal au moment où SI est perçu l’état du réseau neuronal remanié par l’inscription I’ suite au stimulus SI, E” est l’état du réseau neuronal après l’inscription I” suite au stimulus S2. De même pour S3. Al est l’action produite en réponse à SI, lorsque le réseau neuronal est dans l’état E’. De même pour A3. Al, A2 et A3.
La plasticité oblige à penser la possibilité d’un changement permanent. Comme on l’a déjà dit, on n’utilise jamais deux fois le même cerveau, ce que l’on peut formuler de la manière suivante , un sujet est biologiquement déterminé pour ne pas être totalement biologiquement déterminé , il est déterminé pour ne pas l’être, déterminé pour pouvoir recevoir l’incidence de l’autre, pour recevoir l’incidence de la contingence. Autrement dit, il est biologiquement déterminé pour être libre , il y a détermination d’une certaine indétermination.
Nous avons signalé plusieurs conséquences importantes découlant du phénomène de plasticité , le fait que des mécanismes universaux aboutissent à produire de l’unique , le fait que l’inscription de l’expérience sépare de l’expérience, introduisant une discontinuité , le fait que tout peut toujours se transformer.
Le fait d’être soumis à un changement permanent pose aussi la question de savoir quand se produit le changement. Le changement se produit tout le temps, dans la discontinuité de l’instant, sans qu’on le détecte. Rappelons que c’est la même question que posait Ferdinand de Saussure à propos de la langue. Chaque locuteur, à travers l’acte de parole, modifie le système de la langue, imperceptiblement.
Dans un cours de décembre 1891 à l’Université de Genève, à propos de l’identité à travers le temps, Saussure se réfère à un homme qui s’est fait photographier avec une grande régularité, pendant vingt ans : chaque photo était semblable à la précédente et à la suivante, mais la dernière différait nettement de la première. Où donc s’est produit le changement ?
Comment penser à la fois que tout se conserve et que tout peut toujours changer ? Pour le faire, il faut introduire la notion de temps, et de la dialectique entre synchronie et diachronie. Plus précisément, on peut considérer que l’inscription diachronique des traces coexiste avec la possibilité de leurs réassociations synchroniques, phénomène rendu possible par la plasticité et la reconsolidation.
L’inscription diachronique coexiste avec la possibilité de nouvelles associations, de réassociations synchroniques, qui produisent dans l’instant du nouveau, du différent. Nous aurions ainsi un non-déterminisme diachronique, dû à la discontinuité résultant de la réassociation synchronique des traces.
Dans notre livre À chacun son cerveau, nous avions fait l’hypothèse que la discontinuité introduite par la réassociation de traces pouvait être l’un des mécanismes desquels procède l’inconscient , les nouvelles traces produites à travers la réassociation n’étant plus en relation directe avec les traces primaires, tout en utilisant des éléments de ces dernières.
De ce point de vue, l’inconscient ne serait pas qu’un système de mémoire, mais aussi un système dynamique de traces qui, en se réassociant, produisent une discontinuité entre l’expérience initiale et les nouvelles traces issues du processus de réassociation. On rejoindrait ici la bipartition proposée par Lacan pour qui il existe un inconscient automaton, un système de traces inscrites issues du passé, et un inconscient tuché, non réalisé, tourné vers l’avenir, une sorte de fonction disjointe résultant de la discontinuité.
Plus exactement, il est continuité et discontinuité il relie et sépare, comme la note de musique d’une partition qui est potentiellement une rupture, un arrêt dans le flux musical, comme le signifiant dans le champ du langage qui peut impliquer par lui-même une continuité et une discontinuité à travers son équivoque signifiante . Trace, instant, note de musique, signifiant, tous ces facteurs introduisent potentiellement une discontinuité. Le sujet est ainsi déterminé pour ne pas l’être.
S’il y a toujours une inscription diachronique, une inscription de traces qui se succèdent dans le temps, il y a toujours aussi des réassociations synchroniques dans l’instant, qui marquent l’instant. Dans cette perspective, toute inscription serait à la fois synchronique et diachronique, prise dans le déroulement des inscriptions et, en même temps, prise dans un destin synchronique de réassociations. Dans cette perspective encore, toute réassociation produirait un au-delà de l’inscription.
Cette question de la synchronie n’est pas sans rappeler l’intuition extraordinaire de Freud, tout au début de son œuvre, à propos de l’idée de simultanéité. Dans L’Esquisse, il note ainsi, au sujet de l’expérience de satisfaction, qu’il existe « une loi fondamentale d’association par simultanéité […] qui donne le fondement de toutes les connexions entre neurones », ce qui revient bien à dire que ce n’est pas que dans la succession temporelle que quelque chose s’inscrit. Il n’y a donc pas que des associations temporelles diachroniques ; quelque chose se joue aussi dans l’association simultanée. Ainsi, pour Freud, tout ce qui est successif a d’abord été simultané.
Freud imaginait qu’il y avait là déjà une dimension d’association , des signes de perception, qui sont pour lui la première trace, il dit d’ailleurs que ce sont « des associations simultanées », qui vont ensuite vers « une seconde transcription selon d’autres associations ». À ses yeux, il existerait donc un certain type d’associations qu’il définit comme simultanées lors de l’établissement de la première phase et un autre type d’associations lors de la retranscription inconsciente, qu’il définit comme participant à des « rapports de causalité », qu’il définira ensuite comme des rapports de contiguïté.
Quoi qu’il en soit, la question des ensembles de neurones pose celle d’une association à la fois spatiale et temporelle avec, du côté spatial, la continuité ou contiguïté et, du côté temporel, le couple synchronie ou diachronie. Synchronie et diachronie sont des néologismes introduits par Ferdinand de Saussure, qui se posait à propos de la langue la même question que celle qui nous occupe aujourd’hui concernant la plasticité cérébrale. Comme on vient de le dire, tout acte de parole transformant potentiellement le système de la langue, chacun de nous, quand il parle, fait que la langue n’est plus la même qu’avant.
Entre diachronie et synchronie, nous sommes donc dans un changement permanent. Comment expliquer que, pendant des siècles, on ait parlé latin à Rome et que, en moins de deux cents ans, on se soit mis à y parler italien ? Comment cette transformation de la langue a-t-elle eu lieu ? Pour Saussure, si la langue peut être étudiée à un moment donné, il est beaucoup plus difficile de suivre ou de prédire son évolution diachronique. Il en va de même pour les traces qui s’inscrivent dans la diachronie, une expérience après l’autre, et qui se réassocient dans la synchronie, modifiant à chaque instant l’état du système. Ainsi, il y aurait aussi une plasticité de la langue.
Revenons à l’établissement des ensembles de neurones. Là encore, nous voilà ramenés à cette intuition extraordinaire de Freud à la fin de sa « Note sur le Bloc-notes magique » en 1925. Il y écrit : « Je supposais que ce mode de travail introduit par la discontinuité, ce mode de travail discontinu du système perception/conscience, est à la base de l’apparition de ia représentation du temps. » Cette discontinuité est productrice de la question du temps.
C’est pour cette raison que le débat sur les ensembles de neurones porte aussi sur la problématique du temps et de la discontinuité qui marque le temps – cette discontinuité, de l’instant, de la synchronie, qui se joue dans la réassociation des traces Admettant la place de la discontinuité dans la réassociation synchronique des traces, reste à déterminer ce qui préside à cette association des traces entre elles.
Penser cette question oblige à passer par la relation entre trace et état somatique la lecture des états soma- tiques par les voies intéroceptives permet une anticipation du plaisir ou du déplaisir qui oriente la réassociation des traces. Une trace n’existe, en effet, pas toute seule, elle est toujours associée à un état somatique. L’association entre les traces est fonction du plaisir ou du déplaisir.
De même, ultérieurement, il en vient à attribuer, par anticipation, du plaisir ou du déplaisir à l’expérience projetée, ce qui motive sa décision de réaliser l’action. C’est l’anticipation du plaisir qui aboutit à une décision ou, dans le cas contraire, au rejet d’une décision et au refus d’une action qui n’aura pas lieu à cause du déplaisir anticipé.
Selon le principe de plaisir, une nouvelle expérience P est soit prise dans le moi (Einbeziehung ins Ich), soit rejetée hors du moi (Ausstossung aus dem IchJ, en fonction du plaisir ou du déplaisir qu’elle suscite. Freud désigne ce processus par le nom de « jugement d’attribution », qui précède ainsi le « jugement d’existence ».
Ce qui est important dans le modèle que Freud propose, c’est que ce jugement d’attribution (de plaisir ou de déplaisir) précède le jugement d’existence, il formule ainsi une critique radicale d’une conception qui raisonnerait seulement en termes d’adaptation et d’apprentissage, en termes de mappage cognitif de l’expérience perçue provoquant plaisir ou déplaisir.
Cette opposition n’est pas sans rappeler celle qui a animé l’abord physiologique de la théorie des émotions, avec, d’un côté, Cannon et Bard, pour qui la représentation mentale de l’émotion déclenche un état somatique, ou James et Lange, de l’autre, pour qui c’est l’état somatique qui constitue l’élément marquant de l’émotion. La prééminence du jugement d’attribution met en avant un sujet qui, à travers son acte, sa décision, participe lui-même à sa propre construction, un sujet auteur de son devenir ou, plus exactement, un sujet acteur et, donc, auteur de son devenir.
Plus précisément, la trace a séparé le sujet de l’expérience, elle vient à la place de l’expérience, elle la suggère, elle l’anticipe – à ce point qu’on peut se demander s’il ne faudrait pas remplacer la notion psychanalytique d’« hallucination de l’objet » par celle d’anticipation de l’objet.
Le jugement d’attribution se fonde sur l’existence d’une association entre un état somatique et une trace, entre un état somatique et une représentation. Le vivant est associé à des représentations. Le langage participe à constituer les représentations. L’exigence du vivant est ainsi en interaction avec le langage, c’est-à-dire avec une réalité interne faite de traces, d’associations de traces et des représentations. Pour saisir cette interaction entre R et S, on pourrait dire que le vivant S parasite le langage R et, inversement, que le langage R parasite le vivant S .
Le langage implique des glissements langagiers – des homophonies, des équivoques signifiantes, des lapsus et toutes sortes de formations langagières – qui peuvent brouiller le rapport entre la trace et l’état somatique . Finalement, de signifiant en signifiant, de trace en trace, de représentation en représentation, le lien logique entre la représentation et l’état somatique se perd, trouvant parfois un destin surprenant à travers la réassociation des traces.
Comme on l’a vu, Michel Foucault, dans une discussion à propos de Canguilhem, notait que l’une des caractéristiques du vivant, c’est aussi l’erreur. L’erreur introduite dans le vivant par le langage serait ainsi une caractéristique de l’humain, de l’être langagier. Pourquoi pas aussi une erreur’ créatrice ?
De fait, le langage est un carrefour. Il a sa propre vie qui vient se greffer sur le corps vivant. Un mot, parfois une lettre, peut être associé à tout un réseau de significations qui n’ont rien à voir avec la situation présente. On peut ainsi, par le fait de la plasticité, connaître des lé préalablement établies entre une représentation satisfaisante et un état somatique de plaisir. Ce qui préaclerait à l’au-delà du principe de plaisir se jouerait en ait dans un au-delà du biologique.