La promotion alimentaire par des arguments santé
Pour beaucoup d’industriels, l’important est de développer la vente de nouveaux produits avec des arguments de bien-être et de santé. Grâce à un lobbying puissant et avec l’aide de la communauté scientifique qui sollicite des moyens de recherche, les industriels sont autorisés à présenter des argumentations très encourageantes pour la promotion de nouvelles formules alimentaires. Afin de mettre en avant les spécificités d’un aliment, leur impact potentiel sur certaines fonctions physiologiques, les professionnels de l’agroalimentaire ont développé le concept d’aliment fonctionnel.
Dans une approche scientifique, il s’agit de s’assurer qu’un aliment peut jouer un rôle spécifique intéressant sur une fonction physiologique. Les nutritionnistes ont progressivement pris conscience que les aliments n’étaient pas la simple addition d’un ensemble d’éléments, qu’ils avaient pour la plupart une composition bien particulière susceptible de générer des effets spécifiques au sein de l’organisme. Les pays asiatiques, en particulier le Japon, riches d’une tradition alimentaire dans laquelle les aliments étaient dotés de vertus spécifiques, ont fortement contribué à l’essor d’une nouvelle gamme d’aliments fonctionnels, en particulier avec la montée en puissance des industries de fermentation. Évidemment, l’industrie agroalimentaire a essayé de capter un nouveau marché potentiellement florissant et riche de plus- value. Cependant, la difficulté d’établir des dossiers pour prouver les allégations affichées et une certaine méfiance du consommateur vis-à-vis d’aliments médicalisés ont dans un premier temps freiné le développement de ce type d’aliments. Grâce à la puissance du marketing alimentaire, le public s’est maintenant habitué aux margarines contenant des phytostérols sous prétexte de lutter contre l’hypercholestérolémie ou aux produits laitiers enrichis en pré biotiques (bactéries susceptibles de survivre dans le tube digestif et de stimuler les défenses immunitaires intestinales). Évidemment, le bénéfice santé de tous ces artifices est loin d’être avéré.
Toujours dans un même esprit de marketing, on assiste au foisonnement de produits « riches », « enrichis » en éléments divers qui sont autant d’incitations fortes à consommer. L’affichage d’une teneur élevée n’est pas une garantie de qualité du produit ; il ne suffit pas de rajouter de la vitamine C dans un jus d’orange pour assurer une excellente qualité, ou de la vitamine D dans du lait pour lui donner une odeur de prairie. La qualité aromatique peut également être manipulée par l’addition d’arômes, mais aucune de ces opérations ne peut reproduire la qualité élaborée par l’animal ou la plante dans un environnement optimal. Cette vue globale est seulement perçue par les consommateurs les plus avertis, les plus sensibles à la complexité des éléments naturels, souvent les plus proches de la nature. À travers les marques ou diverses présentations, le secteur agroalimentaire s’est donc approprié la responsabilité de l’élaboration de la qualité. Il est vrai que les meilleurs produits de l’agriculture peuvent être fortement altérés par des technologies de transformation alimentaire inappropriées ; à l’inverse, il est vain d’espérer obtenir de bons aliments si les produits végétaux ou animaux de base ne sont pas de qualité suffisante.