La pilule
On a trop souvent tendance, aujourd’hui, à associer contraception et pilule, il existe d’autres moyens contraceptifs: stérilets, capes, spermicides, méthodes naturelles (température…) et, surtout, le préservatif. Leur choix doit être discuté entre le médecin et vous, en fonction des conditions organiques, pratiques et psychologiques.
La pilule est un traitement hormonal que certaines femmes prennent souvent avec trop de légèreté. C’est fréquemment sur simple demande à son médecin qu’une femme prend telle ou telle marque. Alors qu’en fait, une certaine pilule devrait convenir à une certaine femme, une autre à telle autre. Il faut parfois faire plusieurs essais pour trouver la bonne formule.
Il s’agit, ne l’oublions pas, d’un traitement hormonal donné à des bien-portantes! Une pilule, même prise après un choix bien réfléchi, peut d’ailleurs être mal supportée. Il ne faut pas hésiter à revoir son médecin, au bout de trois mois par exemple, car il est facile de changer de pilule.
Quoi qu’il en soit, si vous avez opté pour la pilule, ne la prenez pas comme vous prenez un cachet d’aspirine; sachez les répercussions qu’elle peut avoir sur votre organisme et les précautions à observer.
Tout d’abord, il existe trois sortes de pilules, très différentes par leur mode d’action, trois méthodes contraceptivos :
Les trois types de pilules
La méthode combinée
Chaque comprimé contient en même temps des estro- gènes et de la progestérone. Selon qu’il y a davantage les uns ou de l’autre, ou égalité, on dit que la pilule est , à climat dominant estrogénique, progestatif, ou mixte.
Cette pilule est la plus efficace (réussite à près de 100%) parce qu’elle agit à quatre niveaux. Elle bloque doublement l’ovulation, en stoppant les sécrétions d’hormones excitatrices hypophysaires et en empêchant la maturation de l’ovule dans l’ovaire. Elle modi- fie l’utérus, qui devient moins apte à la nidation de l’œuf, et les sécrétions du col utérin, qui deviennent imperméables aux spermatozoïdes.
Pourquoi alors ne l’emploie-t-on pas tout le temps? Parce que c’est elle qui entraîne le plus de réactions secondaires: saignements, tendance nauséeuse, tension des seins, masque dit de grossesse, prise de poids, parfois diminution de la libido.
Toutefois, ces inconvénients deviennent de moins en moins fréquents et importants au fur et à mesure que, dans ces pilules, les doses d’hormones, d’abord importantes, ont été diminuées. Les minipilules actuelles en comportent cinq fois moins que les premières : 3O microgrammes d’estrogènes au lieu de 150, 0,15 à I mgde progestatif au lieu de 10 mg… et les micro- pilules en contiennent encore beaucoup moins. Mais, ces dernières ne couvrent que vingt-quatre heures pré- i ises de contraception. Il faut donc les prendre toujours vers la même heure, le matin ou le soir, pour ne pas risquer de grossesse non désirée. Dans le cas d’un oubli, il faudra prendre une pilule très fortement dosée, dite «pilule du lendemain», que votre médecin trai- l.int habituel saura prescrire dans les plus brefs délais… donc, pas le surlendemain
la méthode séquentielle
On prend en alternance des comprimés d’estrogènes purs (pendant quatorze jours) puis une association d’estrogènes et de progestatifs (pendant sept jours).
C’est la méthode qui se rapproche le plus du cycle physiologique, et qui donne les règles les plus semblables aux règles normales.
Elle n’agit pas sur l’hypophyse, elle bloque seulement l’ovulation au niveau des ovaires et, en fin de cycle, transforme la muqueuse utérine.
Si elle provoque moins d’incidents que la précédente, sa sécurité est un peu moindre (98% environ).
La méthode ininterrompue
C’est celle qui consiste à prendre des progestatifs seuls, durant tout le cycle. Elle agit sans inhiber l’ovulation, en modifiant les sécrétions du col et, partiellement, la muqueuse utérine.
C’est la plus séduisante théoriquement; son seul inconvénient est d’entraîner parfois des saignements entre les règles. Mais c’est aussi la moins efficace (sécurité à 96% environ).
En gros, on estime: que les pilules combinées réussissent mieux chez les femmes qui ont des règles insuffisantes; que les pilules séquentielles conviennent mieux aux femmes qui présentent une tendance à l’obésité et des signes de légère insuffisance en estro- gènes (petits seins, sexualité faible, acné, virilisme); enfin, que celles à climat progestatif sont favorables aux femmes qui souffrent de syndrome prémenstruel et aux femmes minces.
Mais cette estimation théorique demande encore à être ajustée à chaque cas. il faut choisir la pilule selon les signes cliniques qui indiquent une insuffisance ou un excès d’estrogènes ou de progestérone, suivant les antécédents, les prédispositions de tempérament, etc.
La pilule est-elle dangereuse?
Non, sans doute, chez une femme bien portante. Mais elle peut aggraver une maladie préexistante, parois encore latente: maladie des vaisseaux, surtout |uand le taux des graisses du sang est trop élevé, avec risque de thromboses (caillots) et parfois embolie, hypertension artérielle, cancer du sein ou de î’utérus, maladie de foie, diabète, fibrome, certaines affections isychiatriques.
D’où la nécessité, non seulement d’un examen médical préalable très sérieux, mais de contrôles régu iers ensuite, tous les six mois à un an selon les cas.
De même, chez une femme sous pilule, et en l’absence de toute contre-indication au départ, certains incidents pathologiques peuvent être majorés, ou compliqués: une phlébite peut survenir au cours d’une grippe, d’une intoxication alimentaire, d’une immobilisation pour fracture, par exemple.
On doit également signaler sa prise à un médecin consulté occasionnellement, ou à un chirurgien: il peut être nécessaire d’en suspendre la prise avant une opération, une petite intervention d’oto-rhino, ou pendant certains traitements médicaux.
Doit-on prendre la pilule après la ménopause?
La prise de la pilule pour maintenir la jeunesse est valable si on améliore, si on maintient en bonne santé et, surtout, si on lutte ainsi contre le vieillissement et ses conséquences esthétiques. Ce n’est plus un problème médical, cela devient un problème philosophique. Accepte-t-on de vieillir «vieux-jeune» ? N’est-ce pas néfaste pour une évolution normale?
Je ne peux m’empêcher d’évoquer à ce propos la phrase d’une patiente qui me disait toujours en parlant de son mari : « Mon mari est âgé mais il n’est pas vieux ! »
Je ne comprenais pas bien ce qu’elle voulait dire… Puis, un jour, à l’occasion d’un petit problème de santé concernant son mari, elle m’a présenté celui-ci. Il avait pour moi la soixantaine; je pensais à la réflexion x fois répétée et trouvais sa femme bien sévère de le traiter d’homme âgé. En effet, cet homme alerte, distingué, s’est installé allègrement sur la table d’examen, après s’être vanté d’être monté quatre à quatre mes deux étages plutôt que d’avoir pris l’ascenseur. Et quel humour, quelle jeunesse d’esprit et de corps ! Enfin, au cours de l’examen, je lui demandai son âge, bien que pour moi la réponse soit évidente. «Quatre-vingt-dix ans», me répondit-il. Là, j’ai brutalement compris ce que voulait dire sa femme, j’ai pris et j’ai gardé, grâce à lui, une sacrée leçon de jeunesse.
Cela confirme une fois de plus qu’on a vraiment l’âge qu’on a envie d’avoir. Ce maintien de la jeunesse est-il toujours désirable?
Je le pense. Prenons, par exemple, une grand-mère de cinquante-cinq ans qui serait aussi fraîche, aussi belle que sa fille. Cela poserait des tas de petits problèmes. Eh bien, tant mieux ! Cela obligera la fille à se faire encore plus belle ! Si l’on est décidé, rien ne s’oppose à la prise d’hormones, dans certains cas, quand il n’y a aucun signe de tumeur ou de pré-cancer.
On pourra bientôt compenser les effets secondaires des hormones, et on le peut déjà si le traitement est bien conduit. Il n’existe pas de traitement standard pour tous, et même, pour une personne déterminée, il n’y a pas de dosage établi une fois pour toutes; il faudra le modifier en fonction de ses réactions, et en considérant riicore les autres organes qui subissent aussi leur usure.
Dans la mesure donc où il n’y a pas de contre-indica- lion organique, dans la mesure où le terrain psychologique le demande, peut le supporter, certaines personnes sont satisfaites de prendre des hormones pour se main- tenir en bonne santé esthétique. D’autres préfèrent « laisser faire la bonne nature », mais ces dernières se privent peut-être des progrès de la médecine moderne.
Toutefois, à supposer qu’on ne suive pas de traitement hormonal, on peut, malgré la ménopause, rester .igréable à voir et en forme, pourvu que l’on ait un contrôle sur le plan nutritionnel, et notamment qu’on observe une alimentation hyperprotéinée.
Décider quand il faut « arrêter »
La pilule est un système hormonal qu’on introduit dans un système hormonal. ¡1 faut adapter les traitements à ce phénomène supplémentaire.
Si tout se passe normalement avec la pilule, si l’on se sent bien, si l’on a des règles qui paraissent normales, si l’on se sent jeune et fraîche, il faut s’efforcer de le demeurer, sans limite d’âge. L’âge réel, je n’y crois pas. Je crois seulement à l’âge des artères, des hormones et des glandes, mais surtout à l’âge du cœur et de la tête… et plus encore à l’âge du cerveau pensant et réagissant.
Je soigne actuellement une femme de cinquante- quatre ans qui a, sans pilule, des règles tout à fait normales. Elle est physiquement très jeune, elle ne paraît vraiment pas, sur le plan hormonal, glandulaire, circulatoire, son âge; elle a, physiologiquement, celui qu’elle assume. Je vois aussi des femmes qui, à quarante ans, sont déjà très ridées, malades, ménopausées, de la même façon qu’il y a des pubertés très précoces ou très tardives. Il n’y a pas de raison de fixer arbitrairement une date à partir de laquelle on considère qu’on est jeune ou vieux. Tout est dans la tête si l’on peut dire.
Le problème est de savoir si la pilule est nocive ou non pour l’organisme. Si oui, moins longtemps on la prend, mieux cela vaut. Si l’on détermine médicalement et scientifiquement qu’elle est inoffensive, et c’est le cas lorsqu’elle est bien adaptée et bien supportée, il n’y a pas de raison de condamner à une durée de trois, cinq ou quinze ans sa prise, à condition de respecter les périodes de sevrage et les précautions élémentaires connues par tous les médecins.
On n’a donc aucune raison de décider un arrêt de pilule pour une patiente qui la prend sans problèmes; aucune raison de déterminer à quel moment elle va être sevrée des hormones bénéfiques que le traitement lui apporte à la ménopause, si tout va bien.