La foule a meilleure mine
Cette prolifération des vieux, cette banalisation des cheveux gris et blancs (cachés ou non) ne sont pas près de s’atténuer. Un exemple : selon les toutes dernières statistiques de la démographie européenne, il est prévu qu’en 2060, sur les 71,8 millions de Français, 10,8 millions seront âgés de plus de 80 ans et 25,8 millions de plus de 65 ans . Un tiers de la population française dépassant largement, dans cinquante ans, l’âge de la retraite, le chiffre peut faire frémir ; il incite en tout cas à s’interroger sur les conséquences sociales de ce déferlement.
La situation démographique sera encore plus préoccupante dans un pays comme la Chine, où la natalité a été volontairement limitée à un enfant par femme depuis l’avènement du communisme.
Dans trente ans, chaque jeune adulte chinois pourrait avoir six « vieux », affectivement et souvent matériellement, à charge !
Mis à part les problèmes économiques et politiques posés par cette « gérontisation » croissante des sociétés développées – ils n’entrent pas dans le cadre de ce livre -, il faut reconnaître que ce vieillissement de masse pèserait forcément très lourd sur l’apparence de nos contemporains si, dans le même temps, les individus n’étaient encouragés à demeurer le plus longtemps possible en forme et plaisants à regarder.
Les joggeurs courent aujourd’hui pour entretenir la vigueur de leurs jeunes corps, mais ils investissent surtout pour leur très long avenir, dont ils ont de plus en plus conscience. En regardant vieillir les aînés qui les entourent, ils constatent la différence entre les négligents et les acharnés et souhaitent éviter autant que possible les dégradations liées à une mauvaise hygiène de vie.
Vieillir «jeune » est irréalisable, mais « vieillir» en bon état de marche mérite quelques efforts. Il n’est pas certain qu’on puisse réussir la performance jusqu’au bout – les accidents de la vie sont imprévisibles -, mais l’enjeu vaut les sacrifices qu’un tel programme implique.