La fin d'un certain "bling-bling"
La deuxième hypothèse va tout à fait à l’encontre de la première. La réduction, prévisible pour cause de crise, du niveau de vie de la « classe moyenne supérieure » et la remise en cause d’une société de consommation débridée pourraient entraîner le phénomène inverse : la fin de l’exhibition d’une certaine sophistication luxueuse, dont l’esthétique médicalisée est une des manifestations.
Jusqu’à présent, les quinquas « bling-bling » sont mieux conservés que l’ensemble de leur génération pour une raison très simple : leur compte en banque ! Mais les soubresauts du monde financier risquent de faire fondre le pouvoir d’achat de beaucoup. Évidemment, tous les nantis ne seront pas ruinés, loin de là, mais le nombre de gens qui auront les moyens de se faire relooker par la médecine risque de diminuer. En effet, les pratiques esthétiques appartiennent à la catégorie du superflu, elles peuvent donc subir de plein fouet, comme beaucoup d’autres secteurs du luxe, les effets de la crise actuelle.
Qui plus est, en période de récession, les signes extérieurs de richesse sont mal vus… et rien ne se voit davantage que le visage de quelqu’un ! Comme on s’abstiendra de porter des bijoux trop ostentatoires, ou qu’on renoncera à endosser des vêtements trop luxueux, on hésitera peut-être davantage, dans les prochaines années, à renouveler tous les six ou huit mois une séance de Botox à plusieurs centaines d’euros, ou à exhiber un lifting de plusieurs milliers d’euros.
C’est en tout cas le conseil qu’on peut désormais donner aux hommes et aux femmes politiques. A voir, il y a peu, l’une de ces dernières – fort connue – à la télévision, j’ai dû faire un sérieux effort pour me rappeler qu’elle était engagée dans la vie politique depuis… trente ans ! J’ai le regret de dire – car elle m’est plutôt sympathique – que, dans le contexte actuel, l’opération (sans jeu de mots !) paraissait plutôt contre-productive. Essayez d’avoir l’air profondément concernée par les difficultés qui assaillent les banlieues avec un visage impavide pour cause de Botox ! Et difficile, dans son cas, de convaincre de sa longue expérience politique avec un minois qui affiche une petite quarantaine, factice certes, mais joliment imitée !