La détection du ganglion sentinelle
Parmi les autres outils utiles dans la détection de la radioactivité, nous ne citerons que les sondes per-opératoires. Celles-ci permettent de localiser ponctuellement une concentration en substance radioactive préalablement injectée au patient et qui a la propriété de s’accumuler spécifiquement dans la zone ciblée. L’appareil, de la taille d’un gros crayon, permettra au chirurgien de trouver facilement une zone de forte concentration à l’aide de ce détecteur. Dans ce type chirurgie, la radioactivité joue le rôle d’un marqueur équivalent à un colorant dont la détection ne peut se faire qu’avec un outil approprié.
Deux types de sondes sont disponibles: les détecteurs à scintillation formés d’un cristal à scintillation (iodure de sodium activé au thallium) couplé à un photomultiplicateur et les sondes à semi-conducteurs (cadmium-tellure) associé à un préamplificateur. Ces sondes sont utilisées pour la détection et la mesure de concentrations de radioactivité dans les tumeurs (cancers colorectaux cancers du sein, cancer des ovaires, mélanomes) et la détection d« ganglions sentinelles (mélanomes, sein).
Le mécanisme de dissémination des métastases profite du réseau établi par le système lymphatique. Les cellules tumorales libérées par la tumeur primaire sont initialement détruites par les macrophages présents dans les ganglions lymphatiques. Le parcours suivi par ces cellules est identique pendant toute la période de croissance de la tumeur primaire. La première métastase s’installera dans le premier ganglion se trouvant sur ce trajet, dès lors que les macrophages contenus dans ce ganglion ne seront plus capables de détruire les cellules colonisatrices. Ce ganglion est appelé sentinelle.
L’identification et la localisation exacte du ganglion sentinelle prennent toute leur importance, car l’absence de cellules cancéreuses dans ce seul tissu permettra de confirmer que le cancer ne s’est pas étendu au-delà de la tumeur primaire. Le mécanisme île propagation des métastases étant connu depuis plusieurs décennies, il a fallu très rapidement envisager la suppression de façon chirurgicale d’une partie du système lymphatique au départ de la tumeur (lymphadénectomie). Dans le cas du cancer du sein, il touche en général le système lymphatique irriguant le bras du même côté que le sein atteint. Cette ablation chirurgicale est pratiquée systématiquement depuis lors et permet effectivement d’éviter beaucoup de récidives. Cette technique a malheureusement l’inconvénient de présenter de nombreux effets secondaires et une morbidité élevée. Les chirurgiens ont donc envisagé de substituer à la lymphadénectomie une excision limitée de la tumeur primaire ainsi que tin ganglion sentinelle.
Les premières techniques de détection ont consisté à injecter autour de la tumeur primaire, un colorant, en l’occurrence du bleu de méthylène, qui, en diffusant, emprunte en quelques minutes les mêmes voies que les cellules libérées par cette tumeur. Le chirurgien n’aura plus qu’à prélever la zone la plus colorée qu’il détectera lors de l’opération. La technique est limitée par la diffusion trop rapide des particules du fait de leur taille trop faible et à la non-visibilité des ganglions localisés en profondeur.
La radioactivité est venue récemment au secours des chirurgiens.
En remplaçant le colorant par des particules neutres, de la taille des cellules circulantes, et marquées avec un radio-isotope à courte vie, il est possible non seulement de suivre à la trace la diffusion des cellules tumorales, mais aussi de repérer en profondeur le ganglion sentinelle.
Dans la pratique, le médecin nucléaire injecte à plusieurs endroits autour de la tumeur de la patiente à l’aide d’une seringue une suspension de nanoparticules (particules de la taille de quelques millionièmes de millimètres) marquées avec du Technétium 99m (période 6 heures). Après un quart d’heure d’attente, ces particules (liront diffusé et auront commencé à s’accumuler dans le ganglion sentinelle. A l’aide de la sonde spécialement adaptée à cette technique, il est possible de détecter la zone où cette radioactivité s’est accumulée et compte tenu de la valeur mesurée, le médecin peut nu me estimer la profondeur du ganglion, donc faire un repérage.
L’ablation chirurgicale successivement de la tumeur et du ganglion sentinelle peut se faire le lendemain, après décroissance de la radioactivité.
Une analyse histo-pathologique du ganglion sentinelle permettra de déterminer le niveau de formation d’une métastase. Un résultat négatif est synonyme de cancer non disséminé. Un résultat positif doit orienter vers des examens complémentaires et un suivi régulier qui permettront de décider si une thérapie plus lourde est nécessaire.
La technique a démontré une efficacité équivalente pour le traitement des mélanomes qui ont la particularité de former leurs premières métastases à des sites distants de plusieurs dizaines de centimètres de la tumeur initiale.
Vidéo : La détection du ganglion sentinelle
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La détection du ganglion sentinelle
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